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« Chronique d’un été glacial, le rêve naufragé des Africains »: Le cri de cœur de Jean-Baptiste Sourou contre l’immigration clandestine

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Par   Josué F. MEHOUENOU, le 30 avr. 2015 à 05h58

Le journaliste et écrivain béninois vivant en Italie, Jean-Baptiste Sourou vient de faire œuvre utile. C’est le moins qu’on puisse dire, à la lecture des 84 pages de sa dernière publication « Chronique d’un été glacial, le rêve naufragé des Africains ». Un livre froid et amer qui, sans pitié, plonge le lecteur dans les profondeurs de la Méditerranée où périssent et pourrissent chaque année, des centaines de bras valides africains. Le lancement de l’ouvrage à Cotonou est prévu pour le 2 mai prochain.

Quatre personnages empruntent la seule et même personne de Jean-Baptiste Sourou pour s’exprimer à travers les lignes de «Chronique d’un été glacial, le rêve naufragé des Africains». Il y a d’abord Jean, le journaliste, disons le journaliste d’investigation qui a choisi de travailler sur le sujet, ensuite Sourou l’écrivain vivant en Italie qui ne pouvait rester insensible à un sujet aussi sérieux, Jean-Baptiste le Béninois vivant en Italie qui n’en pouvait plus de rester silencieux sur un drame qui touche les siens et enfin, Jean-Baptiste Sourou l’Africain, touché au plus profond de son être par les restes humains qui se ramassaient au quotidien dans les filets en Méditerranée. Quatre personnages réunis donc à travers sa seule plume pour relater les misères des Africains qui s’empilent dans des embarcations de fortune, à la poursuite du rêve italien, voire européen pour ne devenir au finish que les repas copieux de quelques requins. Le phénomène de l’immigration clandestine via la Méditerranée, tel que relaté par Jean-Baptiste Sourou inspire douleur et frayeur. Le journaliste d’investigation a choisi, sans doute à dessein, de porter sa plume sur des phénomènes poignants, lesquels devraient interpeller les consciences des lecteurs et faire cesser, ce qui, à ses yeux, apparaît aussi comme le «naufrage du sens humanitaire».
De jeunes Africaines qui accouchent en plein hiver, des filles enceintes qui se résignent à une température de 40 degrés, un père qui jette le corps de son enfant à la mer… des passeurs cupides qui, pour alléger les charges de leurs bateaux de fortune, n’ont pour toute solution que de jeter des dizaines de personnes à la mer… Le drame est odieux ! Et l’auteur le décrit de fort belle manière avec des mots simples, des résumés succincts et une précision qui permet aux lecteurs de se porter lui-même sur les lieux. Mais il est allé plus loin. Loin de limiter son enquête et son récit à la misère en mer, le journaliste d’investigation et non l’écrivain a remonté la filière. Il est allé lorgner du côté de la Libye, point de départ de la plupart des embarcations, et où règne une autre mafia, «un trafic juteux». Car, c’est bien là que s’organise les voyages sur Lampedusa et les côtes siciliennes.

Une route des nouveaux esclaves

De retour de la Libye, l’auteur a eu le temps de discuter avec des capitaines en mer. Leurs témoignages sont sans appel. Le capitaine Giovanni et bien d’autres ont eu plus d’une fois la chance de prêter mains fortes aux embarcations clandestines en leur offrant vivres, eaux, couvertures…. Puis, Jean-Baptiste Sourou descend dans « l’hôtel Africa ». Un lieu dont le nom qui pourrait renvoyer à un beau séjour africain, n’est rien d’autre qu’une autre facette, si non une suite logique de la dure réalité des Africains. L’auteur le décrit comme de «vieux magasins, humides, puants, bons seulement pour des rats et où vivaient quelques six cents Africains à Rome».
Lorsque prend fin le travail du journaliste, celui de l’écrivain s’ensuit. Et là, Jean-Baptiste Sourou sans mettre des gants, essaye de dégager la responsabilité d’abord des Africains voyageurs, des dirigeants du continent et ensuite celle de l’Europe. En dernier ressort, c’est l’activiste qui prend le relais, allant jusqu’à soutenir qu'«il n’y aurait pas d’Etats corrompus en Afrique sans la complicité étrangère». Mais le combat de ce journaliste s’étend aussi vers un projet plus grand et plus porteur via le «CeDRes» pour la formation des jeunes africains. Lauréat du prix «Journalism and media awards et du «meilleur auteur à l’Africa-Italy excellence awards», «Chronique d’un été glacial, le rêve naufragé des Africains» qui se laisse lire sera lancé le samedi 2 mai prochain au centre Notre Dame de l’inculturation à Cotonou.