La Nation Bénin...
La presse nationale vient de perdre un grand
homme. Pour ceux qui l’ont côtoyé durant des années, l’éminent journaliste et
écrivain Jérôme Carlos est un modèle de vie et un homme hors pair.
Hospice Noudehou, journaliste et ancien
directeur général du journal ‘’Daho-express’’ à la retraite
« C’est un monument qui s’est écroulé »
Jérôme Carlos est un grand frère, un aîné, un
confrère de haut niveau que j’ai côtoyé durant une bonne partie de ma vie
professionnelle. D’abord, je l’ai connu au Cours secondaire Notre Dame de
Lourdes de Porto-Novo où il était en avance sur moi. Il faisait la série
classique à l’époque. Après l’obtention de son Brevet d’études du premier
cycle, il a intégré le collège Père Aupiais où il a décroché son Baccalauréat.
Après le Bac, et puisque l’Université nationale du Bénin n’existait pas à
l’époque, il a rejoint le Cours d’enseignement supérieur de Lomé où il a obtenu
son Diplôme universitaire d’enseignement littéraire. A la suite, il s’est
retrouvé à Dakar où il a obtenu sa licence et sa maîtrise. Suite à cela, il est
revenu à Cotonou pour enseigner l’Histoire et la Géographie. Nous, nous étions
encore étudiants lorsqu’il a intégré la vie professionnelle. C’est comme ça
qu’on s’est retrouvé à l’Office national d’édition de presse et d’imprimerie
(Onépi) en 1975 où il a été nommé directeur général en remplacement de Thomas
Mègnassan. A son arrivée à l’office, il n’a trouvé que deux journalistes, Noël
Allagbada et moi-même parce qu’il y avait pénurie de journalistes à l’époque.
Les anciens étaient à la retraite et nous autres, nous venions d’intégrer la
fonction publique, tout jeunes. Allagbada et moi, nous nous sommes mis à son
école.
A son arrivée, il a apporté un nouveau souffle au journal Daho-express. Ce nouveau vent a permis au journal de prendre un nouvel élan et le contenu était devenu beaucoup plus intéressant. Les éditoriaux étaient souvent circonstanciels mais avec son arrivée, on a commencé par faire des éditoriaux quotidiens accompagnés d’un billet du jour. Il se chargeait lui-même de rédiger ces éditoriaux ainsi que les billets du jour parce qu’il avait la passion de la plume. Au moment de boucler le journal, il se charge de lire ses écrits aux journalistes en permettant à chacun de faire ses observations. Cela a permis à nous, les jeunes de tirer leçons de ces expériences. A son départ, puisqu’il n’est pas resté longtemps avec nous, suite à des évènements politiques plus précisément aux troubles occasionnés par la mort du capitaine Aïkpé, on s’est mis à la tâche et on a commencé par rédiger les éditoriaux ainsi que des billets du jour, tous les jours.
Jérôme Carlos est polyvalent. C’est un professeur de lettres. D’abord, on l’a connu en tant que journaliste de la presse écrite. A Dakar tout comme à Abidjan où il s’est exilé, beaucoup de confrères de notre génération l’ont apprécié parce qu’il a travaillé avec plusieurs journaux. Sa compétence a été reconnue et sa belle plume a été saluée. Il est aussi journaliste de la presse audiovisuelle puisque à son retour de l’exil, il a créé une radio appelée la radio Capp Fm. En ma qualité de secrétaire général de la Haute autorité de l’audiovisuel et de la communication à l’époque, on a eu à échanger plusieurs fois. C’est un monument qui s’est écroulé parce que non seulement il est journaliste, grand professeur, homme de lettres mais c’est aussi un grand athlète. Nous saluons la mémoire de l’illustre disparu qui doit demeurer un modèle pour la jeune génération qui monte. Il est important d’écouter ses chroniques qui sont des textes pédagogiques qui apportent un plus à l’auditeur.