La Nation Bénin...
Ils ne sont plus que deux
désormais à garder la flamme du groove allumée par le légendaire orchestre Poly
Rythmo. Et pour cause, le bassiste Gustave Bentho Titiou dit Junior a quitté la
scène, lundi 19 février dernier.
Gustave Bentho Titiou dit
Junior n’est plus. Le bassiste et compositeur de talent du célèbre groupe Tout
Puissant Poly Rythmo s’est éteint à l’âge de 73 ans, lundi 19 février dernier,
des suites d’une maladie. Il laisse inconsolables ses compères Vincent
Ahéhéhinnou et Pierre Loko qui sont désormais les deux membres historiques du
groupe originel encore en vie, et de nombreux mélomanes de plusieurs
générations.
Après ses débuts avec le
groupe Super Star de Ouidah, Gustave Bentho Titiou a rejoint en 1969 le
légendaire orchestre T.P. Poly Rythmo, créé par le regretté accordéoniste,
saxophoniste et surtout compositeur hors pair Clément Mèlomè dit Aka Mélo ou
Meloclem disparu le 17 décembre 2012. Son doigté et ses envolées lyriques à la
guitare basse sont remarquables sur les chansons du groupe qui totalise à son
actif environ 550 disques et plus de 1000 titres faits de mélodies immortelles
d’afrobeat, high-life, salsa, afro-cubain, soukous, reggae, jerk, funk, folk,
soul et autres rythmes « vodoun» modernisés.
Poly Rythmo lui doit
notamment « Le disque d’or » sorti en 1978, un des meilleurs albums et surtout
à succès de l’orchestre. Le vinyle sorti sous le label Libert international
records (Lir) comporte notamment les savoureux titres : Souviens-toi de ta promesse,
Gbê sou vê gnin (La vie semble facile Mais...), So kê mi (Pardonne-moi) et
Agnon djidjo (Tu as bon caractère).
Lors de la randonnée
ivoirienne du groupe au milieu des années 80, le bassiste Gustave Bentho a
signé les morceaux Alissa wê djê ha gbê (folklore, fon) et Kossi dagbé houétro
(highlife, mina) du disque du groupe sorti sous le label Badmos (numéro BB 118).
Il est aussi l’auteur des morceaux Nou tché non vè yé hou, Miséricorde, Iya mè
dji ki bi ni, Adondjin na gnin, Honton kando gomè, des chansons qui étaient
privilégiées dans les playlists de la Radio nationale et dans les cérémonies à
l’époque.
Lui et les autres membres
du groupe ont accompagné de grands noms de la musique béninoise, africaine et
afro-caribéenne dont l’Homme-orchestre Danialou Sagbohan, le Nigérian Fela
Anikulapo Kuti, le Camerounais Manu Dibango, la Sud-Africaine Miriam Makeba, la
Togolaise Bella Below, les Congolaises Tshala Muana et Mbilia Bel, Bembeya Jazz
National et Amazones de Guinée, Tidiani Koné, Rail Band et Nahawa Doumbia du
Mali, pour ne citer que ceux-là.
Avec la résurrection du
groupe impulsée par la journaliste Elodie Maillot de Radio France dès 2008,
Gustave Bentho Titiou est apparu virevoltant avec son instrument de
prédilection, malgré le poids de l’âge, lors des prestations et tournées du
groupe. La sortie en 2011 de l’album Cotonou Club, enregistré chez Universal
Music Jazz (Sound’Ailleurs) vingt ans après le dernier, est en partie son
œuvre. L’album Madjafalao enregistré en 2015 et sorti en octobre 2016 sous le
label Because Music porte également les empreintes de Bentho Gustave Titiou.
Son décès constitue une grosse perte pour la musique béninoise.