La Nation Bénin...

José Tonato au sujet des délogements sur la Zone 4 Togbin: « Nous avons fait fi des exigences légales pour traiter socialement… »

Actualités
José Tonato au sujet des délogements sur la Zone 4 Togbin José Tonato au sujet des délogements sur la Zone 4 Togbin

Dans l’opération de libération de l’emprise des projets touristiques dans la zone de Togbin, le gouvernement aurait choisi le respect des exigences légales, qu’il y aurait des centaines de personnes laissées sur le carreau. Mais en lieu et place, il a opté pour un dédommagement humain et social. L’opération recèle de nombreux non-dits et les informations colportées çà et là ne reflètent pas la réalité. Mardi 5 mars, le ministre en charge du Cadre de vie, au cours d’une conférence de presse, a apporté des précisions et clarifications.


Par   Josué F. MEHOUENOU, le 06 mars 2024 à 06h55 Durée 4 min.
#José Tonato au sujet des délogements sur la Zone 4 Togbin
Certains citoyens béninois concernés par la libération de l’espace retenu pour la réalisation des infrastructures à Togbin, sur la partie dite « Zone 4 Togbin » donnent de la voix pour exprimer leurs frustrations et déceptions à la suite de l’opération de déguerpissement enclenchée par le gouvernement. Une opération qui a vu la démolition de certaines bâtisses dont les propriétaires crient à l’injustice. Ce spectacle ne serait que la partie visible de l’iceberg, une vue erronée du processus engagé par le gouvernement depuis des années. Si bruit il y a, il n’est que le fait d’une infime partie des Personnes affectées par le projet (Pap), rectifie José Tonato, ministre en charge du Cadre de vie. Sur 1117 personnes touchées par le projet, seulement huit se sont inscrites dans la contestation et font opposition à une saine collaboration, déplore le ministre. Selon lui, le gouvernement, comme à ses habitudes, a choisi de donner un visage humain à l’opération et de prendre en compte toutes les personnes, même celles qui n’ont pas rempli les conditions pour être éligibles au dédommagement. Dans le cadre du programme d’aménagement de la Route des pêches impliquant les quartiers comme Fidjrossè, Adounko et Togbin, le gouvernement a agi en veillant à ne léser ni brimer personne. C’est déjà une situation éprouvante pour les populations d’avoir à tourner dos à leurs biens à l’égard desquels elles ont dû développer des liens affectifs, raison pour laquelle le gouvernement est resté dans la logique de l’accompagnement et de la compréhension pour ne pas en rajouter à leur douleur. La zone 4 en question, selon les explications du ministre, avait été retirée de l’emprise du projet en 2020, mais l’ambition de faire bien, beau et grand, portée par le chef de l’Etat et son gouvernement, a amené à une réévaluation des investissements à faire, de sorte qu’en novembre 2021, ladite zone a été à nouveau intégrée.
 
Du choix de la zone 

Le choix de cette zone s'est basée, révèle le ministre, sur le fait qu’elle est bâtie à une très faible dimension de sa superficie, soit moins de 5 %. Elle se révélait donc l’option idéale. Dès lors, indique-t-il, des séances d’information et de sensibilisation se sont enchaînées avec les concernés. A l’œuvre, certains concernés ont opté pour la contestation et l’opposition. Face au niveau d’adhésion élevé, le gouvernement a décidé de mettre l’intérêt général au-dessus des intérêts personnels et de se référer aux textes en vigueur. Il va lever un coin de voile sur les taux appliqués en l’espèce pour rappeler que les textes en vigueur ont prévu les dispositions y relatives pour éviter à l’Etat d’avoir à gérer au cas par cas, en tenant compte de mille et une spécificités. «L’Etat ne peut pas se baser sur les valeurs marchandes… Il a besoin de se donner des garde-fous pour l’évaluation », soutient-il. Aussi, ne peut-il pas « attendre indéfiniment ». 
Pour ce qui est de la polémique relative au non-dédommagement, il a renvoyé ceux qui tiennent de tels propos vers la Caisse des dépôts et consignations (Cdc). Toutes les personnes qui ont accompli les diligences, et à temps, ont été payées. Par contre, ceux qui font dans la contestation ont vu les montants liés à leurs dédommagements consignés au niveau de la Cdc, précise-t-il. C’est d’ailleurs sur cette base, indique le ministre, que les ordonnances de déguerpissement ont été rendues par la Cour spéciale des affaires foncières. Lesquelles ordonnances ont précisé les dates de délogement, mais le gouvernement, toujours dans l’optique du social, a retardé le délogement jusqu’au 22 février avant de s’exécuter. 
Humain et social jusqu’au bout !

Le ministre José Tonato qui avait à ses côtés le porte-parole du gouvernement a longuement insisté sur le caractère humain et social de l’opération. Le gouvernement a fait fi de la loi, pour être dans le social, ont indiqué les intervenants. Pour l’en témoigner, le ministre relève que la plupart des contestataires qui donnent de la voix depuis quelques jours, ne disposent ni d’un titre foncier, encore moins d’un permis de construire sur les domaines qui abritent leurs constructions. S’il fallait s’en tenir aux exigences du code foncier domanial, ils n’étaient pas éligibles au dédommagement, fait observer le ministre. Mais le gouvernement étant dans l’optique de « ne léser aucun citoyen », a préféré fermer les yeux sur les irrégularités pour prendre en compte l’ensemble des concernés. « Nous travaillons pour l’intérêt général. Nous avons fermé les yeux sur les préalables non respectés pour dédommager même ceux qui ne sont détenteurs que de conventions de vente », appuie le ministre. Si l’Exécutif a fini par déloger, c’est parce qu’il ne lui restait aucune autre option. «Notre objectif, c’est de réaliser le projet », a rassuré José Tonato. Selon lui, le gouvernement a bien fait les choses ». Pour preuve, aucune action contentieuse n’a été engagée contre son action à ce jour.