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Conférence nationale des Forces vives de la Nation: Nécessité d’enseigner l’histoire aux étudiants

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Les grands faits de la Conférence nationale  sombrent dans l'oubli Les grands faits de la Conférence nationale sombrent dans l'oubli

L’histoire du Renouveau démocratique intéresse peu la jeunesse estudiantine. Nombre de ces jeunes n’en savent pas grand-chose. 

Par   Maryse ASSOGBADJO, le 27 févr. 2024 à 02h50 Durée 3 min.
#Conférence nationale des Forces vives de la Nation #enseigner l’histoire aux étudiants

Difficile de raconter l’histoire du Bénin sans évoquer la Conférence nationale des Forces vives de la Nation de février 1990. Sauf qu’après environ trois décennies et demie, les actes de ces assises sombrent dans l’oubli dans le rang de la jeunesse béninoise. Le constat au niveau de certaines universités de la place en dit long.

« J’en ai entendu parler une fois. Je n’étais pas encore né à l’époque », se défend Morel Ahouandjinou, étudiant en 2e année de Banque et assurance.

Quand on parle des assises nationales, Ange-Merveille Kpakpo, étudiant en 3e année de statistique, en a vaguement une idée : « C’était marqué dans l’histoire. Ce sont les professeurs d’histoire qui racontent ces évènements ».

Barézy Houessou, étudiant en 1re année de statistique, n’a pas non plus retenu grand-chose des assises de l’hôtel Plm Alédjo, en dehors de quelques noms d’acteurs clés, tels que feu Mgr Isidore de Souza et feu général Mathieu Kérékou. « La Conférence nationale a ouvert la voie au libéralisme au Bénin. C’est l’essentiel de ce que j’en sais », bredouile-t-il.

Carine, étudiante en 1re année de gestion des transports et logistiques, fait partie de ceux qui ne savent rien de l’histoire du pays. « C’est depuis les cours primaires que j’ai entendu parler de la Conférence nationale. Je n’en garde rien », justifie-t-elle.

L’inculture d’une frange de la jeunesse béninoise face à l’histoire se conçoit mal lorsqu’on sait que par le passé, plusieurs mouvements de jeunes ont été au cœur des luttes des peuples. Au Bénin, la Conférence nationale a mis également en lumière les luttes des jeunes pour la paix et la cohésion nationale.

« Avec tous les problèmes sociopolitiques que notre pays avait connus dans le temps, cela a fini par aiguiser le nationalisme de certains Dahoméens, notamment la frange juvénile, représentée par l’Union générale des élèves et étudiants du Dahomey », se souvient Dr Ebénézer Sèdégan, historien contemporanéiste, enseignant-chercheur au département d’histoire et d’archéologie de l’Université d’Abomey-Calavi (Uac).

On retrouve tout de même quelques exceptions dans le rang de la jeunesse estudiantine aujourd’hui. Charbel Donvidé Agossa, étudiant en année de licence, fait partie des rares apprenants à aborder avec aisance l’histoire de la Conférence nationale. « Il faut connaître l’histoire de son pays pour savoir d’où on est parti et où on va. La Conférence nationale a permis de sortir le pays de l’impasse. Il fallait apaiser les tensions sociopolitiques au sein du pays. Feu Mgr Isidore de Souza a présidé les travaux», développe-t-il, tout en recommandant l’introduction d’un module sur la Conférence nationale dans les curricula de formation.

« Bien que les jeunes passent plus de temps sur les téléphones androïd, ils ne cherchent pas à se cultiver. Lorsqu’on va enseigner ces modules, les étudiants pourront bien connaître l’histoire de leur pays. C’est mieux de mettre ces modules à la disposition des apprenants des lycées, collèges et universités afin de leur permettre d’être moulés dans l’histoire de leur pays », insiste-t-il.

Cédric Amoussou, étudiant au Cycle préparatoire Père Aupiais, semble bien être lui aussi moulé dans l’histoire. « Les assises nationales ont ouvert la voie du Renouveau démocratique au Bénin avec tous les instruments de pouvoir et de contre-pouvoir dont dispose aujourd’hui notre pays». Il apprécie beaucoup le leadership de feu Mgr Isidore de Souza et de feu Mathieu Kérékou. « Il n’est pas donné à un homme religieux d’introduire le milieu politique et de faire l’exploit de Mgr de Souza. En tant que militaire, le général Mathieu Kérékou aurait aussi pu refuser l’organisation de la Conférence »,

Cadnel Assogba, étudiant au Cycle préparatoire Père Aupiais, est né en 2004, soit quatorze ans après la Conférence nationale.  Mais il n’en sait pas moins sur le sujet. « Le renouveau démocratique a permis de tourner la page de l’instabilité politique et de remettre le pays sur les rails. J’apprécie beaucoup la démarche de Mgr de Souza qui selon les témoignages, rendait des visites nocturnes au président Kérékou pour le persuader d’organiser la conférence ».

Tout comme Cadnel et Cédric, Ebénézer Sèdégan propose l’instauration de l’histoire de la révolution militaire de 1972, de la Conférence nationale et des grands faits du Bénin dans les écoles, comme modules d’apprentissage et le recensement des reliques liées à ces évènements afin de permettre aux jeunes de mieux s'imprègner de l’histoire.