La Nation Bénin...
Un
scénario pour le moins inattendu s’est produit, ce mardi 28 janvier à la Cour
de répression des infractions économiques et du terrorisme (Criet), au 4e jour
du procès ‘’Complot contre la sûreté de l’Etat’’ où témoins et prévenus sont
passés à la barre.
La Cour ! L’audience est reprise. Appelés à la barre, ce mardi 28 janvier, les prévenus Olivier Boko, Oswald Homéky et compagnie poursuivis dans l’affaire ‘’Complot contre la sûreté de l’Etat’’ se sont présentés, une fois de plus, sans leurs conseils. A l’audience du jeudi dernier, la Cour avait accordé aux prévenus un délai de 5 jours pour ce fait, faisant suite à la déconstitution de leurs conseils et au recours infructueux au bâtonnier pour la commission d’office d’avocats, étant entendu qu’il s’agit d’une session criminelle. Réalisant l’absence d’avocats de la défense à l’expiration du délai accordé aux prévenus par la Cour, le ministère public, représenté par le procureur spécial, Mario Mètonou, a déclaré « qu’il s'agit d’une stratégie délibérée et bien planifiée des prévenus et de leurs avocats de la défense », visant à ne pas faire évoluer la situation. Selon Mario Mètonou, la Cour se trouve donc face à un blocage et doit concilier deux principes inconciliables pour la poursuite des débats. Le premier est le droit à la défense des prévenus, garanti par l'article 321 du code de procédure pénale, qui stipule : « à l'audience, le prévenu a droit à la défense dans un procès pénal» et le second : la poursuite des débats qui ne peuvent pas être interrompus jusqu’au jugement des prévenus. Car, relève-t-il, selon les dispositions de l'article 312 du code de procédure pénale, « l'absence de l'avocat au cours du procès ne saurait constituer une nullité ». Dans un tel contexte, le ministère public invite la Cour à opter pour la poursuite des débats. Il faut noter que les prévenus ont avancé diverses raisons justifiant le statu quo à leur niveau en ce qui concerne la constitution de leurs conseils. Olivier Boko fait savoir qu’il a contacté ses avocats, les mêmes à se déconstituer lors de l’audience du mardi 21 janvier, en raison du délai court accordé par la Cour pour aller à la recherche de nouveaux avocats, mais qu’il n’avait pas pu échanger avec ces derniers, parce qu’ils seraient bloqués par l’administration pénitentiaire. L’ancien ministre Oswald Homéky a quant à lui exposé avoir pris contact avec Me Baba Body et un autre avocat à l’étranger, et qu’il n’a pas eu également l’occasion de discuter avec ces derniers, jusqu’au jour de l’audience, car sans nouvelle auprès de l’administration pénitentiaire. La Cour, dans un jugement avant dire droit, a décidé de poursuivre les débats sans la présence des avocats pour défendre les prévus.
Place
aux débats
Le commissaire de deuxième classe Victorien Nounagnon, chef de l'antenne sud de la Brigade criminelle, est appelé à présenter les résultats de son enquête. Il rappelle les faits et les circonstances de l’arrestation des sieurs Olivier Boko et Oswald Homéky, suite à une alerte d’une source anonyme sur des actes préparatoires en vue du renversement de l’ordre constitutionnel. Soulignant l’arrestation du colonel Tévoèdjrè et de l’ancien ministre Homéky, au domicile de ce dernier, il indique qu’au cours de son interrogatoire sur la provenance et la destination des 1,5 milliard découvert dans un véhicule de marque Prado, Homéky aurait révélé qu’il entreprenait d’investir dans un projet de distribution de boissons et de produits alimentaires dans les pays de la sous-région. Et en ce qui concerne le véhicule Prado, acquis 72 heures avant son interpellation, qu’il s’agissait d’un véhicule de retour de leasing dont l’immatriculation a été enlevé en vue de sa ré-immatriculation. A sa suite, le Colonel Dieudonné Tévoèdjrè, commandant de la Garde républicaine, patron de la sécurité du chef de l’Etat, évoque ses rapports avec l’ancien ministre Oswald Homéky. “On s’est connu depuis qu’il était au gouvernement. On est particulièrement très proches. Nous habitions le même quartier, sa maison est à deux minutes de la mienne. Mais le 30 mai 2024 soir, à son domicile, la conversation était autour du chef de l’Etat, mon patron, qu’il dénigrait, comme pour me révolter. Ensuite sur ma personne. Mes conditions matérielles qu’il trouvait dérisoires. Il est allé jusqu’à dire que j’étais le commandant de garde le plus pauvre de la planète”, a rapporté le Colonel. Il ajoutera que les échanges du 30 juin iront dans le même sens avec un don de 5 millions de la part de l’ancien ministre, qui lui présentera également l’opportunité d’un compte Nsia à ouvrir en Côte d’Ivoire, qui lui assurerait un meilleur rythme de vie après la fonction. Quant à l’alimentation du compte, il lui aurait assuré que le grand frère s’en chargera, entendu Olivier Boko.
Le 30 juillet et pour la première fois, l’ancien ministre Homéky aurait évoqué avec lui la question du coup d’Etat soutenant que le chef de l’Etat n’avait pas l’intention de quitter le pouvoir. Selon le Colonel, ça devrait être un coup à la Bazoum comme au Niger. On l'isole, on l'empêche d'exercer le pouvoir et on exige sa démission. “Homéky aurait dit que le chef de l'Etat était très fusionnel avec sa famille et que s'il était isolé, il allait signer facilement la démission. Olivier Boko ne m'a jamais contacté par rapport au coup d'État. Homéky était son interlocuteur", a-t-il ajouté. Oswald Homéky et Olivier Boko ont refusé de déposer devant la Cour sans la présence de leurs conseils.