La Nation Bénin...
Le président de la République a pris part, jeudi 17 décembre à Abuja, à la cérémonie de commémoration des 40 ans de création de la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO). Les acquis, les défis et espoirs de l’organisation ont été passés en revue.
Lorsqu’ils lançaient en 1975 la première communauté économique régionale en Afrique, les pionniers de la CEDEAO étaient loin de croire qu’ils posaient les jalons de l’une des organisations les plus dynamiques du continent. 40 ans après, les nouveaux dirigeants de la région se réjouissent de ce qu’elle soit devenue la référence en Afrique en matière d’intégration régionale. «La CEDEAO doit être fière de ses 40 ans parce qu’elle symbolise ce que Cheikh Anta Diop appelle la restauration de la conscience historique de l’Afrique », déclare Macky Sall, président en exercice de la CEDEAO. Il reconnait ainsi aux anciens d’avoir eu l’inspiration lumineuse de faire un pari sur le futur. «Ils ont eu la sagesse de créer, par la mutualisation des potentialités de nos pays, les conditions de notre développement, dans l’unité et la solidarité», appuie-t-il. Le président sénégalais trouve que l’ampleur et la beauté du projet ouest-africain les engagent et défend la responsabilité historique de poursuivre sans relâche l’œuvre des pionniers. «40 ans, c’est l’âge de la maturité. C’est le moment de tirer les leçons du passé, de consolider des acquis et d’aller de l’avant dans la conquête de nouveaux horizons», souligne-t-il.
Les acquis de la communauté
Les acquis de la communauté, il les recense à travers certaines réformes d’intégration phares notamment la mise en œuvre du Tarif extérieur commun (TEC) de la CEDEAO, le difficile chantier du schéma de libéralisation des échanges, l’adoption du passeport de la CEDEAO ainsi que la mise en vigueur dans les semaines à venir de la carte d’identité biométrique. La CEDEAO, indique le président sénégalais, a surtout ses compétences vers les questions de paix et de sécurité. Nul n’ignore aujourd’hui l’importance de l’organisation dans la résolution des conflits dans la sous-région, dont les plus spectaculaires auront été la gestion des crises au Liberia et en Sierra-Léone. Le défi majeur de la communauté, c’est de passer de la CEDEAO des Etats à celle des peuples, insiste Macky Sall pour qui la CEDEAO devra investir davantage dans des projets touchants le quotidien des populations ouest-africaines. «Nous y arriverons en renforçant l’Etat de droit et les principes de bonne gouvernance dans notre espace, en investissant davantage dans le capital humain, en particulier la formation et l’emploi des jeunes, et en œuvrant davantage à la réalisation d’un programme de développement axé sur les résultats et bénéficiant à tous les Etats membres», conclut-il.
Kadré Désiré Ouédraogo, président de la Commission de la CEDEAO soutient également que nul ne peut ignorer aujourd’hui la pertinence de la création de l’organisation, en dépit des sacrifices et des risques encourus. «Le bilan est assez parlant et met à l’actif de la communauté de réelles avancées», précise-t-il. Il cite à ce propos un plus grand enracinement de la culture démocratique dans la région, une efficacité accrue dans la prévention et le règlement des conflits et des crises, la réalisation de l’union douanière, le lancement du projet d’autoroute Abidjan-Lagos, la marche vers la création de la monnaie unique. Mais ces succès cachent bien de difficultés, notamment celles liées au déficit de financement de l’organisation encore fortement dépendante des partenaires extérieurs. Il pense qu’il est temps que la CEDEAO se dote des moyens de financement propres afin de se donner les moyens d’agir efficacement. «Aller toujours plus loin et faire continuellement mieux, cela requiert une efficacité constamment accrue telle que nous voulons l’obtenir dans toutes nos institutions, à travers les réformes en cours», soutient Kadré Désiré Ouédraogo, qui n’a pas manqué de reconnaitre le travail des fonctionnaires de la CEDEAO.
La carte d’identité biométrique de la CEDEAO en janvier 2016
Après le passeport de la CEDEAO, la communauté disposera à partir de janvier prochain d’une carte d’identité biométrique. Le spécimen de ce nouveau document d’intégration a été symboliquement remis hier aux chefs d’Etat de la région, en marge de la commémoration des 40 ans de création de la CEDEAO. Selon Kadré Désiré Ouédraogo, président de la Commission de la CEDEAO, la carte d’identité de la CEDEAO vient renforcer la citoyenneté des ressortissants de la région qui pourront désormais s’établir et travailler en toute quiétude dans les 15 pays membres. «Elle annule et remplace le permis de résidence et établit le citoyen ouest-africain dans ses droits», affirme-t-il. Il est également annoncé la mise en place des laissez-passer biométriques au profit du personnel de la CEDEAO.
Dans le cadre des festivités marquant les 40 ans de l’organisation, la CEDEAO a procédé à l’émission d’un timbre postal dont le logo a été dévoilé par le président en exercice de la Conférence des chefs d’Etat Macky Sall. Les autorités de la communauté évoquent l’initiative comme une première dans le monde postal et soulignent qu’elle permettra surtout de mieux vendre la CEDEAO à travers tous les pays du monde entier.
Yakubu Gowon, le sultan de Sokoto et Gervais Djondo distingués
L’ancien président nigérian, Yakubu Gowon était pratiquement la tête d’affiche de la célébration des 40 ans de création de la CEDEAO à Abuja. L’homme qui a inspiré la création de cette organisation a reçu jeudi 17 décembre, une distinction de ses pairs en guise de reconnaissance pour son engagement pour la construction d’un espace régional intégré et unifié. On ne saurait parler des pionniers de la CEDEAO sans évoquer feu président togolais, Eyadéma Gnassingbé dont le leadership a été aussi déterminant dans la concrétisation du projet. Sa distinction à titre posthume a été remise à son fils, le président actuel du Togo, Faure Gnassingbé.
La CEDEAO a également distingué sa Majesté Muhammad Saad Abubakar, actuel sultan de Sokoto. Avant d’accéder à la tête de l’empire haoussa du nord du Nigeria, il fut d’abord un officier supérieur de l’armée nigériane qui a activement participé aux forces de maintien de la paix de la CEDEAO (ECOMOG) qui intervint dans la guerre civile en Sierra Léone. Il prend sa retraite de l’armée nigériane en 2006 comme général de brigade avant de prendre les rênes du Sultanat de Sokoto.
L’homme d’affaire togolais, Gervais Koffi Djondo a été également distingué par la CEDEAO. Co-fondateur du réseau bancaire ECOBANK, cet entrepreneur hors pair a été l’initiateur et le promoteur de la compagnie aérienne régionale ASKY qui facilite aujourd’hui la liaison aérienne entre les Etats membres de la CEDEAO.