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Crise à la mairie de Parakou: Souradjou Karimou destitué, les frondeurs justifient

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Par   Claude Urbain PLAGBETO, le 20 sept. 2016 à 04h00

Souradjou Karimou Adamou n’est plus le maire de Parakou. Le conseil municipal en a décidé ainsi à l’issue d’une session extraordinaire tenue dans la matinée du lundi 19 septembre à l’hôtel de ville. Tout heureux, les frondeurs ont justifié leur acte, après le vote de défiance.

Par 20 voix pour et 5 contre, les conseillers ont retiré lundi 19 septembre leur confiance au maire de Parakou, Souradjou Karimou Adamou. La procédure entamée le 30 août dernier avec le dépôt d’une motion de destitution du maire signée par dix-neuf conseillers est arrivée à son terme. Les choses sont allées très vite ce lundi matin. La session extraordinaire à huis clos consacrée au vote de défiance aura duré à peine trente minutes dans les locaux de l’hôtel, sous haute surveillance militaire. L’artère passant devant la mairie a été momentanément bloquée pour prévenir tout débordement. Le maire sentant le coup est venu avec son véhicule personnel.
Au vote, en plus des dix-neuf signataires de la motion de destitution, un autre conseiller a rejoint le groupe de dissidents. Il s’agit du chef du premier arrondissement qui était jusque-là loyal au maire, dévoilera Idrissou Boukary, porte-parole des contestataires, au cours d’une déclaration à la presse. Ainsi, tous les trois adjoints au maire et tous les trois chefs d’arrondissement de la municipalité ont donc opté aux côtés d’autres conseillers pour le départ du maire relégué désormais au rang de simple conseiller municipal.
Conformément à l’article 53 de la loi n°97-029 du 15 janvier 1999 portant organisation des communes en République du Bénin, le préfet devra constater, par arrêté, la destitution et ce, après vérification de la légalité des différents actes. Si la vacance du poste du maire est constatée, il sera procédé sous quinzaine à l’élection du nouveau maire par le conseil communal en son sein, comme prévu à l’alinéa 2 de l’article 43 de cette loi. «Dans l’intervalle, le premier adjoint au maire assure l’intérim», stipule l’alinéa 3 du même article. Il revient donc à Ibrahim Chabi Mama, premier adjoint au maire, d’assurer l’intérim et de liquider les affaires courantes jusqu’à la convocation du conseil municipal pour la désignation du nouveau maire.
Il faut rappeler que le vote de défiance fait suite à l’échec de la conciliation entre signataires et non signataires de la motion de destitution entreprise par le préfet Moussa Maman Djibril Cissé. Il a eu à rencontrer officiellement les protagonistes de la crise par deux fois sans suite favorable, notamment les 5 et 14 septembre derniers.

Les protestataires justifient leur acte

Navigation à vue, gestion solitaire des affaires de la cité et gestion opaque caractérisée par des commandes et contrats de marchés sans aucun respect des normes et dispositions du Code des marchés publics, c’est ce qu’on savait des griefs portés contre le désormais ex-maire de Parakou par ses collègues conseillers. Mais loin de ces reproches, « Ce n’est qu’un acte de repositionnement afin que la victoire du développement soit assurée», laisse entendre Idrissou Boukary, porte-parole des signataires de la motion de destitution, après le vote de défiance. « Comme une équipe de football, la disposition des joueurs est fonction de l’enjeu... Il fallait ajuster la gouvernance aux nouveaux enjeux de développement de la ville de Parakou», justifie-t-il. Idrissou Boukary soutient que l’acte posé n’est pas dirigé contre la personne du maire et que celui-ci «a pu faire preuve de sa compétence, de son intégrité et de son engagement pour le développement de la ville». A l’en croire, la ville ne tirera que des conséquences positives de cet acte.
«Le maire Souradjou est toujours à l’intérieur de l’équipe; seulement il va prendre une position où il va être plus efficace que celle qu’il occupait jusqu’à présent », ironise le conseiller. «Il faudrait comprendre que c’est l’ensemble de la ville que nous sommes en train d’engager dans un nouveau combat, un combat pour lequel chacun aura une part de responsabilité à prendre», explique-t-il. Au nom des frondeurs, il appelle au calme les citoyens de la ville qui ont des ressentiments ou qui ont à tort ou à raison des appréhensions et rassure que c’est la lutte pour la démocratie et le développement à la base qui constitue la priorité du groupe dont il fait partie. « C’est une équipe suffisamment solide, soudée qui a eu le temps de surpasser les différents problèmes, qui a eu le temps de se tracer un chemin et de se donner un programme, qui va gérer la mairie de Parakou de façon collégiale. Ce n’est pas une équipe à tâtonner, à se rechercher. Elle sait ce qu’elle a à faire », assure le porte-parole des contestataires, eux qui pensent déjà à l’élection du nouveau locataire de l’hôtel de ville de Parakou.