La Nation Bénin...
Un contrôle inopiné à la mairie de Parakou a révélé de
graves irrégularités dans la gestion des taxes de chargement de bus. Plus de 7
millions F Cfa n’ont pas été reversés dont 5 millions demeurent introuvables.
La gestion des fonds publics à la mairie de Parakou est
au cœur de la tourmente. Un contrôle inopiné mené par la direction des Affaires
administratives et financières a révélé de graves irrégularités dans la
collecte et la gestion des taxes de chargement de bus, fixées à 5 000 F Cfa par
opération. Le montant total non reversé est évalué à 7 520 000 F Cfa, dont 5
millions demeurent encore introuvables, selon le Procès-verbal de contrôle
inopiné en date du 27 mai 2025 que nous avons consulté.
L’audit a porté sur la période allant d’octobre 2024 à
mai 2025 et a concerné le bureau du régisseur des recettes de la mairie de
Parakou ainsi que la Trésorerie communale de Parakou. Les agents de contrôle,
composés notamment de la directrice des Affaires administratives et
financières, du chef du service du Recouvrement des recettes et du Trésorier
communal, ont examiné les registres de mouvements, les livres journaux de caisse,
les carnets de taxe et les relevés de versements effectués par les collecteurs.
Les constats sont alarmants. Il en ressort qu’aucun reversement n’a été effectué entre octobre et décembre 2024, « en raison de l’absence de ligne d’imputation adéquate » dans les systèmes informatiques de gestion financière Gbco et WMoney. Mais l’argument ne tient plus dès lors que le cahier des collecteurs du parc Cncb fait état de 7 330 000 F Cfa recouvrés, dont à peine 2 715 000 F Cfa ont été effectivement reversés.
Incohérence flagrante
Pis, un second pointage effectué le 27 mai dernier a mis
en évidence une incohérence flagrante. Au total, dix carnets de tickets de taxe
sont en excédent par rapport aux fiches des collecteurs, mais manquants dans le
stock physique de la Trésorerie communale. La valeur de ces dix carnets
manquants correspond précisément aux 5 millions F Cfa non encore restitués.
Face à ces irrégularités, l’équipe de contrôle a
recommandé le remboursement immédiat du montant restant dû et demandé à
l’autorité compétente de prendre des mesures disciplinaires contre les agents
impliqués. Un mis en cause a reconnu les faits et procédé à un remboursement
partiel de 2 520 000 F Cfa que le trésorier communal a récupéré contre
décharge. Des zones d’ombre planent sur la traçabilité du reste des fonds.
Ce nouveau scandale pose la question de la gouvernance
financière dans les collectivités locales et du niveau de surveillance exercée
sur certaines régies de recettes. Il jette également une lumière sur les
limites des outils numériques de gestion utilisés qui ne garantissent pas
encore une reddition fiable et continue des comptes.
Dans un contexte où les ressources communales sont vitales pour financer les services de base et les infrastructures urbaines, de telles dérives risquent d’entamer encore davantage la confiance des citoyens. Il revient à la mairie et à la justice de faire toute la lumière sur cette affaire et de sanctionner les responsables à la hauteur de leur forfait.