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Elan d’apaisement de l’institution sous-régionale: Les signes de la main tendue de la Cedeao aux juntes

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La Cedeao fait tout pour que les trois pays reviennent sur leur décision La Cedeao fait tout pour que les trois pays reviennent sur leur décision

La Conférence des chefs d’Etat et de gouvernement de la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’ouest n’est pas disposée à accueillir favorablement la démission du Mali, du Burkina Faso et du Niger. Lors de sa dernière session extraordinaire, elle a indiqué les actions à mener pour un retour à l’apaisement et à l’unité.

Par   Joël C. TOKPONOU, le 28 févr. 2024 à 01h28 Durée 3 min.
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Tout n’est pas encore perdu. Le Niger, le Mali et le Burkina Faso pourraient toujours reconsidérer leurs positions et retirer leurs démissions de la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’ouest (Cedeao). C’est du moins l’espoir que nourrit la Conférence des chefs d’Etat et de gouvernement de l’institution sous-régionale, au terme de sa session extraordinaire, samedi dernier à Abuja au Nigeria. Dans cette dynamique, elle a instruit la Commission de la Cedeao pour qu’elle poursuive les actions de rapprochement à l’égard des trois Etats membres.

Pour réussir sa mission, la Conférence donne des idées à la Commission. Ainsi, Patrice Talon, Bola Tinubu et leurs pairs recommandent à la Commission de « renforcer les contacts de la Communauté avec les trois États membres en mettant à contribution les chefs traditionnels et religieux, les éminentes personnalités, la société civile et les femmes leaders pour l’unité et la sécurité de la région ». Il est évident que pour des pays comme le Burkina Faso ou le Mali où la chefferie traditionnelle et les leaders religieux tiennent un important rôle, cette stratégie pourra bien être efficace et efficiente. Même si pour le cas du Mali, le principal leader religieux n’est pas forcément en odeur de sainteté avec la junte au pouvoir.

Mais ce n’est pas tout. En dehors de ces acteurs sociaux à l’interne, il est proposé à la commission d’associer des organismes internationaux pour un lobbying réussi et des résultats probants. Elle est ainsi chargée «d’échanger avec l’Union africaine, l’Union économique et monétaire ouest-africaine, l’Organisation des Nations unies et d’autres organisations internationales ainsi qu’avec les partenaires bilatéraux sur la question, en vue de convaincre les trois États membres de rester dans la Communauté » . 

Conséquences négatives

Si les chefs d’Etat et de gouvernement de la Cedeao tiennent à ce que le Niger, le Mali et le Burkina Faso restent dans l’institution, c’est parce que leur départ aura des implications, sinon des conséquences négatives considérables.

En termes d’implications politiques et sécuritaires à court, moyen et long termes, la Cedeao rappelle d’abord que, dans le cadre de la coopération régionale pour la lutte contre le terrorisme, l’extrémisme violent et la criminalité organisée, ces trois pays ont bénéficié d’une enveloppe de 100 millions de dollars des Etats-Unis d’Amérique, mobilisés par l’Union économique et monétaire ouest-africaine au titre du Plan d’action de la Cedeao contre le terrorisme. Puis, d’autres fonds ont été alloués à ces pays en vue de l’acquisition d’équipements destinés à les aider à lutter contre le terrorisme.

De plus, « le retrait aura des incidences sur la coopération en matière de sécurité, d'échange de renseignements et de participation aux initiatives régionales de lutte contre le terrorisme, notamment l'Initiative d'Accra et les activités de la Force multinationale mixte… et pourrait également conduire à un isolement diplomatique et politique sur la scène internationale, où les pays avaient obtenu un soutien pour leurs candidats et leur candidature durant les compétitions à des postes internationaux au sein de l'Union africaine, des Nations unies et d'autres organismes similaires», estime la Conférence des chefs d’Etat et de gouvernement qui continue de tendre la main aux trois pays concernés pour un retour à la normale.

Au plan économique, le retrait des trois Etats membres affectera automatiquement le statut de leurs citoyens en matière d’immigration, puisqu’ils devront peut-être obtenir un visa pour voyager dans la région. Et leurs citoyens pourraient ne plus bénéficier du droit de résidence ou du droit de création d’entreprises, prévus par les accords de la Cedeao, et pourraient être soumis à diverses lois nationales. De même, les trois pays cesseront d'utiliser le passeport, la carte d'identité nationale biométrique de la Cedeao, et l'assurance automobile "Carte brune de la Cedeao" à l'échelle de la région.

L’autre implication économique, c’est qu’au regard du fait que ces trois pays représentent 17,4 % des 425 millions d'habitants de la région, leur départ entrainera une réduction de la taille du marché de la Cedeao.

Sans oublier que le départ de ces pays pourrait aussi perturber le commerce intracommunautaire, en particulier le commerce de produits non transformés tels que le bétail, le poisson, les plantes, les produits agricoles, les produits minéraux et les produits artisanaux traditionnels, ainsi que les produits industriels d’origine communautaire.