La Nation Bénin...
Elle aura marqué les
générations ainsi que les inconditionnels du journal télévisé sur la chaîne
mère, l’Office de radiodiffusion et télévision du Bénin (Ortb), par sa
prestance et cette classe qui distinguent les grands hommes. Retour sur le
parcours d’une grande professionnelle du secteur des médias.
« Il y a des paliers dans
notre métier qu’on ne peut franchir qu’au mérite et ce dont j’ai horreur, c’est
de faire les couloirs et les coulisses. J’adore les défis et je n’aime pas que
l’on dise que je dois ma position à des amitiés». Ainsi se confiait Annick
Balley, en mai 2009, dans un entretien à Bénin Mag. Rédactrice en chef de la
Télévision nationale à l’époque, elle était presque le visage du Journal
télévisé tant les téléspectateurs ne manquaient aucunement cette tranche de
programme. Disparue le 14 février dernier, elle laisse le souvenir d’une
professionnelle qui jouissait d’une grande notoriété dans l’univers des médias
béninois.
Formée à l’Institut
supérieur des techniques de l’information et de la communication (IFACIC)
aujourd’hui Faculté des sciences de la communication, dans l’ex Zaïre, celle
qui témoignait avoir fait son entrée à l’Ortb en tant que stagiaire, coachée
par Jean N’tcha et André-Marie Johnson, ses aînés, a tôt pris ses marques bien
que les débuts n’ont pas été sans écueils. « On trouvait que j’avais de la
présence mais un débit de parole qui ne correspondait pas à celui des Béninois.
Il fallait ralentir un tout petit peu. Damien Allahassa, alors directeur
général de l’Ortb, a vu en moi un talent et il n’a pas voulu qu’on me laisse
partir à la fin de mon stage. Il m’a donné ma chance. Pour une jeune
journaliste qui venait d’arriver avec son parchemin, je puis dire que la vie
m’a gâtée », se rappelait-elle. Le regard ferme et souriant quand il le faut,
elle a fini par s’imposer sur le petit écran, révélant toute sa dimension. Du
journal télévisé aux grands débats d’actualité, Annick Balley construit sa
renommée et fait l’unanimité dans le rang de ses collègues qui retrouvent en
elle cette flamme d’inspiration à aller au bout de ses limites. « Trois points
essentiels m’ont guidée dans ma profession. C’est avant tout la passion du
métier choisi. Je ne pense pouvoir donner autant si je n’aimais pas ce que je
fais. Le barreau et le journalisme ont été longtemps des métiers qui m’ont
impressionnée dans ma jeunesse. Finalement la plume et le micro ont pris le
dessus sur la toge. L’amour du travail bien fait m’a permis de donner le
meilleur de moi. Je ne suis pas satisfaite tant que je n’arrive pas à bout de
mes capacités. A ceci, il faut ajouter la documentation, des valeurs comme le
respect de votre vis-à-vis, le respect de la parole donnée et le respect des
normes professionnelles. Dans ce métier le respect compte beaucoup et pour tout
couronner, c’est la disponibilité et comme je n’ai pas eu d’ennuis de santé,
l’aventure continue », soulignait-elle pour montrer les ressorts qui ont
façonné son parcours. De cette expérience elle garde de beaux souvenirs qu’elle
se plaisait à conter. «Je crois qu’il y a deux ou trois petits trucs que je
garde comme souvenirs. D’abord l’image de cette jeune journaliste qui reçoit en
invité l’une des plus grandes personnalités du monde, le secrétaire général des
Nations Unies, Boutros Boutros Ghali. Ensuite, l’interview de Boni Yayi, la
toute première que l’Ortb a réalisée à un président de la République. On m’a
donné cette occasion de recevoir le chef de l’Etat. La troisième chose qui est
aléatoire, c’est que je me suis toujours retrouvée au cœur des grands
évènements de notre pays. La nature ne peut vous donner autant de chances dans
la vie. Je pense avoir marqué par mes interventions certaines périodes de la
vie du pays. J’ai eu également ce privilège de recevoir ce monsieur assez
redoutable qu’est le professeur Albert Tévoèdjrè. Quand vous êtes devant lui,
vous vous demandez si vous pouvez tenir. C’est un homme assez cultivé, assez
dense et hyper volubile. Il faut pouvoir le canaliser et être à la hauteur pour
ne pas être ridicule. La chance qui m’a été donnée d’être dans les grands
évènements constitue une marque de reconnaissance qui honore ma petite
personne».
Ils ont dit
Luc Aimé Dansou « Elle
était une boule d’énergie »
Je salue la mémoire et
l’œuvre d’une grande dame. Annick Ballley avait une belle âme. Elle était une
femme de conviction, une boule d’énergie capable de rire aux éclats, et
l’instant d’après, cracher sa colère en toute responsabilité.
Journaliste et
présentatrice de programmes de télévision, elle s’imposait d’abord la rigueur,
à elle-même et ne supportait pas la médiocrité.
Avec sa disparition, c’est
une figure emblématique du paysage médiatique béninois et africain qui manquera
aux générations montantes.
Une professionnelle de
l’audiovisuel qui a su se faire respecter par la qualité de son travail, sa
rigueur et son engagement pour la cause du journalisme indépendant et
responsable. Pour elle, quand on refuse, on dit NON.
Jisleine Adimi « C'est une
dame de fer mais avec un cœur en or »
Annick Balley est
caractérisée par le travail, le travail bien fait, la volonté et la
détermination de réussir tout ce qu'elle entreprend. Elle a un sens inouï de la
responsabilité. Très rigoureuse,
professionnelle et fière. C'est une dame de fer mais avec un cœur en or.
Toujours disponible pour ses collègues, confrères et consœurs et amis. Elle
dégage une forte assurance et une farouche détermination à s'imposer toujours
par le travail bien fait. Ce sont de
grandes et belles qualités que nous gardons de Annick.
Outre sa disponibilité à
nous accompagner dans la réalisation de notre carrière professionnelle, Annick
Balley ne ménageait aucun effort pour nous soutenir aussi au plan privé.
Plus qu'une aînée, une
collègue, une amie, Annick était comme une maman pour moi et pour bien
d'autres...
Que son âme repose en paix
!
Donklam Abalo « Il y a des
visages qui marquent à vie »
Il y a des voix qu’on ne
peut oublier. Il y a des visages qui marquent à vie. Il y a des professionnels
qui se démarquent de l’ensemble.
Annick Balley était de
cette catégorie de professionnels des médias qui ne laissent personne
indifférent. Comme sa mort, sa vie nous a marqués. A l’heure de l’inévitable séparation, il me
plaît de lui rendre l’hommage qu’elle mérite pour tout ce qu’elle a donné aussi
bien de sa personne que de son temps.
Je retiens cette voix
unique et singulière au service des téléspectateurs. Son sourire aura illuminé
la télé des années durant, surtout sa maîtrise des différents genres
journalistiques.
Nous avons perdu une
amazone des médias, une battante et une combattante.
Paix éternelle à l’âme de
Annick Balley !
Léon Anjorin Koboudé «
C'était une grande journaliste »
Quand je replonge dans mes
souvenirs, je peux affirmer que ma première rencontre avec Annick Balley,
c'était en septembre ou octobre 2004. Étudiant en journalisme au Cesti, j'étais
en stage à la Rédaction de la Télévision nationale. Comme c'était de tradition,
nos papiers étaient systématiquement relus et corrigés par des journalistes
devanciers. Un jour, Mme Balley finit de lire mon papier avant le montage et me
lança : "Revois tes images et réécris le papier. Je sais que tu peux mieux
faire, Léon". Elle me donne quelques astuces pour soigner mon attaque et
rendre le reportage plus intéressant. Après la diffusion de mon reportage, j'ai
reçu de nombreux appels de félicitations et d'encouragements. C'est vous dire
que Annick Balley, c'était une grande journaliste mais aussi quelqu'un qui a su
transmettre aux jeunes générations une façon professionnelle de faire ce
métier. Elle était aussi attachée à la liberté et à la responsabilité des
hommes des médias.
Dans ma nouvelle vie de
communicant, j'ai gardé toujours de bonnes relations avec celle que j'appelais
avec beaucoup de respect : Mme Balley.
En ces moments tristes, je
pense à sa famille, notamment Yacine, sa fille.
Paix à l'âme de l'illustre disparue.
Rachida Houssou « On avait
tant à apprendre d’elle »
Je pense que Annick Balley
était le professionnalisme incarné. J’admirais sa culture, son aisance, sa
fluidité, et sa voix lors de la présentation des éditions de journal et surtout
des débats et entretiens pour le peu que j’ai pu suivre. Ça fait mal et c’est
dommage qu’elle soit partie aussi tôt. Je trouve qu’on avait tant à apprendre
d’elle. Je n’y croyais pas quand j’ai appris la nouvelle. J’ai dû vérifier
plusieurs fois auprès de sources proches et crédibles avant de me rendre à
l’évidence. C’est une immense perte. Elle a fait l’unanimité sur son sens du
professionnalisme. La doyenne aura marqué presque tout le monde. RIP