La Nation Bénin...
Retenu
parmi la soixantaine d’arbitres présents à la Coupe d’Afrique des Nations 2023,
l’arbitre international béninois Louis Djindo Houngnandandé a fait son baptême
du feu à une phase finale de la Can en officiant le Match Zambie-Tanzanie. Dans
cette interview, il parle de son rêve et des différentes décisions qu’il a
prises lors de cette première sortie.
Vous êtes le seul juge central béninois à cette compétition. Quels sont
vos sentiments à l’issue de la phase de poules de cette Coupe d’Afrique des
Nations ?
Ce
ne sont que des sentiments de joie et d'action de grâce à l'endroit de Dieu qui
a permis que je sois retenu parmi cet effectif d’arbitres talentueux de la
Confédération africaine de Football pour officier lors de cette compétition.
Quels sont vos défis personnels depuis que vous avez bénéficié de cette
confiance ?
J’avais
comme défi personnel de donner un nouveau nom à l'arbitrage béninois. Parce que
vous n'êtes pas sans savoir que depuis le départ de notre doyen Bonaventure
Koffi Codjia qui a officié sa dernière Can il y a 14 ans, le Bénin n’a plus eu
d'arbitres à ce haut niveau du football continental. Donc, pour moi, il s’agit
personnellement de tout faire pour porter haut l’étendard de l’arbitrage
béninois à cette compétition.
Vous avez officié votre premier match de Coupe d’Afrique des Nations.
Comment avez-vous vécu cette expérience ?
Nous
avons fait notre baptême du feu à la Can (rires) lors du match Tanzanie-Zambie. J’avoue que c’était un match
important pour moi d’abord en tant que Béninois, 14 ans après mon aîné de
diriger une première rencontre à la Can.
C'est beaucoup de stress et de pression mais il fallait surpasser tout
ceci pour y arriver. J’avais à cœur de tout faire pour plaire au public sportif
africain, plaire aux patrons et tous les fans du football. Face à toutes ces
contingences, on a pu faire le nécessaire pour tirer notre épingle du jeu.
Vous avez marqué particulièrement l’équipe zambienne en sortant l’un des
quatre cartons rouges du premier tour. D’où avez-vous tenu cette audace ?
Je
sais que les Zambiens n’ont pas aimé cette décision mais il faut comprendre
qu'aucun arbitre ne peut expulser un joueur de son propre gré. Dites-vous que
quand un défenseur, de surcroît un capitaine qui avait déjà un carton jaune,
commet une faute avec excès d'engagement, il mérite un second carton jaune, il
faut le sanctionner. De toutes les façons, nous avons pris nos responsabilités
de façon collégiale en communiquant avec nos assistants et le quatrième
arbrite.
Nous vous avons vu prendre une autre décision difficile sur le coup
franc accordé puis annulé après le recours à la Var. Qu’est-ce qui s’est passé
?
Sur
cette action nous avons joué avec la Var. Comme vous le savez, la Var est un
outil qui vient compléter ce que nous faisons comme arbitre sur le terrain. Et
lorsqu’en tant qu'arbitre, vous prenez une décision en une fraction de seconde
sur le terrain, après une première perception, une première vue, la Var peut
vous permettre de revenir voir l'action et revoir votre première décision.
C'est vrai que j'ai sifflé un coup franc parce que selon moi il y avait une
faute à la lisière de la surface de réparation. Donc, j’ai sifflé un coup
franc. Ayant bien vu l’action, le collègue à la Var l’a signalé. Il est apparu
que lors de la chute du joueur à l'intérieur de la surface de réparation, il a
été bousculé légèrement et il est tombé. Comme il ne revient pas à ce collègue
en tant que Var d'apprécier ce contact à ma place, il est obligé de m'appeler
pour venir voir ce contact, est-ce que ce contact est suffisant pour accorder
un penalty ? Si oui, tu l'accordes, sinon, tu t'abstiens. Et c'est ce que moi
j'ai fait. J'ai vu le contact et j'ai dit non le joueur était déjà déséquilibré
avant que le contact n'ait lieu. Donc, c'est ce léger contact, suite à son
déséquilibre qui l'a fait tomber, ce n’est pas suffisant pour accorder un
penalty. Donc, selon le protocole, vous revenez et vous partez de cette
dernière décision qui vous a amené à la Var. Donc il fallait annuler tout ce
qui avait été fait.
Vous venez de franchir un cap. Pensez-vous que vous serez à la hauteur
pour la suite du tournoi ?
Bien
sûr. Quand on vient de loin, on fait les choses dans les règles de l’art. Je pense que nous avons travaillé pour être
là et nous devons poursuivre dans ce sens pour mériter la confiance placée en
nous. On va continuer par travailler parce que après la Can, il y a la coupe du
monde et d’autres compétitions et il faut faire de bonnes prestations pour y
être. Nous sommes des soldats prêts à
aller au front. C'est aux patrons, c'est à nos dirigeants de savoir que tel est
capable d'être retenu et il ne faut pas oublier aussi qu'on tient compte des
équipes qui sont qualifiées pour le second tour pour retenir les arbitres.
Un mot à l’endroit du public sportif béninois
Je
ne peux que remercier le public sportif béninois qui nous a soutenu jusqu’à ce
niveau de la compétition. Je suis heureux de leur accompagnement. Tout ceci
nous amène à bien faire le travail pour porter haut l’étendard de notre pays.