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Démission politique: Acte de courage ou de lâcheté ?

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Démission politique: Acte de courage ou de lâcheté ? Démission politique: Acte de courage ou de lâcheté ?

La démission politique est un acte de courage mais aussi de lâcheté dans certaines circonstances. Pour l’universitaire Mathieu Tchansi N’Tcha, elle témoigne d’une prise de position forte suivant une conviction ou une idéologie que l’on défend avec son groupe politique. Cette prise de position peut être justifiée par la défense d’un intérêt personnel, légitime ou d’une valeur. 

Par   Isidore GOZO, le 08 nov. 2023 à 08h06 Durée 3 min.
#Démission politique #Acte de courage

« Démission politique : Courage ou lâcheté ?». C’est le thème qui a fait l’objet de communication, samedi 28 octobre dernier à l’Université d’Abomey-Calavi lors de la rentrée solennelle du Groupe de réflexion alternative et perspective (Grap). Dans son développement, le communicateur Mathieu Tchansi N’Tcha explique que le sujet sur la démission politique est d’actualité et mérite que l’on s’y penche. Du simple citoyen à l’universitaire en passant par l’homme politique lui-même, l’intérêt de la démission est diversement apprécié. Il note que si elle dérange certains, la démission arrange d’autres. Certains y voient un refus de composer avec le réel, d’autres y perçoivent une protestation salutaire, d’autres encore, un calcul personnel.

La démission politique peut être collégiale ou individuelle. Pour Mathieu Tchansi N’Tcha, elle est de nature collégiale lorsqu’il s’agit de la mise en cause de la responsabilité du gouvernement, qui entraine la démission de son ensemble. La même finalité s’appliquera lorsque le premier ministre, sous d’autres cieux, donne sa démission au président de la République.

La démission est également individuelle et ici, en cas de désaccord ou sur révocation par le président de la République ou sur proposition du premier ministre. « Si un ministre démissionne, le reste de l’équipe poursuit la réalisation de l’action gouvernementale », a-t-il noté.

La démission politique peut être également volontaire. A ce niveau, souligne l’universitaire, elle est basée sur une idéologie ou un intérêt personnel. « Depuis qu’il y a les réformes partisanes au Bénin, nos partis politiques vont de plus en plus vers une idéologie. Dans ce sens, lorsque vous ne suivez pas cette idéologie, vous pouvez être démis. Lorsqu’elle est basée sur un intérêt personnel, l’art de démissionner n’aurait ici une cause liée à un intérêt légitime », a-t-il indiqué. 

Démission volontaire

A l’analyse de la définition du courage et de la lâcheté, Mathieu Tchansi N’Tcha affirme que seule la démission volontaire peut être abordée dans le cas d’espèce. Pour être courageux ou pour être lâche, à l’en croire, il faut avoir le choix. « L’opinion pardonne facilement tous les vices sauf la lâcheté mais ce n’est pas de la lâcheté que de sauver sa peau. Cela relève même de l’intelligence », a-t-il souligné en ajoutant que la source de la démission comme un acte de lâcheté réside le plus souvent dans les intérêts personnels.

La démission est souvent une échappatoire face aux responsabilités politiques. « Par exemple, un homme politique qui démissionne pour échapper à une situation difficile ou pour éviter les conséquences de ses propres actes peut être considéré comme un lâche. En droit, elle est synonyme d’une abdication tant elle traduit l’incapacité du démissionnaire à remplir ses fonctions », rappelle l’universitaire. Il précise que la lâcheté n’est en principe pas sanctionnée par le droit pénal. Elle constitue, cependant, une faute pour un militant abandonnant son poste pour faciliter le combat à son adversaire. Mais que ce soit démission, courage ou lâcheté, cela dépend, d’après lui, de la fenêtre par laquelle l’on regarde, de la position que l’on adopte. Dans son argumentation, Mathieu Tchansi N’Tcha relève que la démission d’un ministre, pour un opposant, peut être un acte de courage mais un acte de lâcheté pour le mouvancier. Alors, il faut relativiser au cas par cas.