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Lancement d’un rapport sur les potentialités de la filière textile: La Bad tend la main aux acteurs locaux

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Créer une expertise locale et développer la filière de la formation et de l’encadrement des acteurs Créer une expertise locale et développer la filière de la formation et de l’encadrement des acteurs

La Banque africaine de développement (Bad) vient de rendre public le rapport sur la filière textile au Bénin. Un document détaillé qui renseigne sur les besoins, enjeux, défis et perspectives de cette filière. Ledit rapport a été présenté aux acteurs du secteur et autres décideurs, mercredi 31 juillet à Cotonou.

 

Par   Josué F. MEHOUENOU, le 02 août 2024 à 01h04 Durée 3 min.
#filière textile

L’étude intitulée « Dynamiser la filière textile au Bénin » commanditée par la Banque africaine de développement (Bad) projette l’évolution vers une filière de la confection textile plus dynamique, inclusive, diversifiée et innovante. Cela est possible, pense l’institution et le rapport vient le corroborer.

« Les deux sous-filières observées dans cette étude à savoir la filière de la fibre coton et la filière de la fibre de feuilles d’ananas présentent un potentiel important». Cette dynamique devrait contribuer à inspirer les entrepreneurs et investisseurs à s’intéresser à la filière textile encore sous-exploitée. Les travaux ont été conduits par Nathalie Adikpéto Daouda, consultante, sous la supervision générale de Tankien Dayo, économiste pays principal pour le Bénin. Il en ressort de nombreuses observations, analyses et conclusions partagées avec les acteurs de la filière.

Si la Bad en est arrivée là, c’est parce qu’elle n’ignore pas le potentiel de la filière, de même que les capacités de ses acteurs. Robert Masumbuko, responsable pays du bureau de la Bad, les a rassurés de la volonté et même de la détermination de l’institution à les accompagner et à rendre disponibles des appuis financiers et non financiers. « Bénéficier du potentiel économique et social complet de l’industrie textile au Bénin sera possible grâce à la mise en œuvre d’une stratégie volontaire d’industrialisation des processus de production, de valorisation et de distribution…», souligne dans sa présentation sommaire du rapport, Nathalie Adikpéto Daouda. « Il y a beaucoup d’initiatives, mais elles restent des épiphénomènes», déplore-t-elle. Le textile à usage médical n’est pas non plus exploité, souligne la consultante. Faute de stratégie dans le secteur, chaque acteur «fait ce qu’il veut », poursuit-elle. L’industrie textile au Bénin peut devenir colossale, explique-t-elle aux acteurs. De même, l’installation d’une marque Bénin est possible si on y travaille, ajoute-t-elle. La filière a tout le potentiel pour absorber une bonne part des chômeurs et créer des emplois pour les jeunes. Là-dessus, elle se veut optimiste. Mais « il nous faut créer une expertise locale et développer la filière de la formation et de l’encadrement des acteurs. Nous ne devons pas avoir honte d’aller à l’école des autres », engage-t-elle.

Nathalie Adikpéto Daouda appelle aussi à développer et mettre en place une marque Bénin, pour les produits textiles à base de fibre naturelle de coton. Elle relève les multiples potentialités de la filière notamment sa main-d’œuvre largement féminine d’ailleurs, mais aussi le génie créateur des artisans qui y excellent. 

Multiples potentialités

« Les opportunités pour le développement de produits textiles pour le marché local et sous-régional les plus lucratives à moyen terme, sont celles relatives aux pagnes tissés de manière artisanale (Kanvô, Tako, Atchoké), les textiles à usage médical, les vêtements pour enfants de 0 à 4 ans, les textiles pour l’ameublement et la décoration, et sans doute, les textiles pour l’industrie ». Le Bénin a également les capacités de développer un autre pan de la filière avec les feuilles d’ananas. « Une collaboration fructueuse entre le monde universitaire, le secteur privé et l’État serait un atout considérable pour la mise en œuvre et le développement de la filière fibre », inscrivent les rapporteurs. Un dialogue public-privé est aussi suggéré en raison des opportunités existantes et surtout du caractère exclusif de la matière finale. Pour ce faire, le rapport de la Bad propose des discussions qui devront s’appuyer sur les résultats d’études récentes de faisabilité.

Le rapport suggère à l’Etat, au regard des enjeux économiques et sociaux de la filière, de se doter d’un plan de développement intégré de la filière textile coton et de confier l’animation de la filière à une agence qui sera spécialisée dans la chaine de valeur industrielle textile. Ce qui permettra d’orienter, de coordonner, d’inciter et de faciliter l’action sur les priorités de développement de l’écosystème de la filière. Le rapport vient briser aussi le mythe de l’absence de financement. « Les financements sont disponibles au Bénin contrairement à la pensée répandue chez les entrepreneurs locaux. Mais l’accès à ces fonds est conditionné à des critères stricts de gestion du risque client par les banques commerciales ainsi que les investisseurs public et privé »■