La Nation Bénin...

Gestion du foncier à Abomey-Calavi : de l’engouement autour du cadastre

Actualités
Par   Fulbert Adjimehossou, le 12 janv. 2022 à 08h56
Abomey-Calavi entre, petit à petit, dans l’ère du cadastre. A Ouèdo, acquéreurs et autochtones affluent depuis quelques jours pour se faire enregistrer dans la base de données. Il est à peine six heures du matin, mais la place publique d’Adjocomey, à Ouèdo, dans la commune d’Abomey-Calavi, grouille de monde. Les premiers à s’inscrire sur la liste de présence qui ne cesse de s’allonger l’ont fait peu après 5 heures du matin. Pour Raphaël Guidi, en tête de liste, le jeu en vaut la chandelle. « C’est le cadastre qui m’a amené à venir ici très tôt. C’est un secret de Polichinelle que la zone de Ouèdo et Hêvié à Abomey-Calavi est confrontée à l'insécurité foncière. Je suis venu m’enregistrer parce qu’avec cette opération, on pourra savoir à qui appartiennent vraiment les parcelles dans le futur », martèle-t-il, très enthousiasmé. A tour de rôle, les présumés propriétaires de parcelle avancent avec la convention de vente ou le titre foncier, les pièces d’identité, et le numéro de l’état des lieux fait entre 2014 et 2019. Au bout du processus, l’usager est pris en photo. « C’est pour sécuriser nos terrains. Ce n’est pas la même chose que le lotissement. Beaucoup se plaignent que les parcelles ne sont pas à jour. Ceci permettra de voir clair », confie Akim Inoussa, membre du comité Cadastre à Ouèdo centre. Les opérations ont démarré depuis mardi 4 janvier 2022 et devront prendre fin le 13 janvier 2022. Mais l’affluence est telle qu’une discrimination positive a été instaurée par les agents techniques au profit des personnes du troisième âge et de celles en situation de handicap. Sous la paillote, les commentaires vont bon train. D’aucuns plaident pour la prorogation. « Compte tenu de l’affluence, on verra s’il y a lieu de proroger pour aider tout le monde à se faire enregistrer. Comme vous le constatez, il y a trop de monde dans les deux secteurs à Ouèdo centre. Beaucoup sont venus de Cotonou, de Godomey et autres », déclare Akim Inoussa. En dépit de l’impatience dans les rangs, les acquéreurs de parcelle n’hésitent pas à jeter des lauriers à l’endroit du gouvernement. « Le chef de l’Etat a bien fait de penser à cette stratégie. Nous aurons le cœur tranquille», souffle Raphaël Guidi. De son côté, le conseiller local, Lucien Zannou n’en finit pas de rassurer ses administrés qui l’assomment de questions. « C’est pour sécuriser nos parcelles, les domaines, pour qu’il n’y ait pas de conflits demain. On espère déjà quand on voit comment ça se déroule », assure-t-il. De la séance d’information qui a eu lieu le 12 octobre 2021, en prélude aux opérations, les populations n’ont saisi a priori que l’aspect sécurité. Sécurité, mais aussi développement En réalité, le Bénin a opté, depuis 2016, pour la réalisation du cadastre national. Par décret N° 2016-726 du 25 novembre 2016, un comité technique de supervision de la réalisation du cadastre national a été mis en place. Au-delà de la sécurité foncière, le cadastre est sollicité pour moderniser le marché immobilier. Fabrice Kossou, chef du département des opérations foncières et techniques à l’Agence nationale du domaine et du foncier (Andf), précise que c’est un outil d’aide à la décision. « Ce qui fait la priorité du gouvernement, c’est la sécurisation du foncier. Mais les autres avantages sont nombreux en ce qui concerne la disponibilité de l’information foncière, du fonds de carte cadastrale qui pourront servir de documents de base pour toute décision. C’est donc un outil d’aide à la décision. C’est également, un instrument aux mains des maires pour la planification urbaine, la gestion de l’Environnement, et beaucoup d’autres choses », renseigne-t-il. Dans cette dynamique, le Bénin est appuyé par les Pays-Bas, dans le cadre du Projet de modernisation de l’administration foncière. Bohicon et N’Dali ont déjà reçu des équipes pour les travaux de viabilisation, d’actualisation des données existantes et de collecte de nouvelles données. Cette deuxième vague concerne 10 communes dont Abomey-Calavi. Une fois les données collectées, elles seront traitées, numérisées. Quelques données sont déjà mises en ligne sur un certain nombre de communes. D’autres communes suivront selon l’évolution des opérations, pour que petit à petit tout le territoire soit couvert et sécurisé.