La Nation Bénin...
L’Agence judiciaire du trésor (Ajt) disparaîtra
dans quelques jours. Elle sera remplacée par l’Agence judiciaire de l’Etat qui
dispose de prérogatives plus claires et beaucoup plus étendues. C’est ce qu’a
décidé le gouvernement hier en Conseil des ministres.
L’Agence judiciaire de l’Etat (Aje) remplacera
l’Agence judiciaire du trésor qui défendait jusque-là les intérêts de l’Etat
devant les tribunaux et auprès d’autres instances. C’est l’une des principales
décisions du Conseil des ministres de ce mercredi 13 décembre. Ce changement
institutionnel ne se limite pas qu’à la dénomination. La nouvelle structure
aura des pouvoirs bien plus larges que celle qui existe actuellement. Les
limites et modalités de ses actions seront plus précises, tenant compte des insuffisances
relevées dans le fonctionnement de l’Agence judiciaire du trésor. L’Aje pourra
ainsi valablement représenter l’Etat dans toutes les affaires pécuniaires aussi
bien devant les instances nationales qu’internationales. En clair, elle aura
pour mission la représentation et la défense des intérêts non pécuniaires des
institutions, administrations et démembrements de l’Etat, des organismes
publics non dotés de la personnalité juridique, dans tous les contentieux
devant les juridictions, les instances arbitrales et les entités compétentes au
plan national et international. La nouvelle institution aura aussi pour
fonctions de représenter les intérêts indirects de l’Etat, en l’occurrence des
collectivités territoriales, des sociétés d’Etat, des sociétés à participation
majoritaire de l’Etat, des établissements publics, des sociétés privées
chargées d’une mission de service public dans le cadre de leurs actions en
demande ou en défense. Il revient aussi à l’Aje de poursuivre et de recouvrer
les créances des sociétés ou offices d’Etat dissous ou liquidés et d’organiser
des suites des affaires de ces sociétés ou offices puis de recouvrer les
créances cédées à l’Etat et toute créance lui appartenant.
Contrairement au contexte de fonctionnement de
l’Agence judiciaire du trésor, le projet de loi sur l’Aje prévoit les règles
relatives aux significations, notifications, communications aux personnes
publiques ou représentant des intérêts publics. Dans ce sens, il est fait
l’option de la signification conjointe des actes introductifs d’instance ou des
procédures intentées contre l’Etat ou les entités morales de droit public.
Exit l’Ajt !
Jusque-là, l’Agence judiciaire du trésor a pour
mission de représenter l'Etat dans les actions intentées devant les instances
judiciaires, d’opérer le recouvrement des créances de l'Etat qui ne se
rattachent ni à l'impôt ni au domaine, et de donner des consultations et avis.
En cela, sa mission est de défendre les intérêts de l’Etat aux fins de
recouvrement des créances. Ses attributions ne couvrent donc pas le volet
prévention qui aurait pu faire éviter ou réduire la survenance des risques.
De plus, il est à remarquer le silence des
textes sur les règles devant organiser la collaboration de l’Ajt avec les
institutions étatiques qu’elle représente en défense. Les règles ne sont pas
clairement définies. Il en est de même pour les règles de procédure à suivre
devant les différentes juridictions.
Ce constat désolant est le même pour les
modalités relatives aux significations, aux notifications et communications ou
encore celles sur les relations avec les avocats et autres mandataires. Bien
évidemment, ce manque de codification de certains paramètres de la mission de
l’Ajt peut être handicapant devant certaines situations et induire un risque
d’imprévisibilité. C’est pour corriger ces insuffisances que le gouvernement a
élaboré ce projet de loi portant dispositions spéciales de procédures relatives
à l’organisation de la défense des intérêts de l’Etat devant les juridictions
et création de l’Agence judiciaire de l’Etat.