La Nation Bénin...
Le ministre d’Etat, de l’Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique, François Abiola a présenté hier une communication à l’Assemblée nationale. Il a partagé avec les députés la politique du gouvernement en matière du développement de l’Enseignement supérieur. Les députés ont salué les efforts qui se font au niveau de ce secteur avant de souhaiter qu’une attention accrue soit accordée aux problèmes décelés par le Plan de politique de développement.
Le gouvernement dispose d’une Politique nationale en matière de l’enseignement supérieur. Le ministre d’Etat, François Abiola en charge du secteur, a donné les grandes lignes du plan aux députés. Lequel plan, en attente d’adoption en Conseil des ministres, fait le diagnostic des problèmes de l’enseignement supérieur en mettant l’accent sur les forces, les opportunités, les faiblesses et même les menaces de ce secteur. Ce diagnostic s’est fait autour des sept principaux domaines tels que l’accès à l’enseignement supérieur, la qualité de l’enseignement, la promotion des technologies de l’information et de la communication, l’efficacité du système, les ressources du système, la gestion des œuvres universitaires et sociales et le cadre réglementaire.
Le document révèle que les tares de l’université béninoise proviennent de sa genèse et de son évolution. Selon le ministre, en optant pour la démocratie et le libéralisme économique en 1990, le Bénin n’a pas su adapter son système d’éducation et de formation de manière à lui permettre de faire face aux nouveaux défis du marché du travail. La formation dans les universités et centres d’enseignement supérieur demeure majoritairement encore orientée vers l’emploi public. Le système éducatif promeut peu l’entreprenariat et l’auto-emploi, relève le plan. Il y a lieu d’opérer une rupture, martèle François Abiola. Cette rupture, estime-il, doit s’opérer au niveau des mentalités caractérisées par la chute des valeurs morales, le défaitisme, le manque d’initiatives privées, la course aux diplômes, l’atteinte de l’offre d’emploi public, l’aversion au risque. Le ministre d’Etat reste convaincu que l’université du 21è siècle ne doit plus se borner à la transmission du savoir mais devrait être organisée pour être à l’écoute de la demande sociale, en créant les conditions optimales pour former les ressources humaines de qualité, en revoyant les méthodes de formation et les procédures de gestion et de travail afin de promouvoir la pratique de la recherche. En d’autres termes, il s’agit de former des citoyens créateurs de valeurs ajoutées capables d’entreprendre et de s’auto-employer et d’orienter le système national de recherche vers les priorités de développement. Le ministre d’Etat a plaidé pour que la mise en œuvre efficiente de la politique nationale de l’enseignement supérieur dont les garanties de succès passent par le maintien d’un environnement politique national et international favorable, l’adhésion réelle et effective des communautés universitaires aux engagements du sous-secteur de l’éducation, la non politisation de l’administration du système éducatif, ainsi que la mobilisation et la sécurisation des ressources financières suffisantes. Cette politique de rupture qui doit s’arrimer avec la nouvelle devise de l’université béninoise qui est «de former une nouvelle élite susceptible d’entreprendre et de s’auto-employer n’est pas une nouvelle option mais la seule». La vision de l’enseignement supérieur du Bénin, explique François Abiola, est de disposer d’ici à l’horizon 2015, d’un sous-secteur d’enseignement supérieur qui fournit des ressources humaines de qualité, adaptées à la résolution des problèmes de développement national.
Plus de 400 milliards F CFA de projections
Ce plan de développement actuellement en cours est mis en œuvre pour la période 2013-2017 et prend en compte 48 actions prioritaires organisées autour de douze axes stratégiques. Il est évalué à plus de 400 milliards FCFA, révèle le ministre d’Etat qui saisit l’occasion pour faire le point de la création des centres universitaires. A ce jour, 21 centres universitaires ont été déjà créés et opérationnels. Il est prévu la création d’un autre d’ici à la fin de cette année. Le ministre en charge de l’Enseignement supérieur a rappelé que la création de ces centres universitaires vise à désengorger les deux grandes universités publiques, en l’occurrence l’Université d’Abomey-Calavi et l’Université de Parakou, d’apporter une réponse structurelle à l’épineuse question de l’inadéquation entre l’offre de formation universitaire et les besoins de développement national et d’assurer l’occupation rationnelle du territoire national en offrant aux jeunes une voie de promotion sociale.
Dans leur intervention, les députés ont diversement apprécié la communication du ministre d’Etat. Certains députés saluent les efforts du gouvernement pour le développement du secteur de l’enseignement supérieur, d’autres trouvent inopportune la création des centres universitaires. Les députés Eric Houndété et Edmond Zinsou y voient une initiative politicienne, partisane et électoraliste. André Okounlola, pour sa part, comme beaucoup d’autres de ces collègues de la Mouvance présidentielle approuve la création des centres universitaires mais a insisté pour qu’une attention particulière soit accordée aux problèmes révélés par le diagnostic dont la qualité et la pénurie d’enseignants.