La Nation Bénin...
La Conférence des chefs d’Etat et de
gouvernement de la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’ouest
n’est pas disposée à accueillir favorablement la démission du Mali, du Burkina
Faso et du Niger. Lors de sa dernière session extraordinaire, elle a indiqué
les actions à mener pour un retour à l’apaisement et à l’unité.
Tout n’est pas encore perdu. Le Niger, le Mali
et le Burkina Faso pourraient toujours reconsidérer leurs positions et retirer
leurs démissions de la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’ouest
(Cedeao). C’est du moins l’espoir que nourrit la Conférence des chefs d’Etat et
de gouvernement de l’institution sous-régionale, au terme de sa session
extraordinaire, samedi dernier à Abuja au Nigeria. Dans cette dynamique, elle a
instruit la Commission de la Cedeao pour qu’elle poursuive les actions de rapprochement
à l’égard des trois Etats membres.
Pour réussir sa mission, la Conférence donne
des idées à la Commission. Ainsi, Patrice Talon, Bola Tinubu et leurs pairs
recommandent à la Commission de « renforcer les contacts de la Communauté avec
les trois États membres en mettant à contribution les chefs traditionnels et
religieux, les éminentes personnalités, la société civile et les femmes leaders
pour l’unité et la sécurité de la région ». Il est évident que pour des pays
comme le Burkina Faso ou le Mali où la chefferie traditionnelle et les leaders
religieux tiennent un important rôle, cette stratégie pourra bien être efficace
et efficiente. Même si pour le cas du Mali, le principal leader religieux n’est
pas forcément en odeur de sainteté avec la junte au pouvoir.
Mais ce n’est pas tout. En dehors de ces
acteurs sociaux à l’interne, il est proposé à la commission d’associer des
organismes internationaux pour un lobbying réussi et des résultats probants.
Elle est ainsi chargée «d’échanger avec l’Union africaine, l’Union économique
et monétaire ouest-africaine, l’Organisation des Nations unies et d’autres
organisations internationales ainsi qu’avec les partenaires bilatéraux sur la
question, en vue de convaincre les trois États membres de rester dans la
Communauté » .
Conséquences négatives
Si les chefs d’Etat et de gouvernement de la
Cedeao tiennent à ce que le Niger, le Mali et le Burkina Faso restent dans
l’institution, c’est parce que leur départ aura des implications, sinon des
conséquences négatives considérables.
En termes d’implications politiques et
sécuritaires à court, moyen et long termes, la Cedeao rappelle d’abord que,
dans le cadre de la coopération régionale pour la lutte contre le terrorisme,
l’extrémisme violent et la criminalité organisée, ces trois pays ont bénéficié
d’une enveloppe de 100 millions de dollars des Etats-Unis d’Amérique, mobilisés
par l’Union économique et monétaire ouest-africaine au titre du Plan d’action
de la Cedeao contre le terrorisme. Puis, d’autres fonds ont été alloués à ces pays
en vue de l’acquisition d’équipements destinés à les aider à lutter contre le
terrorisme.
De plus, « le retrait aura des incidences sur
la coopération en matière de sécurité, d'échange de renseignements et de
participation aux initiatives régionales de lutte contre le terrorisme,
notamment l'Initiative d'Accra et les activités de la Force multinationale
mixte… et pourrait également conduire à un isolement diplomatique et politique
sur la scène internationale, où les pays avaient obtenu un soutien pour leurs
candidats et leur candidature durant les compétitions à des postes
internationaux au sein de l'Union africaine, des Nations unies et d'autres
organismes similaires», estime la Conférence des chefs d’Etat et de
gouvernement qui continue de tendre la main aux trois pays concernés pour un
retour à la normale.
Au plan économique, le retrait des trois Etats
membres affectera automatiquement le statut de leurs citoyens en matière
d’immigration, puisqu’ils devront peut-être obtenir un visa pour voyager dans
la région. Et leurs citoyens pourraient ne plus bénéficier du droit de
résidence ou du droit de création d’entreprises, prévus par les accords de la
Cedeao, et pourraient être soumis à diverses lois nationales. De même, les
trois pays cesseront d'utiliser le passeport, la carte d'identité nationale
biométrique de la Cedeao, et l'assurance automobile "Carte brune de la
Cedeao" à l'échelle de la région.
L’autre implication économique, c’est qu’au
regard du fait que ces trois pays représentent 17,4 % des 425 millions
d'habitants de la région, leur départ entrainera une réduction de la taille du
marché de la Cedeao.
Sans oublier que le départ de ces pays pourrait
aussi perturber le commerce intracommunautaire, en particulier le commerce de
produits non transformés tels que le bétail, le poisson, les plantes, les
produits agricoles, les produits minéraux et les produits artisanaux
traditionnels, ainsi que les produits industriels d’origine communautaire.