La Nation Bénin...
L’idée
du cadre de concertation des anciens présidents d’institutions, portée par le
trio Yayi-Soglo-Houngbédji, ne reçoit pas l’assentiment de tous. Julio Tomety,
juriste et analyste politique, intervenu au micro de Radio Bénin, salue
l’initiative mais pense qu’elle sera difficile à mettre en œuvre. Pour lui, le
cadre de concertation tel quel, non débarrassé des positions partisanes,
pourrait faire sortir des retraités pour alourdir l’organe des présidents en
fonction.
La
réflexion autour de la mise en place d’un cadre de concertation des anciens
présidents d’institutions vise, selon plusieurs médias, à renforcer les liens
des anciens présidents d’institutions du Bénin en même temps qu'ils vont
constituer un creuset d’appui-conseils aux présidents en exercice. En clair,
ils mettront leurs expériences au service du pays. L’idée a germé, les
discussions vont bon train et la première rencontre officielle des membres de
cet organe informel ne devrait pas tarder, apprend-on.
Un
cadre oui, mais il fallait un préalable pour ne pas en arriver à alourdir le
cadre institutionnel national, estime Julio Tomety, juriste et analyste
politique, interrogé par nos confrères de la Radio nationale. « Ces anciens
présidents auraient une posture de détachement par rapport aux prises de
positions qu’ils ont ou pourraient avoir vis-à-vis de la gouvernance actuelle
», explique-t-il.
«
Le président Soglo est connu pour ses positions quelque peu ambivalentes et
Boni Yayi encore plus parce que étant chef de parti politique d’opposition.
S’agissant d’autres anciens présidents d’institutions, Me Robert Dossou,
Théodore Holo, … les positions, pour la plupart, sont vertement contre la
gouvernance actuelle. Leurs récriminations, leurs quêtes et leurs doutes ne
doivent normalement pas se retrouver sur la place publique pour s'apprécier
comme une sorte d'opposition que l'on serait en train de faire au président de
la République en exercice », ajoute l’analyste politique.
De
l’avis de Julio Tomety, tel que c’est parti, le cadre risque d’alourdir
l'architecture des institutions. « On serait allé réveiller des gens qui sont à
leur retraite, tous les anciens présidents de la Cour constitutionnelle, de la
Cena, de la Haute cour de justice, de la Haac, de la Cour suprême, du Conseil
économique et social, … on risquerait d'alourdir inutilement le cadre
institutionnel béninois », se convainc-t-il. Mais le cadre dont il s’agit,
estime-t-on parmi ses initiateurs, n’a aucune visée électorale ou partisane.
Rien de nouveau au Bénin
La mise en place d’un tel cadre n’est pas un fait nouveau. Le président Soglo s’était engagé sur ce chemin quand il était encore en exercice, témoigne Théodore Holo, ancien président de la Cour constitutionnelle. «C'est une tradition de concertation qui avait commencé de façon informelle avec le président Soglo en 1994 quand il y avait la dévaluation du franc Cfa et que le Parlement n'était pas d'accord pour le budget qui proposait des augmentations. Le président Soglo avait pris l'habitude de consulter ou d'inviter à des discussions les anciens présidents de la République dont Kérékou, Maga, Ahomadégbé, Zinsou, Emile de Souza et même Monseigneur Isidore de Souza. Il avait invité Adrien Houngbédji, président de l'Assemblée nationale à l’époque, qui avait estimé que ce n'était pas prévu par la Constitution et que lui ne viendra pas. Mais c'était un organe informel », rappelle Théodore Holo.