La Nation Bénin...
Les
Ordres nationaux du Bénin ont été réformés avec de nouvelles créations
assorties de conditions et critères d’admission ou de promotion très précis.
Les
Ordres nationaux du Bénin présentent désormais un nouveau visage à la faveur de
l’adoption, lundi 24 juin dernier, par le Parlement de la loi n°2024-28 portant
création des Ordres nationaux du Bénin. Du coup, de nouveaux Ordres sont
institués pour récompenser les services éminents rendus à la nation soit à
titre civil, soit sous les armes et contribuent à la culture et à la promotion
du mérite, de l’excellence et de la bonne gouvernance. Ce qui permet de prendre
en compte les acteurs méritants des différentes couches sociales pour une saine
émulation des citoyens au service de la nation.
A
l’aune de la nouvelle loi, l’on a dorénavant : l’Ordre national; l’Ordre du
mérite ; l’Ordre du mérite social ; l’Ordre du mérite agricole ; l’Ordre du
mérite féminin ; l’Ordre du mérite sportif ; l’Ordre du mérite artistique et
culturel ; l’Ordre des Palmes académiques ; l’Ordre de la défense et de la
sécurité et l’Ordre du mérite artisanal. Il est créé aussi le prix du
Grand-maître des Ordres. Chacun des Ordres est dédié à des catégories bien
précises avec des conditions et critères bien clairs. L’Ordre du mérite, selon
la loi, s’entend comme la distinction honorifique dédiée aux acteurs des
secteurs public et privé qui, dans l’exercice de leurs fonctions, ont excellé
ou posé des actes méritoires nécessitant une reconnaissance de la nation.
Ainsi, l’Ordre du mérite social est destiné à récompenser les religieux, les
humanitaires, les membres des Organisations non gouvernementales et autres
acteurs de la Société civile qui se sont illustrés par la pertinence, la
qualité, l’excellence et l’efficacité de leurs interventions et contributions
aux efforts de développement du Bénin ainsi qu’à la promotion de l’équité, de
la paix et de la bonne gouvernance.
Actes
méritoires
L'Ordre du mérite agricole est la distinction honorifique dédiée aux acteurs du monde rural qui se sont particulièrement illustrés dans les domaines de la production végétale, animale, halieutique, sylvicole, la transformation, la commercialisation et la promotion des produits dans ces domaines.
La
grande innovation de la nouvelle loi est l’institution de l’Ordre du mérite
féminin. Ce dernier est la distinction honorifique qui reconnait et récompense
les mérites exceptionnels des acteurs nationaux et étrangers qui œuvrent pour
la protection, l’autonomisation, la promotion et la défense de la femme.
L’Ordre
du mérite sportif, comme cela se laisse comprendre aisément, est destiné à
récompenser les performances exceptionnelles des acteurs du monde sportif.
L’Ordre du mérite artistique et culturel, quant à lui, se veut aussi comme la
distinction honorifique destinée aux acteurs du monde artistique et culturel
qui se sont particulièrement distingués par leur création ou leur contribution
spécifique au rayonnement du Bénin. Idem pour l’Ordre de la défense et de la
sécurité. Lequel Ordre est la distinction honorifique dédiée aux personnels des
forces de défense et de sécurité qui, dans l’exercice de leurs fonctions, se
sont éminemment distingués par leur dévouement. L’Ordre de la défense et de la
sécurité est distinct des médailles militaires, nuance la loi. Toutefois,
l’accès à une médaille militaire peut justifier une proposition de nomination
ou de promotion dans l’Ordre de la défense et de la sécurité. S’agissant de
l’Ordre du mérite artisanal, il est la distinction honorifique destinée aux
acteurs du monde artisanal qui, en matière de créativité et d’innovation, se
sont exceptionnellement illustrés dans leurs domaines d’activités. La réforme
achève la liste des Ordres nationaux par l’Ordre des palmes académiques.
Celui-ci se définit comme la distinction honorifique qui récompense les acteurs
du monde scientifique et de la recherche pour leur contribution exceptionnelle
au progrès de la science, de la recherche et à l’innovation technologique.
Le chef de l’Etat, maitre du jeu
Seulement, la loi en son article 67 énumère les conditions de nomination dans l’un quelconque des Ordres. L’on retient d’abord qu’il faut être de nationalité béninoise ou, à défaut, être proposé discrétionnairement par le président de la République en Conseil des ministres ; être âgé de 30 ans révolus au premier janvier de l’année de sa candidature pour l’Ordre du mérite sportif, l’Ordre du mérite artistique et culturel et l’Ordre du mérite artisanal. Il faut également être de bonne moralité et jouir de ses droits civiques; avoir un minimum de 10 ans d’ancienneté dans son domaine d’activité, sauf pour les sportifs et les acteurs du monde artistique, culturel et artisanal puis avoir rendu d’éminents services à la nation. Le président de la République est le Grand-maître des Ordres nationaux du Bénin. A ce titre, il statue en dernier ressort sur toutes les questions concernant les Ordres nationaux du Bénin.
Proposition
triennale
Les grades des différents Ordres nationaux du Bénin sont : Chevalier, Officier, Commandeur. En plus de ces grades, l’Ordre national du Bénin comporte deux dignités à savoir le Grands-officier et le Grand-croix. Les Grands-officiers et les Grands-croix sont les dignitaires de l’Ordre national. Le président de la République et le vice-président de la République accèdent de plein droit à la dignité de Grands-croix à leur entrée en fonction.
Outre
les Ordres nationaux, il est institué le prix de Grand-maître des Ordres. Cet
Ordre récompense les jeunes de moins de 30 ans qui ont fait montre d’excellence
en contexte de formation ou de compétence et de bonne gouvernance en milieu
professionnel. Le prix du Grand-maitre des Ordres est administré par le
vice-président de la République, Grand chancelier des Ordres nationaux sous
l’autorité du président de la République. Les médailles d’attribution du prix
du Grand-maître des Ordres sont définies par décret pris en Conseil des ministres.
Le
président de la République procède, par décret, à toutes les nominations et
promotions à titre normal dans les Ordres, après avis du Conseil des Ordres du
Bénin. Une fois tous les trois ans, le président de la République, le président
de l’Assemblée nationale et les présidents des autres institutions du Bénin
ainsi que les membres du gouvernement adressent leurs propositions de citation
dans les différents Ordres au Grand-chancelier des Ordres nationaux. Les
responsables de ces institutions peuvent proposer des agents recrutés
directement ou en position de détachement servant sous leur autorité. Les
maires des communes, les préfets de département, la présidente de l’Institut
national de la femme (Inf), le président de la Chambre du commerce et
d’industrie du Bénin (Ccib), les responsables des faitières des Organisations
de la société civile sont aussi compétents pour proposer des candidats à la
décoration. Ils adressent leurs propositions aux ministères ou institutions
concernés. Un décret précise les quotas attribués à chaque organisme ou entité,
encadre la loi pour prévenir toute situation de désordre.
A
l’exception des martyrs de la République, les nominations et promotions dans
les différents Ordres nationaux du Bénin à titre posthume sont prononcées dans
les mêmes conditions que pour les personnes dont la conduite justifie la
distinction honorifique, prévoit l’article 72 de la loi. Par ailleurs, sont
attribuées hors contingent ou sans tenir compte des conditions d’ancienneté et
d’âge, et autres, des décorations à titre exceptionnel aux chefs d’Etat
étrangers, ainsi qu’aux personnalités des pays amis, aux chefs des missions
diplomatiques, des organisations et associations internationales, aux membres
de l’assistance technique. Celles-ci sont à la discrétion du président de la
République tout comme les distinctions récompensant, dans un intérêt public,
tout citoyen béninois ou étranger. Il en est de même pour les distinctions
récompensant, d’une part en temps de guerre, les actions d’éclat, sur les
théâtres d’opérations militaires, et d’autre part, en temps de paix, les actes
d’héroïsme et les services exceptionnels caractéristiques. Les propositions de
ces dernières distinctions sont formulées par les autorités habilitées qui
précisent dans le rapport spécial, les titres ou les faits exceptionnels
justifiant la décoration à titre exceptionnel.
Amendes
et peines pénales
Le texte est assorti de sanctions pénales et disciplinaires. Toute personne qui a perdu la nationalité béninoise, indique la loi, peut être exclue des Ordres nationaux du Bénin. Cette exclusion est de droit dans le cas de la déchéance de la nationalité béninoise. Aussi sont exclues des Ordres nationaux du Bénin : les personnes condamnées pour crime ; les personnes condamnées à une peine d’emprisonnement ferme égale ou supérieure à un an. Les personnes condamnées à une peine d’emprisonnement ferme inférieure à un an et les personnes condamnées pour un acte contraire à l’honneur et à la probité, en ce qui les concerne, peuvent être exclus des Ordres nationaux du Bénin. « Le port illégal des insignes des Ordres nationaux du Bénin est puni d’une peine d’emprisonnement de six (06) mois à deux (02) ans et d’une amende de cinq cent mille (500 000) à deux millions (2 000 000) F Cfa ou de l’une de ces deux peines seulement », prévoit l’article 75. Mieux, il est interdit aux membres des Ordres nationaux du Bénin de se prévaloir de cette qualité dans un but de réclamer à des fins financières ou mercantiles sur tous prospectus, annonces commerciales, tracts ou documents similaires, sous peine d’une amende d’un million (1 000 000) à trois millions (3 000 000) F Cfa et d’un emprisonnement d’un an à cinq ans ou de l’une de ces peines seulement. Le ministre chargé de la Justice transmet au Grand chancelier des Ordres, copies de tous les arrêts et jugements rendus en matière criminelle et correctionnelle concernant les membres des Ordres nationaux du Bénin■