La Nation Bénin...
La
Banque africaine de développement (Bad) vient de rendre public le rapport sur
la filière textile au Bénin. Un document détaillé qui renseigne sur les
besoins, enjeux, défis et perspectives de cette filière. Ledit rapport a été
présenté aux acteurs du secteur et autres décideurs, mercredi 31 juillet à
Cotonou.
L’étude
intitulée « Dynamiser la filière textile au Bénin » commanditée par la Banque
africaine de développement (Bad) projette l’évolution vers une filière de la
confection textile plus dynamique, inclusive, diversifiée et innovante. Cela
est possible, pense l’institution et le rapport vient le corroborer.
«
Les deux sous-filières observées dans cette étude à savoir la filière de la
fibre coton et la filière de la fibre de feuilles d’ananas présentent un
potentiel important». Cette dynamique devrait contribuer à inspirer les
entrepreneurs et investisseurs à s’intéresser à la filière textile encore
sous-exploitée. Les travaux ont été conduits par Nathalie Adikpéto Daouda,
consultante, sous la supervision générale de Tankien Dayo, économiste pays
principal pour le Bénin. Il en ressort de nombreuses observations, analyses et
conclusions partagées avec les acteurs de la filière.
Si
la Bad en est arrivée là, c’est parce qu’elle n’ignore pas le potentiel de la
filière, de même que les capacités de ses acteurs. Robert Masumbuko,
responsable pays du bureau de la Bad, les a rassurés de la volonté et même de
la détermination de l’institution à les accompagner et à rendre disponibles des
appuis financiers et non financiers. « Bénéficier du potentiel économique et
social complet de l’industrie textile au Bénin sera possible grâce à la mise en
œuvre d’une stratégie volontaire d’industrialisation des processus de
production, de valorisation et de distribution…», souligne dans sa présentation
sommaire du rapport, Nathalie Adikpéto Daouda. « Il y a beaucoup d’initiatives,
mais elles restent des épiphénomènes», déplore-t-elle. Le textile à usage
médical n’est pas non plus exploité, souligne la consultante. Faute de
stratégie dans le secteur, chaque acteur «fait ce qu’il veut », poursuit-elle.
L’industrie textile au Bénin peut devenir colossale, explique-t-elle aux
acteurs. De même, l’installation d’une marque Bénin est possible si on y
travaille, ajoute-t-elle. La filière a tout le potentiel pour absorber une
bonne part des chômeurs et créer des emplois pour les jeunes. Là-dessus, elle
se veut optimiste. Mais « il nous faut créer une expertise locale et développer
la filière de la formation et de l’encadrement des acteurs. Nous ne devons pas
avoir honte d’aller à l’école des autres », engage-t-elle.
Nathalie
Adikpéto Daouda appelle aussi à développer et mettre en place une marque Bénin,
pour les produits textiles à base de fibre naturelle de coton. Elle relève les
multiples potentialités de la filière notamment sa main-d’œuvre largement
féminine d’ailleurs, mais aussi le génie créateur des artisans qui y excellent.
Multiples
potentialités
« Les opportunités pour le développement de produits textiles pour le marché local et sous-régional les plus lucratives à moyen terme, sont celles relatives aux pagnes tissés de manière artisanale (Kanvô, Tako, Atchoké), les textiles à usage médical, les vêtements pour enfants de 0 à 4 ans, les textiles pour l’ameublement et la décoration, et sans doute, les textiles pour l’industrie ». Le Bénin a également les capacités de développer un autre pan de la filière avec les feuilles d’ananas. « Une collaboration fructueuse entre le monde universitaire, le secteur privé et l’État serait un atout considérable pour la mise en œuvre et le développement de la filière fibre », inscrivent les rapporteurs. Un dialogue public-privé est aussi suggéré en raison des opportunités existantes et surtout du caractère exclusif de la matière finale. Pour ce faire, le rapport de la Bad propose des discussions qui devront s’appuyer sur les résultats d’études récentes de faisabilité.
Le
rapport suggère à l’Etat, au regard des enjeux économiques et sociaux de la
filière, de se doter d’un plan de développement intégré de la filière textile
coton et de confier l’animation de la filière à une agence qui sera spécialisée
dans la chaine de valeur industrielle textile. Ce qui permettra d’orienter, de
coordonner, d’inciter et de faciliter l’action sur les priorités de
développement de l’écosystème de la filière. Le rapport vient briser aussi le
mythe de l’absence de financement. « Les financements sont disponibles au Bénin
contrairement à la pensée répandue chez les entrepreneurs locaux. Mais l’accès
à ces fonds est conditionné à des critères stricts de gestion du risque client
par les banques commerciales ainsi que les investisseurs public et privé »■