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Affaire Steeve Amoussou présumé Frère Hounvi: Renvoi de l’audience après de vifs échanges à la Criet

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Des débats houleux ont eu lieu à la énième audience dans l’Affaire Steeve Amoussou présumé Frère Hounvi, le chroniqueur, ce lundi 10 mars, à la Cour de répression des infractions économiques et du terrorisme (Criet).

Par   Arnaud DOUMANHOUN, le 11 mars 2025 à 06h39 Durée 3 min.
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Plusieurs dossiers sont inscrits au rôle, ce lundi 10 mars, à la Criet dont celui attendu de Steeve Amoussou, présumé Frère Hounvi, le chroniqueur, arrêté à Lomé et conduit manu militari à Cotonou. Les échanges n’ont duré qu’une heure avant le renvoi du procès au 7 avril prochain. A l’ouverture de l’audience, le président de céans demande à la défense le verdict de la Cour constitutionnelle quant aux exceptions qu’elle a soulevées devant la Haute juridiction et le commentaire qu’elle en fait. Me Aboubacar Baparapé répond qu’aucune des requêtes n’a prospéré et que les décisions de la Cour sont sans recours même si l’on n’est pas d’accord. Alors, le juge annonce la phase des réquisitions du ministère public et des plaidoiries de la défense. Cette posture de la Cour suscite de vives contestations. Les avocats estiment que les débats n’ont pas eu lieu. Le ministère public en pense tout le contraire. Les parties conviennent de la formule: “poursuite des débats”. Steeve Amoussou, présumé frère Hounvi, est ensuite appelé à répondre aux questions de la Cour : “Est-ce que vous reconnaissez être l’auteur des chroniques? Lors de votre arrestation à Lomé, des vidéos ont circulé sur les réseaux sociaux indiquant que vous êtes le Frère Hounvi”. Le prévenu déclare n’avoir pas vu lesdites vidéos qui le présenteraient comme le Frère Hounvi. “A l’instruction, j’ai aussi demandé à voir les vidéos”, a-t-il lâché, attestant qu’il n’est pas le Frère Hounvi, qui selon ses dires, est une identité virtuelle.

 

Des interrogations sans réponses 

La Cour va insister, demandant s’il ne serait pas l’auteur de la célèbre page Facebook “Frère Hounvi”, qui est par ailleurs très critique de la gouvernance en place. ‘’Connaissez-vous ladite page ?’’ “Je ne sais pas exactement qui est l’auteur de la page. Elle fait connaitre les travaux sociopolitiques de l’avatar. Je n’ai aucune activité sur les réseaux sociaux”, a-t-il répondu, ajoutant cependant qu’il est intellectuellement en phase avec les déclarations sur ladite page. Pourtant, relève le représentant du ministère public, “devant le parquet, vous avez affirmé devant moi, devant vos avocats et même devant le premier substitut et le deuxième substitut du procureur, que vous êtes Frère Hounvi”. Steeve Amoussou indiquera : “Frère Hounvi est une identité virtuelle, un avatar, un égrégore. Si j’avais eu cet honneur, j’aurais pu l’être”. Il ne se serait pas bien fait comprendre lors de ses échanges devant le parquet. ‘’Sauf que depuis que vous êtes en prison, il n’y a plus eu de chronique du Frère Hounvi’’, lui fait remarquer le représentant du ministère public, l’invitant ensuite à éclairer la Cour sur les raisons qui motivent le fait qu’il s’était refugié à Lomé jusqu’à son arrestation le lundi 12 août 2024. “J’ai reçu des menaces de mort”, a-t-il répondu, expliquant que c’était pour avoir incarné le personnage d’Agbokou dans ses nombreuses vidéos critiquant le régime de Patrice Talon. “Pourquoi avez-vous quitté le personnage de Agbokou pour celui du Frère Hounvi?”, a interrogé le procureur. L’un des avocats rétorque, estimant ne pas comprendre pourquoi l’on tente par tous les moyens de lui coller les chroniques du Frère Hounvi, alors que le prévenu a affirmé à maintes reprises qu’il ne s’agissait pas de sa personne.

Cependant, Steeve Amoussou répond que Agbokou est un personnage qu’il a incarné à visage découvert et à voix éclairée : “le contraire de la violence n’est pas la douceur mais la pensée”. Il poursuit sur les préoccupations du procureur liées à la démocratie et à l’encadrement des libertés déclarant : “La démocratie et la liberté vont de pair, et je me refère à notre devise : fraternité, justice et travail. Il n’y a pas de liberté sans l’amour fraternel, de justice avec la loi du plus fort, et de travail sans échange donc sans liberté”. A en croire Steeve Amoussou, l’autorité de l’Etat repose sur les concepts de légalité et de légitimité, et l’on ne devrait pouvoir défendre ses opinions publiques sans qu’aucune épée de Damoclès plane sur votre tête. Il reconnait d’ailleurs avoir déclaré lors de l’instruction que : “Si on condamne les propos du Frère Hounvi, il faut condamner aussi l’hymne national”.

A la barre ce lundi 10 mars, les avocats ont aussi soulevé la question du plaignant. Leur client aurait voulu savoir l’identité de la personne qui le poursuivait pour les faits mis à sa charge. A cette question, le procureur lance dans la foulée : “C’est le parquet”. Par ailleurs, le procureur demande les rapports entre le présumé Frère Hounvi et les nommés Olivier de Montaguère et Ferréol Akuesson. Deux personnes présentées comme des collaborateurs du Frère Hounvi. Steeve Amoussou affirme qu’il les connait mais qu’ils n’ont jamais travaillé pour lui.

Il faut rappeler que Steeve Amoussou présumé Frère Hounvi est poursuivi pour des faits de harcèlement par le biais d’une communication électronique, initiation et diffusion de fausses nouvelles par le biais des réseaux sociaux et incitation directe à la rébellion.