La Nation Bénin...
Les
producteurs auront le soutien du gouvernement pour un bon déroulement de la
campagne agricole. Il leur sera accordé des subventions de l'ordre de 24
milliards F Cfa. Ainsi en a décidé le Conseil des ministres, ce mercredi 17
avril.
«
L’intérêt soutenu du gouvernement pour le secteur agricole et plus
particulièrement pour la production agricole, s’est manifesté par des
subventions massives que nous apportons directement et que nous incitons aussi
le secteur privé à faire ». Ce rappel de Wilfried Léandre Houngbédji,
secrétaire général adjoint et porte-parole du gouvernement, lors du
traditionnel point de presse à l'issue du Conseil des ministres, illustre à
souhait, l’engagement de l’Exécutif à faire de la production agricole une priorité
comme indiqué dans le Programme d’action du gouvernement (Pag).
Pour
cette campagne agricole, le gouvernement a autorisé la mise en place d’une
subvention de l’Etat en soutien aux prix de cession des engrais, d’un montant
total de 24 400 000 000 F Cfa.
Sur cette base, les engrais seront cédés à des prix non concurrentiels. L’engrais Npk toutes catégories sera ainsi à 340 F Cfa le kg, soit 17 000 F Cfa le sac de 50 kg au lieu de 24 000 F Cfa. L’engrais urée à 300 F Cfa/kg, soit 15 000 F Cfa le sac de 50 kg au lieu de 19 500 F Cfa. Pour l’engrais Ssp, le prix sera de 280 F Cfa/kg, soit 14 000 F Cfa le sac de 50 kg alors que l’engrais Kcl sera cédé à 280 F Cfa/kg, soit 14 000 F Cfa le sac de 50 kg.
Cette
action du gouvernement fait suite à celles des années précédentes. En fait, ces
trois dernières années, en raison de la conjoncture économique internationale
marquée par les effets pervers de l’après Covid-19 et le conflit
russo-ukrainien, les prix des engrais sur le marché international ont connu une
hausse significative. Pour atténuer le choc ainsi généré, l’Etat et les acteurs
privés de la filière coton ont décidé de mobiliser des subventions en soutien
aux producteurs sur les prix des engrais au cours des campagnes 2022-2023 et
2023-2024. Ces montants sont respectivement de 55 milliards de F Cfa et
d’environ 30 milliards de F Cfa.
Grâce
à ces importantes contributions, le prix des engrais aux producteurs a été de
280 F Cfa par kg, soit 14 000 F Cfa le sac de 50 kg au cours des campagnes
agricoles concernées.
Selon
le porte-parole du gouvernement, actuellement, ces prix restent élevés sur le
marché international de sorte que pour la campagne agricole 2024-2025, céder
ces engrais à leur valeur réelle les rendrait inaccessibles à la grande
majorité des producteurs agricoles ; ce qui aurait de graves conséquences sur
la production et menacerait la sécurité alimentaire au plan national.
C’est
pourquoi, à la suite des deux campagnes écoulées, le gouvernement a décidé de
reconduire le soutien de l’Etat aux agriculteurs en vue de garantir le succès
de la campagne agricole 2024-2025.
Stratégique
En dehors de ces actions ponctuelles, le gouvernement mène d’autres actions structurelles. En témoignent par exemple la mise en œuvre du programme national de développement des plantations et de grandes cultures reposant sur un aménagement de 500 000 ha pour une agriculture d’envergure devant servir de socle au développement d’une véritable agro-industrie nationale, l’accélération de la mécanisation agricole par la formation sur place d’ouvriers spécialisés à l’assemblage, la facilitation de l’accès des producteurs aux engins, le service après-vente et la promotion des techniques et pratiques culturales résilientes au changement climatique. On peut également énumérer la mise en place d’un programme de développement de l’élevage dont l’objectif à l’horizon 2026 est de limiter les importations des produits animaux et de porter la couverture des besoins en viande, lait et œufs de table respectivement à 70 %, 55 % et 95 %, la mise en œuvre du projet de sédentarisation des troupeaux de ruminants au Bénin, la poursuite de l’assainissement des plans d’eau par leur dragage pour favoriser une meilleure reproduction des espèces halieutiques et la mise en place d’un programme de développement de la pêche et de l'aquaculture dont l’objectif pour 2026 sera de porter le taux de couverture des besoins par la production nationale de 42 % à 60 %, soit une production de 135 000 tonnes dont 40 000 tonnes pour l’aquaculture.
Comme prévu dans le Pag
Déjà, dans le Programme d’action du gouvernement, des ambitions claires avaient été exprimées. Ainsi, les projets phares dans ce secteur sont le développement de filières à haute valeur ajoutée notamment l'ananas, l'anacarde, les produits maraîchers, avec l’extension des surfaces cultivables, l’amélioration de la productivité et le développement des filières d’exportation de produits transformés, le renforcement des filières conventionnelles du riz, maïs et manioc et le développement de l’aquaculture continentale : aménagement de cinq cents (500) ha de zones aquacoles pour une production de vingt mille (20 000) tonnes en cinq (5) ans. Le Pag prévoit aussi la mise en valeur de la basse et moyenne vallée de l’Ouémé avec l’aménagement de six mille (6 000) ha de terres cultivables, la construction de cinq cents (500) km de pistes et d’une dizaine de débarcadères et l’installation de deux mille cinq cents (2 500) jeunes entrepreneurs agricoles (accès aux intrants spécifiques, formation et professionnalisation, …), l’amélioration de la production de viande, lait et œufs de table : atteindre à l'horizon 2021, des niveaux de production de cent quatre mille (104 000) tonnes pour la viande, cent soixante douze mille (172 000) tonnes pour le lait et vingt cinq mille (25 000) tonnes pour les œufs.
La
mise en oeuvre de ces projets phares a nécessité des actions importantes comme
la création de sept (7) pôles de développement agricole, les mesures de
facilitation de l’accès aux semences, intrants et marchés pour la promotion des
nouvelles filières agricoles
(riz, maïs, anacarde, ananas), les
mesures fiscales et
non fiscales incitatives en
faveur de l’importation des intrants agricoles (productions végétales, animales
et halieutiques), de l’exportation des
produits agricoles et dérivés et pour la promotion des entreprises
agricoles, la modernisation des outils de travail et la stratégie pour l’agriculture Intelligente face au climat.
Pour
la campagne agricole 2023-2024, deux défis majeurs étaient à relever.
«
Désormais, c’est de tradition de faire un bilan participatif avec les acteurs,
de ne pas tenir la langue de bois, de mettre en relief nos insuffisances et
d’indiquer les voies de progrès, afin d’avoir une agriculture qui permette de
résoudre deux défis majeurs de notre temps », annonçait Gaston Dossouhoui,
ministre de l’Agriculture, de l’Elevage et de la Pêche. Le premier défi, c’est
d’améliorer la productivité, renforcer les capacités des acteurs pour
développer les chaînes de valeurs, assurer la diversification agricole, pour
avoir une production de plus en plus accrue. Le deuxième défi, selon lui,
c’était de rendre disponible la matière première pour l’industrialisation de
notre pays, le Bénin. Et cette industrialisation passe par l’agro-industrie. “C’est
d’abord ce que nous avons à portée de main. Le jour où nous aurons les mines,
de l’or, du pétrole, il y aura une autre industrialisation. Mais, pour le
moment, ce dont nous sommes certains, c’est que nous pouvons produire avec nos
dix doigts, nos deux mains ; c’est tout ce que la terre peut permettre
d’obtenir, c’est-à-dire l’eau et la nature que nous devons maîtriser dans des
conditions de résilience, pour être à même de produire et d’alimenter cette
chaîne industrielle qui naît devant nous et qui va grandir à grands pas »,
faisait savoir le ministre.