La Nation Bénin...
Le grand rendez-vous démocratique sur la
modernisation de la justice a tenu son pari. Réunis à Cotonou les jeudi 4 et
vendredi 5 octobre derniers, acteurs du système judiciaire, partenaires et
justiciables ont réfléchi sur diverses thématiques essentielles pour le
rayonnement du secteur. Il ressort de ce colloque, la nécessité de renforcer
l’institution et ses acteurs, et de tirer parti des avancées digitales pour
engager la transformation numérique du système judiciaire.
Faire en sorte que le système judiciaire
réponde aux défis de son temps, en intégrant les nouvelles dynamiques
technologiques et soit au service du justiciable. C'est la conclusion à
laquelle sont parvenus les participants au colloque sur la modernisation de la
justice.
Ouvert jeudi 4 octobre en présence d’une
importante délégation gouvernementale, le colloque intitulé « Modernisation de
la Justice : regards et perspectives » a été clôturé vendredi 5 octobre
par Abdoulaye Bio Tchané, ministre
d’Etat, chargé du Développement et de la Coordination de l’action
gouvernementale. A l'occasion, les acteurs du système judiciaire, les
justiciables, les partenaires et divers participants ont porté leurs regards
sur l'état de la justice au Bénin et les perspectives. Au total, mille deux
cent trente-cinq (1235) personnes dont 29 % de femmes ont pris part aux travaux
du colloque avec 306 participants en distanciel et 929 participants en
présentiel, répartis dans les 13 groupes thématiques.
Au terme des travaux, Yvon Détchénou, ministre
de la Justice et de la Législation, a félicité le comité d'organisation et
l'ensemble des participants, en présentiel comme en ligne, pour la réussite de
ce colloque. « La justice joue un rôle primordial en assurant le respect des
lois et la protection des citoyens. Le destin d'une nation est intimement lié à
la qualité de sa justice », a-t-il soutenu. Pour le Garde des Sceaux, ces
assises confirment la nécessité de tirer parti des avancées digitales pour
engager la transformation numérique du système judiciaire. « Nous vivons
aujourd'hui à une époque où les systèmes judiciaires doivent répondre aux défis
de leur temps. La modernisation de la justice est une quête absolue. Nous devons réfléchir à toujours nous
améliorer », a-t-il affirmé. « La Justice doit être de son temps. La Justice
béninoise du 21e siècle, comme tout service public est confrontée aux enjeux
technologiques, sociaux et éthiques de notre temps… C’est un service public
spécifique, qui doit répondre aux exigences d’efficacité́ et de modernisation»,
fait observer Abdoulaye Bio Tchané, ministre d’Etat, chargé du Développement et
de la Coordination de l’action gouvernementale. Il se dit heureux de
l’organisation de ce colloque sur la modernisation de la justice et mieux, de
la présence massive et de l’intérêt porté à cet événement. « Le thème du
présent colloque est en parfaite adéquation avec les préoccupations largement
partagées d’un meilleur fonctionnement de l’appareil judiciaire à l’ère de la
digitalisation des services publics de la justice, des réseaux sociaux et de la
redevabilité. Les enjeux et défis en ce sens sont complexes, en constante
évolution et nécessitent une pleine compréhension par les acteurs, un
engagement à améliorer les performances pour renforcer notre système judiciaire
et réussir la transition numérique et les transformations comportementales et
éthiques nécessaires », poursuit-il.
Pour le ministre d’Etat, ces assises mettent
tous les acteurs de la chaine judiciaire devant l’évidente nécessité d’approfondir les
réformes engagées pour une approche renouvelée du fonctionnement de la Justice
en phase avec les problématiques de développement économique et social du
continent. Elles mettent également en exergue l’exigence de renforcer la
transparence, la célérité des procédures devant les juridictions, et de
garantir un accès à toutes les couches de la population grâce aux outils
numériques innovants. Le ministre Yvon Détchénou assure que les recommandations
feront l'objet d'une étude particulière assortie de plans d'actions. « Vos
recommandations sont claires. La Justice doit moderniser ses méthodes de
travail, sa crédibilité, la qualité et la célérité de ses décisions pour
répondre aux attentes légitimes de nos concitoyens. Le gouvernement jouera sa
partition dans l’impulsion et la dynamique du changement pour faire de notre
justice, une justice performante, proche et efficace, ancrée dans nos
problématiques nationales », va ajouter Abdoulaye Bio Tchané.
Aller plus loin
Le colloque sur la modernisation de la justice
a donné l’occasion aux participants de faire l’état des lieux en la matière.
Sur la question, le ministre d’Etat indique que depuis 2016, le gouvernement,
conscient de la nécessité des réformes attendues par les citoyens qui aspirent
au bien-être économique, social et à une plus grande sécurité juridique, a
entrepris de nombreuses réformes. Ces réformes ont eu pour objectif de donner à
la justice les moyens de jouer sa partition dans le processus de consolidation
de l’Etat de droit au Bénin. Il rappelle au titre des principales actions
entreprises, l’opérationnalisation des chambres administratives dans les
tribunaux de première instance et les Cours d’appel, l’augmentation de plus de
65 % du budget de la justice, vérifiable depuis 2017 ; la création d’une Cour
d’appel de Commerce et du tribunal de commerce de Cotonou ; le recrutement de
quatre différentes promotions d’auditeurs de justice (78 – 12 – 85 et 80), pour
pallier le manque de personnel magistrat dans les juridictions ainsi qu’une
promotion de cent greffiers ; l’opérationnalisation de certains Tribunaux de
première instance prévus par la loi sur l’organisation judiciaire ; la création
de la Cour de répression des infractions économiques et du terrorisme en 2018 ;
le renforcement des moyens matériels et financiers des acteurs de la justice ;
et la création de la Cour spéciale des affaires foncières, qui a même déjà
rendu ses premières décisions. « Ces différentes actions montrent combien les
questions touchant à l’Institution judiciaire de notre pays tiennent à cœur au
Chef de l’État, garant de l’indépendance judiciaire », a-t-il précisé. Mais le
ministre d’Etat reste conscient des défis et des attentes. « Nos concitoyens
estiment que notre justice est lente, complexe et fortement soumise aux
pressions de toutes natures. Ce sentiment d’une justice en panne est aux
antipodes de leurs attentes légitimes. Dans le même temps, en tant que
professionnels de la justice, vous avez relevé un manque de moyens, une
complexification de l’environnement juridique et une érosion de votre
protection juridique et sociale. Cet état des lieux a interpellé et interpelle
nos consciences individuelles et collectives quant à l’avenir du système
judiciaire de notre pays et rend notre propre introspection sur notre « Justice
» indispensable», relève Abdoulaye Bio Tchané lors de la clôture des travaux.
Pour lui, les débats scientifiques et professionnels ainsi que les propositions
et recommandations qui en découlent, confirment la nécessité des réformes
opérées par le gouvernement dans le secteur de la justice et l’exigence d’aller
plus loin.
« Le gouvernement poursuit ses réformes et a à
cœur de rendre progressivement le pouvoir judiciaire financièrement et
complètement autonome. Et nous espérons qu’en retour les animateurs de la
maison Justice assumeront totalement et sans faille les missions régaliennes
qui leur ont été confiées par notre Constitution, en confortant la Justice en
tant que levier de notre développement économique. Nous devons poursuivre cet
effort pour garantir au Bénin, la réputation d’un pays où la justice, en plus
d’être efficace, est la même pour tous, quelles que soient nos origines et nos
identités », assure le ministre d’Etat ■