La Nation Bénin...
Aujourd'hui, nous célébrons la Journée internationale des
travailleurs domestiques, le 14e anniversaire de l'adoption de la première
norme internationale du travail qui reconnaît les soins rémunérés à domicile -
le travail domestique - comme un travail.
L'Afrique compte environ 9,6 millions de travailleurs et
travailleuses domestiques âgés de plus de 15 ans, qui font vivre d'innombrables
ménages tout en ancrant discrètement l'économie des villes et des communautés
rurales. À toute heure du jour et de la nuit, les travailleurs domestiques
assurent le bien-être des familles, mais leur propre bien-être passe trop
souvent inaperçu, surtout en temps de crise.
Qu'il s'agisse des effets durables du Covid-19 et des
conflits armés, des pressions inflationnistes, des déplacements liés au climat
ou des catastrophes naturelles telles que les sécheresses ou les inondations,
les crises continuent de peser lourdement sur le continent africain. Ces
perturbations amplifient les inégalités sociales et économiques et mettent à
rude épreuve des systèmes de protection déjà fragiles.
Les travailleurs et travailleuses domestiques, dont la
majorité sont des femmes, sont parmi les plus touchés. En période de
bouleversements, ils sont souvent les premiers à perdre leur emploi, les
derniers à recevoir une aide et les moins susceptibles d'être couverts par la
protection sociale. Les travailleurs domestiques migrants et les personnes
handicapées sont encore plus exposés aux risques d'abus et de discrimination.
Pourtant, face à la crise, les travailleurs et
travailleuses domestiques continuent de s'occuper des autres. Ils préparent des
repas pour les autres tout en sautant le leur. Ils s'occupent avec dévouement
des enfants, des personnes âgées et des personnes handicapées, malgré les
menaces qui pèsent sur leur propre sécurité. Leur travail est essentiel, non seulement
pour les familles qu'ils servent, mais aussi pour l'économie en général.
En Afrique, les soins et le travail domestique sont
essentiels à notre survie et à notre résilience. On estime que 15,8 % des
femmes salariées en Afrique sont des employées de maison. Mais ce travail vital
est sous-évalué et sous-payé. Trop de travailleurs domestiques occupent des
emplois informels, sans contrat écrit, sans garantie de salaire minimum, sans
soins de santé ni allocations de chômage.
Dans certains pays africains, ils sont exclus du droit
national du travail. Dans beaucoup d'autres, l'application des lois existantes
est faible ou inexistante. Sans accès au congé de maternité, aux soins de santé
ou à des conditions de travail sûres, les travailleurs domestiques doivent
s'occuper des autres alors que leurs propres besoins en matière de soins ne
sont pas satisfaits.
Il y a une meilleure façon d'avancer. Les gouvernements
africains peuvent prendre des mesures pour ratifier et mettre en œuvre la
convention (n° 189) de l'Oit sur les travailleuses et travailleurs domestiques,
2011, et veiller à ce que ses principes soient reflétés dans les législations
nationales. À ce jour, seuls sept pays africains l'ont ratifiée. Nous pouvons
et devons faire mieux.
En outre, les gouvernements peuvent légiférer pour exiger
que les travailleurs domestiques reçoivent un salaire minimum. Les syndicats
peuvent organiser les travailleurs domestiques pour exiger une meilleure
protection juridique. Les employeurs peuvent faire preuve de solidarité en
veillant à verser des salaires équitables et à offrir des conditions de travail
décentes. Les sociétés peuvent reconnaître les soins et le travail domestiques
comme un moteur économique essentiel, et pas seulement comme une affaire privée
à l'intérieur des maisons.
Faire du travail domestique un travail décent n'est pas seulement la bonne chose à faire, c'est un investissement stratégique dans la santé, la sécurité et la résilience des sociétés africaines. En cette Journée des travailleuses domestiques, engageons-nous à placer les soins au cœur de la réponse aux crises, du redressement et de la réforme. Car lorsque les travailleuses domestiques sont protégées, valorisées et respectées, ce sont des communautés entières qui prospèrent.