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Fin de mandat: Patrice Talon face aux intérêts politiques

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Patrice Talon, président de la République du Bénin Patrice Talon, président de la République du Bénin

Il souffle sur le Bénin, et ce depuis peu, un vent de fin de mandat, qui ne laisse personne indifférent. La politique est au cœur de la vie de la cité et il va de soi que chaque fin de régime, considérant son lot de craintes et d’incertitudes, donne lieu à quelques bouleversements.

Par   Arnaud DOUMANHOUN, le 11 févr. 2025 à 11h18 Durée 3 min.
#actualité politique

Patrice Talon, traverse l’un des moments les plus difficiles d’un chef d’Etat en exercice. Une fin de mandat n’est pas aisée, surtout si en plus des adversités et retournements de veste, l’énigme de la succession reste entière. Une véritable torture. Mais, c’est tout aussi pain bénit aussi bien pour l’Opposition que la mouvance. Les opposants dans leur éternel exercice de pourfendeurs du régime en place, créent et nourrissent la suspicion autour de la volonté probable d’un président en fin d’exercice de vouloir s’éterniser au pouvoir. Quant aux partisans du chef de l’Etat, il se prêtent au jeu dans l’espoir de continuer à jouir des avantages autour du pouvoir, multipliant les actions pour tenter de montrer au mentor les préjudices que son départ du pouvoir pouvait causer à la Nation. A l’échelle du continent, cette pratique, a induit des répercussions sur de nombreux régimes et l’ordre constitutionnel.

Au Bénin, depuis l’avènement du régime démocratique, l’alternance au pouvoir est une réalité et en dépit des tendances à tordre le cou à la marche entamée depuis l’historique Conférence nationale de février 1990, le pays demeure un modèle en cette matière. N’empêche qu’à chaque fin de cycle, les mêmes démons resurgissent. Patrice Talon, qui égraine les derniers mois de sa gouvernance au sommet de l’Etat est déjà pris dans cet étau. Et dans cette situation très peu confortable pour un homme d’Etat, un président en fin d’exercice, survivre au piège de ses amis et partenaires politiques est un véritable challenge. L’actualité récente du pays, le procès pour complot contre la sûreté de l’Etat, impliquant des proches du régime, sinon des “hommes du système” comme on le dirait, est plus qu’illustrative. “Aux premières heures du 24 septembre 2024, les Béninois sont réveillés par une rumeur inquiétante : celui qui jusqu’il y a peu était considéré comme le fils du président de la République, le préféré de ses ministres a été arrêté au cours de la nuit. Autre rumeur encore plus surprenante, l’homme le plus proche du président de la République, son ombre, celui-là qui sans fonctions officielles concentrait pourtant entre ses mains tous les pouvoirs d’État tel un président bis, a également été interpellé”. C’est ainsi que qualifiait le procureur spécial de la Criet, les gros morceaux de ce procès.

Mais alors même que le président Patrice Talon continue de digérer ce qu’on pourrait appeler une “trahison” sur la base du verdict du procès, il devra davantage faire face, tout comme ses prédécesseurs, aux chantres du succès historique de son mandat, qui appelleraient à une continuité. Sauf qu’ici l’appel à la continuité a deux branches. Celle du ‘‘dauphinat’’, qui veut que le successeur provienne du camp du pouvoir sortant, comme ce fut le cas du slogan “après nous, c’est nous”, entendu en fin de régime du président Boni Yayi, et la branche pernicieuse, celle qui formule ouvertement le vœu de voir l’actuel tenant du fauteuil présidentiel rester en place. Rien de nouveau sous le soleil. Les premières victimes de ces soubresauts qui entourent leur départ du pouvoir sont les chefs d’Etat. Le peuple ne subira que plus tard les probables conséquences fâcheuses qui en découleraient. Ainsi, Patrice Talon est tiraillé dans son propre camp. Dans une acrobatie sur la télévision nationale, et se référant au système politique chinois, Janvier Yahouédéhou, ministre conseiller à la présidence, déclarait : «Tant que le président de la République fait bien, pourquoi le remplacer? Je regretterais amèrement son départ. J’aurais souhaité que même si le président Talon partait, que le système qu’il a mis en place perdure”. Pourtant, l’homme a martelé et plus d’une fois qu’il ne succèdera pas à lui-même et mieux, il porte comme conviction, le choix d’un candidat idéal dans l’intèrêt du Bénin.

« Que mes amis, mes collaborateurs, mes proches veuillent être candidats, c’est légitime. Mais au moment opportun, je ferai le choix de celui que je vais soutenir, celui pour qui je vais voter, en regardant l’intérêt de mon pays, mon intérêt en tant que citoyen », a déclaré Patrice Talon. Il va ensuite ajouter : « Notez-le bien. Je n’ai besoin que personne assure mes arrières. Il faut que le candidat, le bon pour nous tous, soit ce candidat qui sera le meilleur pour le Bénin, qui va être loyal au Bénin et non à Patrice Talon ».