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Cybercriminalité: 2,1 milliards F Cfa de préjudices causés à fin octobre

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Malgré la lutte acharnée enclenchée depuis plusieurs années, la cybercriminalité fait encore de nombreuses victimes au Bénin. Au moins 3611 personnes sont tombées dans les pièges des arnaqueurs depuis janvier, avec des préjudices financiers estimés à plus de 2,1 milliards F Cfa.

Par   Claude Urbain PLAGBETO, le 14 nov. 2023 à 01h39 Durée 4 min.
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Les préjudices financiers causés à travers les actes de cybercriminalité sont chiffrés à 2 127 331 671 F Cfa entre janvier et octobre 2023, selon les statistiques de l’Office central de répression de la cybercriminalité (Ocrc). Sur cette période, l’Office a enregistré 2 539 victimes d’arnaque sur le plan national et 872 victimes étrangères.

Ces chiffres qui témoignent de l’ampleur du fléau ont été présentés par Spero Yves Houngnimy, expert en cybersécurité, lors de la vingt-sixième conférence périodique du ministère de l’Economie et des Finances (Mef), tenue le 10 novembre dernier à Cotonou sur le thème « Les enjeux économiques de la transformation numérique au Bénin ».

Le phénomène touche toutes les couches de la population : fonctionnaires, commerçants, ouvriers, artisans, et tous les domaines de la vie économique et sociale à savoir : mœurs, honneur, dignité, biens, affectant l’image, la crédibilité et l’économie du pays. L’escroquerie via Internet (don, achat ou vente, prêt, investissement fictif en ligne, procédure visa en ligne, maraboutage), la sextorsion et le chantage font beaucoup de victimes, surtout à l’étranger. Sur le plan national, l’escroquerie via les moyens de paiement électronique (arnaque MoMo, vol de numéraire, dépôt erroné), la fraude numérique (piratage de compte des réseaux sociaux, usurpation d'identité) et la diffamation sont plus développées.

Traque impitoyable

Pour ces différentes infractions, 1275 personnes sont déférées entre janvier et octobre dont 1124 sur le plan national (1028 hommes et 62 femmes). Chose curieuse, l’on y dénombre plusieurs mineurs : 22 sur le plan national et 6 à l’étranger, ayant succombé au gain facile. Au total, 57 véhicules, 97 motocyclettes et 118 818 330 F Cfa en numéraire ont été saisis sur la période.

Ainsi, malgré l’intensification de la lutte contre la cybercriminalité, le Bénin fait face à des menaces sans cesse croissantes telles que l’hameçonnage ou phishing, les logiciels malveillants, les ransomwares et les attaques de déni de service (Ddos), indique Spero Houngnimy.

Les cybermenaces qui visent les entreprises et les utilisateurs particuliers, préjudicient aux intérêts des consommateurs et des commerçants dans le commerce électronique, signale-t-il. En outre, poursuit l’expert, elles constituent des menaces sérieuses à la stabilité de l’ensemble du système financier, étant donné le risque systémique lié notamment aux opérations de blanchiment de l’argent électronique et au financement du terrorisme.

Ainsi, la cybercriminalité impacte l’économie en occasionnant une perte de confiance de la part des clients et des partenaires, des coûts élevés pour l’entreprise, une interruption des activités commerciales ayant un impact financier sur l’économie nationale, renchérit M. Houngnimy. Pour lui, la cybersécurité est essentielle pour assurer la protection des données, maintenir la confiance du public et contribuer à l’économie numérique en favorisant des services et produits de confiance numérique.

Approches de solutions

L’ampleur du fléau de la cybercriminalité appelle des réponses adaptées à l’insuffisance d’infrastructures de sécurité informatique et au manque de compétences et de connaissances en cybersécurité, toutes choses qui compromettent la sécurité des données et nuisent aux efforts de prévention et de détection des menaces.

La collaboration entre les entités publiques (universités-Asin-Ocrc), les entreprises et le public aiderait à renforcer les mesures de cybersécurité, en favorisant le partage des connaissances, des outils et des ressources, préconise l’expert en cybersécurité. Il importe que les institutions publiques et privées intensifient les sensibilisations des employés aux risques de sécurité informatique et leur apprennent les meilleures pratiques de cybersécurité, recommande-t-il. Aussi, convient-il de renforcer la Politique de sécurité des systèmes d’information de l’Etat (Pssie) mise en œuvre par l’Agence des systèmes d’information et du numérique (Asin).

Le gouvernement devra maintenir le cap en investissant davantage dans des technologies telles que des systèmes de surveillance et des outils de chiffrement pour améliorer la sécurité des données pour les organisations et les particuliers, estime Spero Yves Houngnimy. Il suggère, par ailleurs, une étude d’experts aux profils diversifiés (économistes, ingénieurs en informatique, juristes, sociologues et psychologues) pour endiguer les cybermenaces et y trouver des solutions globales.