La Nation Bénin...
Le
tribunal de première instance de deuxième classe de Natitingou a rendu sa
décision dans l’affaire de bastonnade d’un citoyen pour non-port de casque.
C'était ce lundi 15 avril, après la présentation des prévenus au parquet.
L’auteur de la vidéo devenue virale sur les réseaux sociaux écope d’un mandat
de dépôt, de même que quatre policiers qui ont bastonné le citoyen sans casque
lors de son interpellation.
Les
policiers filmés en train de bastonner un citoyen à Natitingou pour non-port de
casque et les autres prévenus ont été présentés au procureur de la République
près le tribunal de première instance de deuxième classe de Natitingou. Ce
lundi 15 avril, toutes les parties impliquées dans cette affaire devenue virale
sur la toile, ont été fixées sur leur sort. Au terme de leur présentation au
parquet, un mandat de dépôt a été décerné contre quatre des policiers impliqués
dans la bastonnade ainsi que contre Moïse Badjagou, l’auteur de la vidéo. Quant
à Noussi N’Dah, le citoyen bastonné et interpellé avec son camarade pour
n’avoir pas porté de casque, ils ont été libérés mais mis sous convocation pour
se présenter le 15 mai 2024.
Il
a fallu plusieurs heures d’attente pour que le tribunal délibère. Des heures au
cours desquelles, les populations, en furie, réclamaient la libération de
l’auteur de la vidéo et de la victime de la brimade policière. Cette
manifestation a conduit certains citoyens à barricader la voie inter-Etats,
empêchant la circulation dans les deux sens au niveau du tribunal. Dans une
démarche pour apaiser la foule, Okoti Tcha-Dietti, chef suprême des cultes
Otamari et une délégation de sages ont échangé avec les manifestants. Taté
Ouindéyama, maire de la commune de Natitingou, a également tenté à plusieurs
reprises de convaincre sa population à garder le calme pour laisser la justice
faire son travail. En dépit de ces sensibilisations, les manifestants n’ont pas
voulu replier. Mais c’est sans compter avec l’intervention des forces de
sécurité. Les policiers ont pu libérer la voie à coup de gaz lacrymogène pour
dissuader les manifestants. Ces derniers s'adonnaient à des jets de pierres
pour s’opposer à l’intervention policière. Par ailleurs, il y a eu plusieurs
individus interpellés et des motos de présumés manifestants saisies. Le
tribunal va se prononcer sur leur cas ce jour.
Les faits
Selon
les faits racontés par les prévenus, le nommé Noussi N’Dah a été aperçu à
trente mètres sans casque. Les éléments de l’unité de la Police des services de
secours et d’intervention (Psi) l’ont interpellé. Alors que ces éléments
voulaient emporter sa moto, il s’est opposé farouchement. Une altercation entre
les deux parties s’est soldée par des coups de poings. Les policiers ont dû
faire appel au renfort face aux caprices de N’Dah. Quatre policiers venus en
renfort ont réussi à le maitriser après avoir déployé tant d’énergie. Pour sa
défense, le motocycliste interpelé argue que l’opération de contrôle de port de
casque se déroule sur le goudron et non dans les Vons.
Moïse
Badjagou, menuisier de formation, revenant d’un chantier de son patron, s’est
arrêté pour filmer la scène. Il dit l’avoir fait dans l’intention de
sensibiliser ses enfants à la nécessité de porter le casque à moto. Son patron
à qui il aurait montré la vidéo a souhaité qu’il la lui transfère. N’ayant pas
de forfait internet, le patron le lui a activé pour faciliter le transfert. La
vidéo s’est ainsi retrouvée dans un forum WhatsApp et sur la toile. Après les
vérifications, celui qui a filmé la vidéo a été retrouvé par les policiers,
mais celui qui l’a diffusée sur les réseaux sociaux est devenu introuvable.