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Interview avec Louis Djindo Houngnandandé, arbitre international: « J’avais comme défi de donner un nouveau nom à l’arbitrage béninois »

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Louis Djindo Houngnandandé, arbitre international Louis Djindo Houngnandandé, arbitre international

Retenu parmi la soixantaine d’arbitres présents à la Coupe d’Afrique des Nations 2023, l’arbitre international béninois Louis Djindo Houngnandandé a fait son baptême du feu à une phase finale de la Can en officiant le Match Zambie-Tanzanie. Dans cette interview, il parle de son rêve et des différentes décisions qu’il a prises lors de cette première sortie. 

Par   Christian HOUNONGBE, le 01 févr. 2024 à 02h25 Durée 4 min.
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Vous êtes le seul juge central béninois à cette compétition. Quels sont vos sentiments à l’issue de la phase de poules de cette Coupe d’Afrique des Nations ? 

Ce ne sont que des sentiments de joie et d'action de grâce à l'endroit de Dieu qui a permis que je sois retenu parmi cet effectif d’arbitres talentueux de la Confédération africaine de Football pour officier lors de cette compétition.

Quels sont vos défis personnels depuis que vous avez bénéficié de cette confiance ?

J’avais comme défi personnel de donner un nouveau nom à l'arbitrage béninois. Parce que vous n'êtes pas sans savoir que depuis le départ de notre doyen Bonaventure Koffi Codjia qui a officié sa dernière Can il y a 14 ans, le Bénin n’a plus eu d'arbitres à ce haut niveau du football continental. Donc, pour moi, il s’agit personnellement de tout faire pour porter haut l’étendard de l’arbitrage béninois à cette compétition. 

Vous avez officié votre premier match de Coupe d’Afrique des Nations. Comment avez-vous vécu cette expérience ?

Nous avons fait notre baptême du feu à la Can (rires) lors du match  Tanzanie-Zambie. J’avoue que c’était un match important pour moi d’abord en tant que Béninois, 14 ans après mon aîné de diriger une première rencontre à la Can.  C'est beaucoup de stress et de pression mais il fallait surpasser tout ceci pour y arriver. J’avais à cœur de tout faire pour plaire au public sportif africain, plaire aux patrons et tous les fans du football. Face à toutes ces contingences, on a pu faire le nécessaire pour tirer notre épingle du jeu.

Vous avez marqué particulièrement l’équipe zambienne en sortant l’un des quatre cartons rouges du premier tour. D’où avez-vous tenu cette audace ? 

Je sais que les Zambiens n’ont pas aimé cette décision mais il faut comprendre qu'aucun arbitre ne peut expulser un joueur de son propre gré. Dites-vous que quand un défenseur, de surcroît un capitaine qui avait déjà un carton jaune, commet une faute avec excès d'engagement, il mérite un second carton jaune, il faut le sanctionner. De toutes les façons, nous avons pris nos responsabilités de façon collégiale en communiquant avec nos assistants et le quatrième arbrite. 

Nous vous avons vu prendre une autre décision difficile sur le coup franc accordé puis annulé après le recours à la Var. Qu’est-ce qui s’est passé ?

Sur cette action nous avons joué avec la Var. Comme vous le savez, la Var est un outil qui vient compléter ce que nous faisons comme arbitre sur le terrain. Et lorsqu’en tant qu'arbitre, vous prenez une décision en une fraction de seconde sur le terrain, après une première perception, une première vue, la Var peut vous permettre de revenir voir l'action et revoir votre première décision. C'est vrai que j'ai sifflé un coup franc parce que selon moi il y avait une faute à la lisière de la surface de réparation. Donc, j’ai sifflé un coup franc. Ayant bien vu l’action, le collègue à la Var l’a signalé. Il est apparu que lors de la chute du joueur à l'intérieur de la surface de réparation, il a été bousculé légèrement et il est tombé. Comme il ne revient pas à ce collègue en tant que Var d'apprécier ce contact à ma place, il est obligé de m'appeler pour venir voir ce contact, est-ce que ce contact est suffisant pour accorder un penalty ? Si oui, tu l'accordes, sinon, tu t'abstiens. Et c'est ce que moi j'ai fait. J'ai vu le contact et j'ai dit non le joueur était déjà déséquilibré avant que le contact n'ait lieu. Donc, c'est ce léger contact, suite à son déséquilibre qui l'a fait tomber, ce n’est pas suffisant pour accorder un penalty. Donc, selon le protocole, vous revenez et vous partez de cette dernière décision qui vous a amené à la Var. Donc il fallait annuler tout ce qui avait été fait.

Vous venez de franchir un cap. Pensez-vous que vous serez à la hauteur pour la suite du tournoi ?

Bien sûr. Quand on vient de loin, on fait les choses dans les règles de l’art.  Je pense que nous avons travaillé pour être là et nous devons poursuivre dans ce sens pour mériter la confiance placée en nous. On va continuer par travailler parce que après la Can, il y a la coupe du monde et d’autres compétitions et il faut faire de bonnes prestations pour y être.  Nous sommes des soldats prêts à aller au front. C'est aux patrons, c'est à nos dirigeants de savoir que tel est capable d'être retenu et il ne faut pas oublier aussi qu'on tient compte des équipes qui sont qualifiées pour le second tour pour retenir les arbitres.

Un mot à l’endroit du public sportif béninois

Je ne peux que remercier le public sportif béninois qui nous a soutenu jusqu’à ce niveau de la compétition. Je suis heureux de leur accompagnement. Tout ceci nous amène à bien faire le travail pour porter haut l’étendard de notre pays.