La Nation Bénin...
La locomotive de
l’économie bleue tourne à plein gaz en Afrique, sous le leadership du Maroc,
qui déploie sa logistique et son savoir-faire au service du partenariat
Sud-Sud. Mohammed Sadiki, ministre en
charge de la Pêche maritime du Maroc nous en dit davantage à travers la
présente interview.
On note une dynamique dans
la coopération entre le Bénin et le Maroc dans le secteur de l’économie bleue.
Quelles en sont les articulations ?
Ma présence en terre
béninoise traduit notre volonté de mettre en œuvre la coopération entre les
deux pays dans le secteur de la pêche et de l’aquaculture. Cet accord s’inscrit
dans un cadre beaucoup plus global de la coopération Sud-Sud défini par sa majesté
le roi Mohammed VI. Cette coopération intègre aussi le cadre stratégique de la
politique extérieure marocaine ainsi que l’appel lancé par sa Majesté pour
faire de l’océan Atlantique, un espace de développement économique commun avec
la pêche comme colonne vertébrale de l’économie bleue.
La coopération bilatérale
entre le Maroc et le Bénin constitue un exemple moderne du genre. Aujourd’hui,
nous sommes dans la concrétisation, la mise en œuvre de notre accord de
coopération dans le secteur, avec l’expédition scientifique qui a été lancée sur
la côte béninoise pour une meilleure valorisation des ressources halieutiques.
Nous avons, avec mon homologue du Bénin en charge de l’Agriculture, convenu
d’associer les professionnels et les opérateurs des deux pays à ces échanges,
car nous souhaitons que cette coopération puisse s’inscrire dans la durabilité
et traduire l’excellence de nos relations sur les plans institutionnel,
scientifique et technique.
En marge du forum
consacré, entre autres à faire le point sur les dynamiques développées dans le
secteur, nous avons signé un autre mémorandum qui élargit la coopération à tous
les maillons de la chaîne de valeur. Le mémorandum que nous avons signé l’an dernier
avait pour objet, l’évaluation des stocks dans les eaux du Bénin en utilisant
les outils dont dispose le Maroc à savoir: le bateau de recherche scientifique.
Aujourd’hui, nous avons réalisé ce vœu. Je suis très content parce que les
préparatifs se sont fait dans de très bonnes conditions et nous avons choisi la
période qu’il fallait pour faire au mieux cette prospection. Cette expédition
associe pendant plusieurs jours les scientifiques marocains et béninois.
Quelle suite est envisagée
au terme de cette prospection ?
La mise en œuvre du
partenariat ne va pas s’arrêter là parce que ce n’est que le début d’un long
processus. Cette évaluation du stock et de l’écosystème dans les eaux du Bénin
doit se faire par saisons régulières pour capter toute la dynamique de l’océan
en matière de ressources halieutiques et fournir des ressources nécessaires
pour la prise de décision par rapport aux périodes de repos biologique et à la
mise en place des plans d’aménagement territorial. Voilà quelque chose de très
concret. Il est question à la fois d’œuvrer pour la préservation des ressources
halieutiques et la protection de l’environnement marin.
A quelle utilité cette
conservation et cette préservation répondent-elles?
Il est important d’avoir
une gestion et une utilisation responsables de ces ressources. La question sur
laquelle se base la gouvernance du secteur de la pêche, c’est la question de la
durabilité. La durabilité des ressources exige une gestion qui permet d’optimiser
les ressources halieutiques, de savoir quand il faut capturer, et quand éviter
de capturer dans les eaux maritimes afin de laisser se reconstituer la
population. Il faut, évidemment, capturer juste ce qu’il faut au moment où il
le faut parce que la durabilité dépend de la reconstitution des populations.
Sur le plan écologique, le poisson vit dans un environnement, un écosystème et
il faut respecter cet écosystème c’est-à-dire respecter toutes les composantes
qui le constituent. Et pour ce faire, il est important de maîtriser certains
paramètres y afférents. La durabilité des ressources dépend du maintien de la
santé de l’écosystème.
Le Bénin sollicite
l’expertise marocaine en raison de son savoir-faire. Qu’en est-il exactement ?
Oui, en effet, le Maroc
est le premier pays pêcheur africain. Nous avons développé toutes les bases de
la gouvernance de ce secteur ainsi que la recherche scientifique et
technologique. Le secteur halieutique est un secteur extrêmement important pour
la sécurité alimentaire, sur le plan économique et social. Récemment, le
secteur, au Maroc, s’est inscrit dans une vision de la durabilité avec un plan
stratégique lancé en 2009 par le Roi du Maroc et qui s’étend jusqu’en 2020. Et
à partir de 2020, nous sommes entrés dans la deuxième phase de cette stratégie.
Il s’agit de la stratégie ‘’Halieutis’’ qui définit tout le cadre de
développement du secteur, avec une gouvernance qui implique également les
professionnels. Impliquer les professionnels, a consisté notamment à les
organiser à travers des associations ou des fédérations de pêche.
Toute l’approche de la
gouvernance est basée sur une sorte de contractualisation entre l’Etat et les
professionnels pour les responsabiliser, parce que la pêche repose sur une
capture responsable des ressources naturelles. Et il est important de réguler cela,
contrairement à l’aquaculture qui consiste à faire de l’élevage. Le contrôle de
ce qui sort des mers est un levier extrêmement important, dans un esprit de
préservation, de durabilité des ressources halieutiques. Et dans cette
perspective, quand vous composez avec des opérateurs organisés et avertis, ça
facilite les choses.
Quelle est la résultante
de cette politique ?
Cette stratégie a pris du
temps pour être mise en place, mais elle a permis de moderniser le secteur, de
mettre à niveau toutes les composantes du secteur à savoir : la pêche en haute
mer, la pêche côtière et la pêche artisanale. Nous avons modernisé l’infrastructure
de débarquement, l’infrastructure de commercialisation de la première vente, et
l’infrastructure technologique de recherche avec aujourd’hui six bateaux de
recherche scientifique. Le secteur de la pêche au Maroc s’est considérablement
modernisé. Nous avons investi pour le développer, le moderniser. Evidemment, tout ceci va au-delà du Maroc
parce qu’il s’agit des mêmes ressources d’une mer à l’autre, et donc il est
très important, dans notre espace, de partager les mêmes dynamiques et d’œuvrer
de concert à la protection de la ressource maritime, dans les mêmes approches
et surtout de s’entraider par rapport au partage des bonnes pratiques.