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30e Congrès de la Conférence internationale des barreaux (CIB) à Cotonou: Sous le signe des alternances politiques et de l’attractivité économique

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Par   LANATION, le 03 déc. 2015 à 05h18

30e Congrès de la Conférence internationale des barreaux (CIB) à Cotonou: Sous le signe des alternances politiques et de l’attractivité économique

C’est un grand honneur pour le Barreau du Bénin, d’accueillir le 30e Congrès de la Conférence internationale des Barreaux (CIB). Depuis mercredi 2 décembre, et ce jusqu’à samedi prochain, des délégués venus de partout le monde, se penchent sur les questions touchant à l’exercice de leur métier. Et, pour coller à l’actualité dans la sous-région ouest-africaine, le thème central du congrès est fort parlant : «Alternances politiques et attractivité économique».

Parade des drapeaux et exécution des hymnes nationaux de la République démocratique du Congo (RDC) et du Bénin, le premier parce qu’ayant la délégation la plus fournie après le pays hôte des assises. Sommités d’ici et d’ailleurs autour du Bâtonnier de l’Ordre des avocats du Bénin, Cyrille Y. Djikui, pour procéder à l’ouverture solennelle de cette rencontre majeure que le Bénin a l’honneur d’abriter. Et c’est au président du Comité d’organisation, Me Claret Bèdiè, de préciser que c’est pour marquer d’un pierre blanche la célébration du cinquantenaire du Barreau du Bénin, que l’idée d’abriter le congrès de la CIB a pris corps, pour faire vivre au Bénin un grand moment de la vie de la Conférence, le précédent tenu sur place remontant à 23 ans déjà.

Ensuite, le Bâtonnier Cyrille Djikui dont l’ambition se concrétise ainsi, manifeste sa joie d’accueillir ce beau monde à Cotonou et exprime la compassion des avocats francophones aux victimes des attentats terroristes ici et là dans le monde. Il témoigne sa gratitude et sa reconnaissance au chef de l’Etat, le président Boni Yayi, qui a encouragé et accompagné le Conseil de l’Ordre et son Bâtonnier pour la bonne tenue des présentes assises, et à tous les invités. Se réjouissant particulièrement de la distinction du Barreau de Tunisie par le prix Nobel de la Paix, du rôle du Barreau du Burkina Faso dans le dénouement heureux de la crise qu’a connue ce pays, Cyrille Djikui souligne le rôle éminent que peuvent jouer les avocats, malgré les péripéties qu’ils doivent parfois affronter. C’est alors qu’il rappelle que le Bénin a abrité cette Conférence en 1992, alors que se traçaient les sillons de l’espérance démocratique. Aujourd’hui, relève-t-il, le monde connaît une crise protéiforme (politique, économique, écologique, technologique…), une crise d’identité et de pouvoir, qui génère des attentats contre la liberté. La rencontre se tient à un moment où la profession d’avocat est sous les feux de la rampe, en bien ou en mal, dit-il en substance avant de dénoncer les déviances de certains acteurs de la profession. Mais c’est d’une âme sereine que le congrès réfléchira au thème central retenu, rassure Cyrille Djikui. Un thème justifié par les 10 élections présidentielles au moins prévues entre 2014 et 2017 dans la sous-région, alors que le Bénin lui-même est en proie à une fièvre électorale de plus en plus perceptible. Ce thème, poursuit le Bâtonnier, interroge l’avocat sur la place et le rôle qu’il entend tenir et jouer… pour l’avènement et la promotion d’une justice de qualité au service des hommes, de tous les hommes…

Importance des alternances politiques

Pour le président en exercice de la CIB, le Bâtonnier du Sénégal, Me Ahmeth Ba, qui salue l’engagement de tous aux idéaux de la CIB, le Bénin a relevé le défi de l’organisation. Saluant l’inspiration du choix du thème des présentes assises, il dit percevoir la continuité de propositions et d’actions de la CIB, pour trouver des solutions aux interrogations des avocats, quant au devenir de la défense de l’Etat de droit et de la justice en général. Toutes choses qui facilitent une attractivité économique attenante à l’Etat de droit. Car, retient-il, l’instabilité dans certains pays a induit une régression des investissements. Stigmatisant les affres du terrorisme, Ahmeth Ba constate que l’Afrique n’est pas épargnée, ce qui en rajoute au désarroi de ses Etats déjà confrontés à de grands défis. Oui, les conséquences désastreuses du terrorisme désorganisent le secteur économique et, dans ce cas, il ne faut pas entrevoir la croissance économique même lorsque survient l’alternance politique, martèle le président de la CIB. Pour aussitôt interpeller les barreaux et les avocats dans leur ensemble, à davantage assumer leur ministère, de même qu’à œuvrer à l’émergence d’une nouvelle base de coopération entre les barreaux du Sud et ceux du Nord, et à repenser les orientations de la CIB, en la dotant d’un projet plus fédérateur et plus ambitieux… Me Ahmeth Ba ne se prive pas de dénoncer la concurrence déloyale de certains corps de métier, l’insuffisance de protection des avocats… pour en appeler à un environnement plus favorable des affaires où les avocats tiennent compte des mutations du monde modernes pour ne plus se confiner dans leurs missions originelles.
Quant à Michel Carrière, représentant du secrétaire général de l’Organisation internationale de la Francophonie (OIF), il salue l’œuvre de la CIB, qui vise à favoriser la promotion de l’Etat de droit, avant de lui garantir le soutien de l’OIF. A son tour, il dénonce le terrorisme sauvage qui sévit et promet la solidarité de la Francophonie. Elle qui connaît et apprécie l’action des avocats dans le sens de la promotion des droits de la défense, des droits de l’Homme, au service de la démocratie…, laisse-t-il entendre. Convaincu que le thème central du congrès est pertinent, il relève que le Bénin avait déjà montré la voie de la démocratie au début des années 90. Mais les déstabilisations politiques et économiques nuisent à l’attractivité économique des pays, souligne-t-il, persuadé que ces assises offriront une occasion d’échanges fructueux, tant la francophonie politique sait pouvoir compter sur la CIB et son idéal de liberté et d’Etat de droit.

Satisfaction du Bénin

C’est alors que Evelyne da Silva Ahouanto, Garde des Sceaux, au nom du président de la République, exprime la satisfaction du Bénin pour le choix porté sur lui en vue d’abriter les travaux de la CIB. Dont le thème central, à son avis, n’est en définitive qu’une invite au respect de l’Etat de droit. D’où des défis permanents à relever, notamment sur les questions d’alternance. Au Bénin en tout cas, où les institutions sont régulièrement renouvelées et le seront encore conformément à la tendance des autorités actuelles, où le climat des affaires est en amélioration constante, l’attractivité économique est manifeste, plaide la ministre. Qui soutient que la promotion de l’alternance est un aspect du respect du droit, que son refus est source de conflits divers. Notamment parce que le secteur privé ne peut investir dans un environnement instable. Les avocats et leurs barreaux devraient jouer un rôle dans le sens du maintien d’un climat politique apaisé, avance-t-elle non sans exhorter à prendre garde à la corruption?