La Nation Bénin...
Les travaux de l’assemblée générale de l’Association
internationale des maires francophones se sont déroulés, vendredi 13 octobre, à
Cotonou. C’était l’occasion pour les maires de réaffirmer leur positionnement
pour jouer un important rôle dans les grandes décisions pour la paix dans le
monde.
« Face aux turbulences qui brouillent les relations entre
les Etats, les villes doivent garantir une certaine stabilité et continuer à
relever les défis quotidiens pour répondre aux inquiétudes et aux besoins des
citoyens. C’est pourquoi entre villes, nous devons maintenir le dialogue,
travailler ensemble, continuer à résoudre les causes profondes de toutes ces
déstabilisations sans renier notre attachement aux principes démocratiques qui
fondent également notre engagement. Dans ce contexte, nous, maires
francophones, devons prendre nos responsabilités ». Cette exhortation
d’Anne Hidalgo, maire de la ville de Paris et présidente de l’Association
internationale des maires francophones (Aimf), à l’ouverture de l’assemblée
générale de l'institution, vendredi 13
octobre à Cotonou, montre bien la volonté de ces collectivités territoriales de
prendre plus de place dans le règlement des conflits et la paix dans le monde.
Selon elle, le champ d’action des villes doit s’étendre, au regard des
nouvelles contingences dans le monde. Que ce soit pour la paix, la lutte contre
le réchauffement climatique et autres, elles doivent désormais se mettre au
premier plan, du fait de leur proximité avec les bénéficiaires. Pour cela, il
s’impose une unité d’action des maires. « La solidarité ne doit pas
uniquement se proclamer quand tout va bien. Elle doit s’exprimer et nous aider
lorsque c’est difficile », a insisté le maire de Paris. Mais Anne Hidalgo
reste lucide sur la démarcation entre les prérogatives de l’Etat central et
celles des collectivités territoriales décentralisées. « Cette diplomatie
des maires francophones ne se substitue pas à la diplomatie des Etats. Jamais,
nous ne nous substituerons à la diplomatie des Etats », a-t-elle professé.
Le gouvernement béninois est dans la même logique que la
présidente de l’Aimf sur le rôle des maires et de la culture dans l’apaisement.
C’est du moins ce que Olushegun Adjadi Bakari, ministre des Affaires
étrangères, a laissé entendre lors de cette cérémonie. Il se réjouit de
l’engagement des maires pour la paix et pour la promotion des arts et de la
culture. A titre d’illustration, il évoque la place donnée à la culture dans le
Programme d’action du gouvernement (Pag) et la revalorisation du vodoun dans
ses aspects culturels. « Le vodoun, c’est la paix. Le vodoun, c’est
l’égalité des sexes », a mentionné le chef de la diplomatie béninoise.
L’engagement des maires pour la paix à travers ce 43e
congrès de l’Aimf s’est traduit par la lecture de deux déclarations. Il s’agit
de la déclaration de Cotonou et celle des collectivités territoriales du Sahel,
impactées par la crise multidimensionnelle.
-------------------- Déclaration de Cotonou -------------------
Les mairesses et maires francophones des cinq continents,
membres de l’Association internationale des maires francophones, réunis en
congrès à Cotonou du 11 au 14 octobre 2023,
Conscientes et conscients des problèmes qui se posent dans
les relations inter-étatiques et leurs conséquences dramatiques au niveau
local,
Conscientes et conscients de l’importance de la coopération
décentralisée pour apporter une réponse territoriale aux enjeux de
développement durable,
Conscientes et conscients de la nécessité de soutenir les
populations collectivement victimes des crises économiques, sociales,
environnementales qu’elles doivent trop souvent affronter dans la solitude,
Conscientes et conscients des risques qu’engendre
l’exacerbation des relations entre les sociétés civiles ainsi qu’entre les
différents échelons de pouvoir,
Rappellent leur attachement
Au respect et à l’intégrité de la vie humaine
Au dialogue et au vivre-ensemble en harmonie
A la possibilité de mener les plus vives controverses tout
en assurant la paix civile
Aux démarches qui évitent les pires situations susceptibles
de fracturer les sociétés, avec leurs conséquences dramatiques tant
individuelles que collectives
A la solidarité internationale des collectivités locales, dans sa diversité et sa complémentarité, au service de la paix et du développement.
A une organisation territoriale, avec des droits spécifiques, qui facilite l’activité économique et sociale locale.
A la constitution de nouvelles alliances culturelles et
intellectuelles.
Font appel à leur institution, l’Aimf, et à l’ensemble de ses partenaires, qu’ils en soient ici chaleureusement remerciés, pour mettre en place ces outils nécessaires, constitutifs d’une nouvelle diplomatie des villes.
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Déclaration des collectivités territoriales du Sahel, impactées par la crise multidimensionnelle, à l'occasion de l'Assemblée générale de l'Association internationale des maires francophones.
Nous, représentants des collectivités territoriales du
Sahel (Burkina Faso, Mali, Niger), remercions la présidente de l’Aimf et le
maire de Cotonou pour l’invitation qui nous a été adressée afin de participer à
l'Assemblée générale de l'Association internationale des maires francophones.
Souhaitons rappeler à la mémoire collective, la grave situation que traverse notre région en général, les trois pays que sont le Mali, le Burkina Faso et le Niger en particulier en raison de la crise qui perdure depuis plusieurs années, crise qui se caractérise par une combinaison complexe de facteurs, notamment le terrorisme, les conflits armés, l'instabilité politique, la pauvreté, la sécheresse, la désertification et les migrations forcées.
Nous rappelons le devoir de soutien et de solidarité pour
faire face à cette crise qui impacte négativement nos communautés.
Le Sahel, une région riche en ressources naturelles,
culturelles et sociales, fait face à une crise multidimensionnelle, à des défis
majeurs d’insécurité et d’instabilité, qui entravent et menacent la cohésion
sociale, la paix et même son développement.
Les collectivités territoriales du Sahel sont confrontées à des défis liés à la sécurité, à la vulnérabilité climatique, à l'accès à l'eau potable, à la sécurité alimentaire et à l'éducation entrainant des déplacements massifs insupportables de leurs populations. Ces facteurs mettent en danger le bien-être de nos communautés, surtout des couches vulnérables.
Nous, les maires et représentants des collectivités territoriales du Sahel, sommes déterminés à travailler de manière constructive avec nos partenaires régionaux et internationaux, pour relever ces défis et créer un avenir meilleur pour nos communautés. Nous croyons en notre capacité, en la solidarité et la coopération internationale pour surmonter les obstacles qui se dressent devant nous. Les difficultés du moment ne doivent pas altérer la coopération et le partenariat entre nos territoires.
Nous les maires et les représentants des collectivités territoriales du Sahel, déclarons ce qui suit :
1- Condamnons fermement le terrorisme et la violence sous toutes leurs formes, qui causent des pertes en vie humaine et la destruction d’infrastructures essentielles ;
2- Regrettons les sanctions imposées à certains États, organisations et agences de coopération, qui frappent en premier lieu les couches vulnérables ;
3- Appelons les partenaires des collectivités territoriales à renforcer leur soutien à nos efforts pour restaurer la sécurité et la stabilité sur nos territoires ;
4- Invitons l’Aimf à œuvrer au renforcement de la
diplomatie des territoires et à l’éclosion de la diplomatie des crises visant à
trouver d’urgence des alternatives constructives et inclusives à la suspension
de l’aide publique au développement ;
5- Encourageons la prise d’initiatives visant à renforcer la résilience de nos communautés face aux défis ;
6- Proposons un renforcement des capacités locales pour améliorer la gouvernance, la gestion des ressources, et l'accès à l'eau potable, à l'éducation, à la santé et à d'autres services essentiels ;
7- Exhortons les partenaires à mettre les collectivités territoriales au cœur des actions humanitaires, de reconstruction et de développement des territoires ;
Appelons à la mise en place d’un groupe ou commission de travail au sein de l’Aimf, dédié aux questions spécifiques de la gestion et de la sortie de crise au Sahel par les collectivités territoriales ;
8- Ensemble, nous pouvons travailler à bâtir un avenir de paix, de prospérité et de stabilité pour le monde et les générations futures.
Fait à Cotonou, le 11 octobre 2023