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Assistance aux personnes démunies: Appel humanitaire record pour 2023

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Par   Catherine Fiankan-Bokonga, le 01 déc. 2022 à 12h02
Selon l’Onu, l’année pro- chaine, 339 millions de personnes auront besoin d’aide dans 68 pays. L’objectif est d’aider 230 millions de per- sonnes les plus démunies à travers 68 pays, ce qui nécessitera 51,5 milliards de dollars, soit une augmentation de 25 % par rapport au début de 2022. C’est à Genève que le chef de l’aide humanitaire et coordonnateur des secours d’urgence pour les Nations Unies, Martin Griffith, a déclaré que « les besoins humanitaires sont scandaleusement élevés, car les événements extrêmes de cette année se prolongent en 2023 ». Les chiffres articulés sont effrayants. Dans le monde, 388 millions de femmes et de filles vivent dans l’extrême pauvreté, soit une augmentation de 65 millions de personnes par rapport à la même période l’année dernière. Quarante-cinq millions de personnes dans 37 pays risquent de mourir de faim. La plus grande crise alimentaire mondiale de l’histoire moderne est en cours, sous l’effet des conflits, des chocs climatiques et de la menace imminente d’une récession mondiale. Des centaines de millions de personnes sont menacées par une aggravation de la faim. L’insécurité alimentaire aiguë s’intensifie et, d’ici à la fin 2022, au moins 222 millions de personnes dans 53 pays devraient être confrontées à une insécurité alimentaire aiguë et avoir besoin d’une aide d’urgence. La famine est un risque très réel pour 45 millions de personnes dans 37 pays. Le changement climatique contribue aux crises humanitaires dans le monde entier, entraînant une augmentation des risques et de la vulnérabilité. Les huit dernières années sont en passe d’être les plus chaudes jamais enregistrées. Sur les 15 pays les plus vulnérables à la crise climatique, 12 ont bénéficié d’une réponse humanitaire menée par la communauté internationale. D’ici la fin du siècle, le nombre de décès dus à la chaleur extrême devraient être équivalent à celui de tous les cancers.

 Avalanche d’obstacles

L’objectif mondial de mettre fin à l’extrême pauvreté d’ici à 2030 n’est plus réalisable. En effet, 90 millions de personnes de plus que prévu sont confrontées à cette réalité. Les emplois disponibles restent en deçà des niveaux d’avant la pandémie, et l’inflation croissante devrait atteindre 10 % dans les marchés émergents et les économies en développement. Les pays à faible revenu sont les plus durement touchés par la hausse mondiale des prix des carburants et des denrées alimentaires. La plupart des pays dotés d’un Plan d’action humanitaire (Pah) seront certainement confrontés à une baisse de la croissance en 2023. La santé publique mondiale ne s’améliore pas, comme le montrent la pandémie actuelle, les épidémies de variole du singe, la propagation rapide des maladies à transmission vectorielle, l’augmentation des cas d’Ebola et les épidémies de choléra. Seuls 2 à 3 % des vaccins contre le Covid19 ont été administrés dans les 29 pays dotés d’un Prh, alors que l’ensemble est égal à 13 milliards. La couverture vaccinale des nourrissons a connu la plus forte baisse enregistrée depuis 30 ans, et les activités essentielles de dépistage, de traitement et de prévention des maladies infectieuses et du Vih ont diminué. Il faudra désormais quatre générations pour atteindre la parité entre les sexes. Dans le monde, 388 millions de femmes et de filles vivent dans l’extrême pauvreté, soit plus que les hommes et les garçons. La grande majorité d’entre elles se trouvent en Afrique subsaharienne, en Asie centrale et du Sud. La pandémie a accru les risques de violence sexiste dans le monde entier, et 13 millions de très jeunes filles supplémentaires risquent de devenir des victimes de mariages forcés, en plus des 100 millions déjà menacées. L’éducation mondiale est en crise en raison de l’impact continu de la pandémie. Les écoliers des pays à revenu intermédiaire ont subi des fermetures d’école beaucoup plus longues que ceux des pays à revenu élevé. La fracture numérique persiste : sur les 1,6 milliard d’élèves non scolarisés, 1,3 milliard n’avaient pas de connexion à l’internet à la maison ou d’appareils pour suivre des cours en ligne.

 Vue d’ensemble pour 2023

L’expansion des besoins humanitaires mondiaux, l’augmentation des coûts opérationnels et des prix des produits de base, ainsi qu’une forte inflation en 2023, contribueront à une hausse significative des besoins. Par exemple, les coûts mensuels d’approvisionnement en nourriture du Programme alimentaire mondial (Pam) sont désormais 44 % plus élevés qu’avant la pandémie. L’amélioration de la stabilité en Libye conduit à un retrait progressif des humanitaires, de sorte que le pays n’aura pas besoin d’un véritable plan humanitaire en 2023.

Afrique orientale et australe

L’Afrique orientale et australe comptent le plus grand nombre de personnes dans le besoin (76,8 millions). La sécheresse la plus longue et la plus grave de l’histoire ravage certaines parties de l’Éthiopie, du Kenya et de la Somalie, et la situation devrait s’aggraver en 2023. Cette année, dix pays et quatre plans régionaux ont des besoins supérieurs à un milliard de dollars chacun. En Éthiopie, l’aggravation de la sécheresse et l’impact des violences dans certaines parties du pays, ainsi que les vagues de déplacements qui en résultent, signifient que 28,6 millions de personnes auront besoin d’une aide humanitaire en 2023. Bien que la signature d’un accord de paix global en novembre 2022 soit une étape prometteuse pour intensifier l’aide humanitaire, la situation ne devrait pas se stabiliser en 2023 en raison de nouvelles prévisions de faibles précipitations et des effets continus du conflit. Au Mozambique, le nombre de personnes dans le besoin a augmenté d’un tiers. Le conflit à Cabo Delgado entraîne des déplacements forcés et impose des niveaux de pression énormes aux communautés d’accueil du pays. Les partenaires humanitaires ont fourni une assistance vitale à 1,4 million de personnes en 2022, y compris le traitement de la malnutrition, l’aide alimentaire, les services de protection et l’accès à l’eau potable.

Afrique de l’Ouest et centrale

La région de l’Afrique de l’Ouest et du Centre est l’épicentre d’une crise qui se développe rapidement, avec des niveaux sans précédent de violence armée et d’insécurité. Des millions de personnes sont poussées aux limites de la survie en raison de la confluence des conflits, de la pauvreté profonde, des pressions démographiques, de l’urbanisation, de la faible gouvernance, de l’insécurité alimentaire et de la malnutrition chroniquement élevées, et de l’impact du changement climatique. L’impact cumulé sur les personnes les plus vulnérables est dévastateur et entraîne des besoins persistants qui s’aggravent rapidement. Plus de 64,5 millions de personnes dans la région auront besoin d’assistance et de protection en 2022, soit 4,5 millions de personnes de plus qu’en 2021. Il en va de même pour le besoin d’assistance et de protection qui touche plus d’une personne sur dix. On prévoit qu’environ 5 millions de personnes supplémentaires auront besoin d’assistance et de protection, ce qui portera le total à 69 millions de personnes en 2023 - en raison de poches de vulnérabilité supplémentaires considérables et d’incidences élevées d’extrême pauvreté dans l’ensemble de la région. Le Burkina Faso continue de faire face à la pire crise humanitaire de son histoire. Un Burkinabè sur quatre a désormais besoin d’une aide humanitaire. Neuf régions sur dix du Cameroun continuent d’être affectées par trois crises humanitaires complexes : le conflit du bassin du lac Tchad, la crise du Nord-Ouest et du SudOuest et celle des réfugiés de la République centrafricaine (Rca). En 2023, une personne sur six vivant au Cameroun aura besoin d’aide humanitaire et de protection, soit 4,7 millions de personnes. Plus de 3,6 millions de personnes sont confrontées à une insécurité alimentaire aiguë, et on compte plus de 2 millions de déplacées internes, rapatriées ou réfugiées. Au Tchad, la situation se détériore et le pays connaît une troisième année consécutive d’insécurité alimentaire grave et sa pire période de soudure des dix dernières années. La République démocratique du Congo (RDC) présente sa demande la plus importante à ce jour, avec un total de 2,3 milliards de dollars en 2023 (+20 % par rapport à 2022). Les augmentations nettes des prix sont une réalité difficile dans tout le pays. À la fin de l’année 2022, 6,2 millions de personnes recevront une aide dans le pays.

Une meilleure réactivité

Le Fonds central d’intervention d’urgence et les fonds communs par pays tentent de garantir une aide vitale aux personnes dans le besoin. En novembre 2022, 1,7 milliard de dollars ont été alloués pour aider les personnes les plus démunies. Les négociations humanitaires permettent d’atteindre les populations dans le besoin, malgré des environnements opérationnels de plus en plus difficiles. Les efforts pour une plus grande responsabilité envers les personnes touchées par les crises ont pris de l’ampleur, garantissant l’engagement des communautés et des systèmes accessibles de retour d’information sur les opérations. [caption id="attachment_90620" align="alignnone" width="470"] L’ampleur des crises oblige l’Onu à renforcer son dispositif d’assistance humanitaire[/caption]