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Interdiction des meetings dans le Borgou-Alibori: Le préfet se ravise, Gbadamassi menace d’ester en justice

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Par   Claude Urbain PLAGBETO, le 18 févr. 2016 à 07h47

L’interdiction de meetings politiques dans le Borgou-Alibori est levée par le préfet au grand bonheur des acteurs politiques. Mais, le député Rachidi Gbadamassi qui dit être visé par la mesure rapportée, envisage de traduire l’autorité préfectorale en justice afin que, souligne-t-il, cela ne se répète plus.

Le préfet du Borgou-Alibori, Salamatou Kora Ponou, rapporte le message radio porté n°05/0102/PDBA/SG/SAG/DAG du 11 février 2016, interdisant la tenue des manifestations politiques sur son territoire de compétence. Par un nouveau message radio MR n°03/0115/PDBA/SG/SAG du 16 février 2016, l’autorité préfectorale a levé ce qu’elle appelle «les mesures de suspension des campagnes électorales précoces à risques d’affrontements constatés depuis quelques jours dans certaines localités». Cette décision fait suite, indique-t-elle dans la lettre de transmission du message au délégué militaire départemental et aux maires, à des concertations avec les sages, notables et têtes couronnées de certaines communes ». Ces derniers lui auraient promis « leur engagement à sensibiliser les populations afin de prévenir des risques de troubles à l’ordre public et maintenir la paix». Désormais, les maires sont priés d’autoriser les leaders politiques, candidats et autres partisans «à tenir des meetings de soutien» dans les communes du Borgou-Alibori. Toutefois, ils doivent veiller à ce que les mesures de sécurité des biens et des personnes soient prises, mentionne le message radio.

«Je ne veux pas aller en prison», dixit le préfet

«Je ne veux pas aller en prison parce que des partisans se seraient fléchés ou se seraient fusillés. Je veux bien finir ma carrière», laisse entendre Salamatou Kora Ponou. Face aux membres de la Conférence administrative départementale (CAD Borgou-Alibori)», le préfet a essayé d’expliquer une fois encore, mercredi 17 février les mobiles de l’interdiction des manifestations politiques. «Je ne suis contre aucun candidat...Il y avait une situation de tension et je ne voulais pas que les gens s’affrontent. J’ai voulu prévenir que guérir ; mais je n’ai pas été comprise. Aussi, y a-t-il la maladie Lassa. Réunir beaucoup de monde, soulever beaucoup de poussière pendant que nous vivons encore l’harmattan dans nos zones, était préjudiciable pour la santé de nos populations », développe-t-elle.
Si certains se réjouissent de la nouvelle mesure, d’autres pensent qu’elle laisse libre cours à une campagne précoce et ouvre la porte au piétinement des textes de la République, en l’occurrence le Code électoral. D’autres encore se disent surpris par les raisons évoquées en ce sens que visiblement aucune mesure concrète n’est prise pour faire face éventuellement aux risques d’affrontement évoqués en dehors de la promesse de sensibilisation qu’auraient faite les sages et notables, et que l’épidémie à virus Lassa évoquée continue toujours de sévir durement dans le Borgou et environs.
Bien que la mesure d’interdiction des manifestations qu’il juge «fantaisiste, fantoche et discriminatoire» soit levée par le préfet, le député Rachidi Gbadamassi n’entend pas s’arrêter là.

Menace de poursuite judiciaire

Deux de ses meetings avec le candidat Sébastien Ajavon avaient été empêchés à Banikoara jeudi dernier puis à Parakou vendredi dernier. «Nous allons porter plainte contre le préfet. Nous allons saisir le juge des référés, la Cour constitutionnelle et engager contre elle des procédures administratives et pénales, afin que cela ne se répète plus jamais à Parakou et au Bénin», menace l’élu de la 8e circonscription électorale. Le député dit avoir subi «des préjudices tant sur le plan moral que financier» et souhaite une réparation de ces dommages.
Avec la levée de l’interdiction de l’organisation des manifestations politiques en cette période de précampagne, Rachidi Gbadamassi estime que c’est la «victoire de la démocratie sur l’autocratie, sur la dictature, sur l’abus de pouvoir».
C’est avec indignation et désolation que les acteurs politiques qui avaient projeté des rencontres au profit de leurs candidats respectifs, avaient accueilli la décision du préfet. Désormais, ils ont les coudées franches pour vulgariser les projets de société de ceux-ci, en attendant l’ouverture officielle de la campagne électorale?