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Interdiction de sortie des viviers et subvention des intrants: Approbation et plaidoyer pour l’essor de la production agricole

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Quoique la cherté des denrées bouleverse le quotidien de ses populations, le Bénin a fait des progrès dans la production agricole Quoique la cherté des denrées bouleverse le quotidien de ses populations, le Bénin a fait des progrès dans la production agricole

Le Bénin a franchi des paliers en matière de production agricole et d’autosuffisance alimentaire. Des résultats encourageants sont notés dans divers secteurs. Toutefois, la conjoncture liée à la cherté des denrées, a entraîné des mesures visant à protéger mais aussi à booster la production locale. 

Par   Arnaud DOUMANHOUN, le 16 mai 2024 à 03h05 Durée 3 min.
#production agricole

« C’est une décision formidable, parce que cette cherté des denrées que nous vivons ne nous honore pas», s’est réjoui Imorou Saka Kora, président de l’Association des producteurs du Bénin. Il va ajouter: « Il fallait une mesure forte. Si nous prenons le cas du soja pour lequel, on entend dire que le Togo est meilleur producteur, alors que beaucoup de produits sortent du Bénin vers ces pays ; c’est dangereux. Le maïs va au Nigéria, au Togo, au Niger, et nous allons rester affamés dans notre pays. Ce n’est pas normal ». En effet, le ministère du Commerce a fait le constat d’une exportation informelle et massive, de produits vivriers béninois, notamment le maïs, en direction des pays voisins. Selon les chiffres définitifs de la campagne 2023-2024, 2 050 000 tonnes de cette céréale sont produites pour des besoins nationaux évalués à un million de tonnes. Mais la forte pression exercée sur ce produit, du fait de ces trafics incontrôlés, a entraîné une envolée des prix sur les marchés. De nombreux producteurs et commerçants sont portés à satisfaire les demandes en produits vivriers venant de pays étrangers au détriment du marché national. C’est pourquoi, a indiqué le gouvernement, dans le but d’assurer la disponibilité des produits à un coût raisonnable pour ses citoyens, le Conseil des ministres, après avoir évalué et apprécié la situation, a décidé d’interdire temporairement depuis le 8 mai dernier, et ce jusqu’à nouvel ordre, toute exportation de céréales : maïs, riz, mil, sorgho, niébé, etc, de même que des tubercules et leurs dérivés : farines dont le gari, etc.

 Des devises sécurisées

 « Si cette décision n’était pas prise, ce serait la misère… », soutient Imorou Saka Kora, président de l’Association des producteurs du Bénin, qui salue également la subvention sur les intrants, pour les rendre accessibles aux acteurs. S’il est vrai que dans un contexte de libéralisme économique, c’est l’offre et la demande sur les marchés qui déterminent les prix et que la libre circulation des biens est admise dans l’espace communautaire, il n’en demeure pas moins que le phénomène prend une ampleur telle que le consommateur béninois en subit les conséquences, a expliqué le gouvernement pour argumenter sa mesure d’interdiction.

« C’est pour qu’on réduise les fuites de devises pour l’Etat et les sorties frauduleuses de nos produits vers les pays environnants d’autant que le gouvernement a injecté des ressources à travers la subvention des engrais et des intrants », fait savoir Kolawolé Achille Oniloude, directeur général de l’Agence territoriale de développement agricole Borgou Sud-Donga-Collines, en charge de la promotion des filières anacarde, manioc et soja en priorité. Il ajoute : « Il faudrait que déjà au niveau national, on puisse sécuriser la disponibilité en vivriers que d’attendre les fuites et de constater le déficit avant de se mettre à courir. Ces mesures vont nous permettre de stabiliser un tant soit peu, la production au niveau national, et permettre à la population de disposer en temps réel de la quantité de vivriers dont elle a besoin ». Mais au-delà de ces mesures, Imorou Saka Kora, président de l’Association des producteurs du Bénin, souhaite qu’après la fermeture de l’Office national de sécurité alimentaire (Onasa), que le gouvernement mette en place une autre structure à même d’approvisionner les populations afin de mieux gérer les cas de soudure. «Ainsi, au besoin, le dernier paysan qui n’a plus de vivres peut aller s’y ravitailler », a-t-il déclaré. En effet, l’autosuffisance alimentaire est un des défis majeurs de ces dernières années notamment avec la crise sanitaire mondiale du coronavirus et le contexte géopolitique marqué par la recrudescence des conflits. Au Bénin, qui a l’une des économies les plus résilientes en Afrique de l’Ouest, le secteur agricole fait des progrès. Mais en dépit des résultats élogieux obtenus, des mesures structurelles permanentes sont à mettre en œuvre pour juguler les crises récurrentes liées à la sécurité alimentaire.