Croissance démographique et développement: Les grands axes des assises nationales dévoilés (Le gouvernement promeut une démarche participative)

Le gouvernement envisage d’organiser des assises nationales sur la croissance démographique et le développement, une question qui fait débat, et qui en fera davantage, car ces assises vont déboucher sur des orientations claires, venant des délégués provenant de toutes les couches de la société. 

« Pour qu’elle joue convena-blement sa partition, il faudra que la presse, composante essentielle de la société, comprenne les enjeux », a déclaré Wilfried Léandre Houngbédji, porte-parole du gouvernement, président et modérateur général de l’atelier organisé à l’intention des professionnels des médias sur la problématique, les 8 et 9 septembre à Grand-Popo. Au cours des travaux, les participants ont été outillés sur l’évolution de la dynamique démographique au Bénin, les causes et conséquences de sa croissance, ainsi que sur les théories économiques de la démographie et leurs controverses, sans oublier les objectifs, la méthodologie et le déroulé des assises nationales sur la problématique. « Le débat aura lieu au plan national. Le chef de l’Etat en personne va tenir une séance de travail avec tous les partis politiques sur le sujet, les enjeux, afin que chacun comprenne qu’il ne s’agit pas d’un débat politicien. Toutes les tendances religieuses de notre pays seront aussi invitées, et par ailleurs, les composantes de la société, les corps constitués avant que le gouvernement se déplace dans les 77 communes pour des échanges directs avec les populations en prélude à  la phase nationale des assises à Cotonou », a expliqué Wilfried Léandre Houngbédji. 

La démarche sera donc participative et les professionnels des médias y joueront un grand rôle, parce que ayant pour mission d’informer. Des émissions débats seront organisées dans plusieurs langues nationales pour que chaque citoyen soit au même niveau de compréhension. « Il s’agit d’aller vers les populations, de passer le message surtout dans les langues locales et de recueillir leurs avis. Ainsi, nous pouvons espérer aux assises, un débat citoyen fondé sur des analyses réelles, et non juste sur des prises de position déconnectées de la réalité », a souligné Dr Kenneth Kponou, économiste, enseignant à l’Université d’Abomey-Calavi. Il faut partir de faits réels, insiste-t-il, de l’analyse sociologique du pays, des données économiques, pour des analyses concrètes afin d’aboutir à des solutions consensuelles en matière de gestion de la population, surtout que la politique de population en cours au Bénin arrive déjà à échéance en 2025. « Il faut déjà bâtir une nouvelle vision qui va beaucoup plus tenir compte des générations futures », a indiqué Dr Kenneth Kponou. La démographie n’est pas que le seul facteur de développement mais elle fait partie des éléments de développement. Selon l’économiste, il ne s’agit pas dans le cadre de la démarche gouvernementale sur la problématique, de dire que le Bénin est en surpopulation. « La population doit croître, mais à quel rythme ? Est-ce que ce rythme est compatible avec le rythme auquel nous créons de la richesse ? Voilà la problématique. C’est l’équilibre que nous visons. Nous devons rechercher les causes profondes de ce rythme de croissance démographique, et savoir quelle politique adopter pour l’inverser ou alors la modérer. Il s’agit beaucoup plus de maîtriser la croissance démographique plutôt que de la limiter », a clarifié Dr Kenneth Kponou. 

Au dire d’Alastaire Alinsato, directeur de cabinet du ministre du Développement et de la Coordination de l’Action gouvernementale, le Bénin fait partie des quinze pays au monde où l’indice synthétique de fécondité est le plus élevé. Une croissance rapide de la population (3,2 à 3,5 % par an) qui réduit considérablement les marges de manœuvre de progrès et de développement économique et social du pays. De 1979 à 2013, la population béninoise est passée de 0,9 million à 13 millions d’habitants. Elle a ainsi quadruplé en 34 ans. Alors qu’il faudrait que les pouvoirs publics trouvent l’équilibre entre les besoins en termes de couverture sociale et les investissements. A juste titre, le gouvernement pose le débat national sur la problématique de la croissance démographique.