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Décédé le 15 janvier dernier: Jérôme Carlos inhumé au cimetière municipal de Porto-Novo

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Le père célébrant aspergeant le corps d’eau bénite avant son départ pour le cimetière Le père célébrant aspergeant le corps d’eau bénite avant son départ pour le cimetière

Le corps de Jérôme Carlos, journaliste-chroniqueur et écrivain, rappelé à Dieu, le 15 janvier dernier, dans sa 80e année, repose désormais en paix, depuis ce jeudi, au cimetière municipal de Porto-Novo. L’inhumation a été précédée hier, d’une messe d’adieu et d’hommage célébrée en la cathédrale Notre dame de Porto-Novo pour tout ce que l’illustre disparu a été pour le Bénin et l’Afrique. 

Par   Thibaud C. NAGNONHOU, A/R Ouémé-Plateau, le 26 janv. 2024 à 07h59 Durée 5 min.
#Jérôme Carlos inhumé au cimetière municipal de Porto-Novo

« L’icône s’en va mais l’astre ne s’éteint pas. Jérôme Carlos a fait briller la lampe. Mais l’occasion de ses obsèques le place sur un lampadaire pour que sa lumière brille davantage ». C’est par cette certitude d’immortalité du célèbre journaliste-chroniqueur et écrivain Jérôme Carlos que le père Modeste Dohou a chuté son homélie pour saluer toute la grandeur de l’illustre disparu. La dimension de l’homme explique d’ailleurs la forte mobilisation des pères célébrants pour l’eucharistie d’adieu. Ils étaient sept prêtres à co-célébrer, ce jeudi, la messe d’inhumation. Le culte a été présidé par le père Ernest Gbèdan, curé de la cathédrale Notre Dame de l’Immaculée conception de Porto-Novo. Pour ces hommes de Dieu, Jérôme Frumence Carlos était un chrétien catholique fervent. Il était proche et admiré de plusieurs prêtres de l’église catholique. En cette occasion, l’évêque de Porto-Novo, Mgr Aristide Gonsallo, a porté un mot de condoléances à l’endroit de la famille éplorée. Le message a été lu à l’entame de la messe. Pour l'évêque, la mort est une certitude. L’homme est un être pour la mort. Cependant, l’on aurait souhaité que cela ne s’applique pas à certains hommes. Car on les aurait voulus immortels tant ils marquent la vie de la société de leur présence d’attention et de leur contribution. Jérôme Carlos est de cette race d’hommes, écrit Mgr Aristide Gonsallo. L'évêque salue le journaliste émérite, l’écrivain talentueux aux réflexions pointues et soucieux du bien du peuple, qu’a été le promoteur de la radio Capp Fm. Il a imploré le Seigneur d’effacer par sa miséricorde les fautes, les manquements et les péchés de Jérôme Carlos et de lui accorder la gloire de la résurrection. 

Gloire de la résurrection 
 
Le père Modeste Dohou, dans son homélie, a rappelé le souvenir reconnaissant de la collaboration intellectuelle qui a existé entre l’illustre disparu et lui. Il y a quelques semaines encore, plus précisément le samedi 9 décembre 2023, se souvient le père Modeste Dohou, il a vu Jérôme Carlos lors d’un office des défunts d’un membre de sa famille. Jérôme lui disait d’une voix branlante, « mon père vous allez bien, saluez mon épouse ». Le père Modeste Dohou dit ne penser point que l’émérite journaliste dont il avait le plaisir, depuis une vingtaine d’années, à délecter et à écouter ses chroniques hebdomadaires lui disaient ainsi adieu. Car, Jérôme Carlos avait une fière allure que le poids de l’âge n’a pas réussi à plier avant l’heure fatidique de son rappel à Dieu. Il était si discret qu’on le croyait être d’une autre planète. Il a compris la personnalité de l’homme, à travers ses chroniques hebdomadaires. Jérôme Carlos était un homme épris de justice, de vérité et de paix qui voulait éveiller la conscience de ses concitoyens. Les titres de certaines chroniques en disent long sur le projet humaniste de l’homme, relève le père Modeste Dohou. Il a rappelé quelques titres de chroniques pour amener l’assistance à redécouvrir l’immensité de l’illustre disparu, un homme très cultivé, brillant, simple, humble, honnête et intègre. Des qualités qui lui valent le respect de tous ses confrères et de tous les intellectuels du Bénin, de la Côte d’Ivoire où il a exercé une bonne partie de sa profession et de l’Afrique, souligne le père Modeste Dohou. Poursuivant son homélie, le prêtre dit noter le souci constant de Jérôme Carlos, à travers ses chroniques, de servir la nation et son développement.
Présences remarquables 

L’illustre disparu a mis sa plume et sa force au service de la paix et de la réconciliation des hommes. La dernière chronique que l’émérite journaliste a écrite, lundi 15 janvier dernier, jour de son décès, marquera à jamais sa fidélité à son pays le Bénin, l’Afrique et l’humanité. « Jérôme est l’un de ces hommes qui ont aimé Dieu et leurs frères. Qu’il repose maintenant en paix ! », a prié le père Modeste Dohou. La messe a pris fin par les prières d’absoute, l’aspersion d’eau bénite et l’encensement de la dépouille de l’illustre disparu. 
La cathédrale Notre dame de Porto-Novo était pleine comme un œuf. Plusieurs personnalités et autorités ont rehaussé de leur présence la messe. Il y avait le président de l’Assemblée nationale, Louis Vlavonou, la ministre en charge de la Communication, Aurélie Adam Soulé Zoumarou qui était accompagnée de certains membres de son cabinet et son collègue des Enseignements maternel et primaire, Salimane Karimou. Le secrétaire général adjoint et porte-parole du gouvernement, Wilfried Léandre Houngbédji était aussi présent. D’anciens présidents d’institutions de la République dont Abraham Zinzindohoué, Bruno Amoussou, Antoine Kolawolé Idji et Robert Dossou ont fait aussi le déplacement pour dire adieu à l’illustre disparu. L’Office national d’imprimerie et de presse (Onip) que Jérôme Carlos a eu à diriger dans les années 1975, alors sous l’appellation de l’Office national d’édition de presse et d’imprimerie (Onepi), ne s’est pas aussi fait prier. Il était fortement représenté par une délégation conduite par le directeur général de l’Onip, Bertin Sowakoudé.
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Retour sur le parcours de Jérôme Carlos 

Arrière-petit-fils d’esclave dont les racines ancestrales s’étendent du Brésil au Bénin en passant par le Nigeria, Jérôme Carlos est né le 30 septembre 1944 à Porto-Novo. Il fit ses études primaires dans la même ville puis ses cours secondaires au collège catholique père Aupiais de Cotonou.  Ici, il a appris la rigueur, le travail intellectuel et les exigences de la vie associative. Il s’est illustré à travers ses résultats scolaires et dans l’athlétisme. Jérôme Carlos a été champion africain du saut en hauteur de 1965. Il gardera jalousement son record pendant une quarantaine d’années. Homme de lettres, il fera une formation de journaliste et d’historien. Ce qui lui donne la chance d’occuper les fonctions de directeur des musées-bibliothèques et archives nationales. Il sera au début de la Révolution au Bénin, précisément en 1975 directeur général de l’Onepi qui édite le journal de service public Daho-Express. Il a eu maille à partir avec le régime  marxiste-léniniste. Il dut s’exiler en France. Après un court séjour à Paris en 1980, il s’installe en Côte d’Ivoire où il s’est fait distinguer à travers ses nombreux articles. Il devient très vite rédacteur en chef d’Ivoire dimanche, puis de la Presse et de Lettre d’Afrique. Ses nombreuses expériences ont fait de lui un consultant auprès de l’Institut culturel africain à Dakar au Sénégal. Ecrivain, il a publié plusieurs ouvrages. Il sera lauréat du Grand prix littéraire de toute l’Afrique en 1989. Avec le nouveau vent de démocratie qui souffle sur le Bénin dans les années 90, Jérôme Carlos rentre en 1996 et crée le Centre africain de la pensée positive (Capp) puis promeut dans la même année la radio Capp Fm, une radio privée commerciale.

Th. C. N.