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Langages et idées péjoratifs sur le vodun: L’heure de la déconstruction

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Avoir un regard positif sur le vodoun Avoir un regard positif sur le vodoun

Il y a de ces idées reçues et langages qui décrédibilisent le vodun, et le Bénin engage la déconstruction de ces éléments négatifs et repoussants. Cela est d’autant plus important dans la mesure où le pays est en train de bâtir un tourisme religieux digne qui lui apportera des devises comme c’est le cas en Arabie saoudite avec les lieux saints de l’Islam ou dans d’autres pays du monde.

Par   Ariel GBAGUIDI, le 11 janv. 2024 à 08h26 Durée 3 min.
#Langages et idées péjoratifs #le vodun #L’heure de la déconstruction

Le vodun est très souvent assimilé à la magie noire, la sorcellerie et autres. Ces idées et langages péjoratifs viennent ainsi ternir l’image de la religion. Le Bénin, berceau du vodun, ne souhaite plus que cela continue, et s’est lancé dans la déconstruction de ces clichés, croyances, stéréotypes ou encore préjugés qui limitent la découverte et la compréhension du vodun. C’est d’ailleurs l’une des raisons qui ont amené le chef de l’Etat Patrice Talon à mettre en place par décret, le comité des rites vodun présidé par le député et ancien ministre, professeur Mahougnon Kakpo. La première édition des Vodun days institués pour réinventer la fête du vodun à Ouidah, est l’occasion pour le gouvernement béninois qui œuvre pour un tourisme religieux porteur de richesse au pays, de phagocyter les stéréotypes tout en attirant les publics du monde entier au pied du vodun, notamment le 10 janvier.

Comme stéréotype par exemple, les autorités béninoises ne souhaitent plus lire ou entendre parler ‘‘d’adeptes du vodun’’ pour désigner les praticiens du vodun, car « le vodun est une religion comme toutes les autres », a rappelé professeur Mahougnon Kakpo. En tant que tel, on parlera désormais dans les discours et écrits, de ‘‘fidèles du vodun’’. « Si vous ne voulez pas dire ‘‘fidèles du vodun’’, dites ‘‘vodunsi’’ », a-t-il martelé, à la faveur d’une séance d'échanges entre les organisateurs des Vodun days et la presse nationale et internationale, lundi dernier à Ouidah.

Plus donc de propos péjoratifs autour du vodun ou de discours qui annihilent la religion. « Nous sommes actuellement dans la réinscription de nos cultures dans la rationalité scientifique mais également dans l’espace culturel mondial pour que ceux qui ne connaissaient pas le vodun mais qui en avaient entendu parler d’une façon ou d’une autre, puissent venir le voir et s’honorer du vodun… », a fait savoir le président du comité des rites. «Vous aurez le temps de découvrir, ajoute Mahougnon Kakpo, que le vodun est la totalité de l’Art. Je parle des arts de la scène, de la représentation, de l’art plastique, des arts de la rue, de la musique d’intervention, de la musique de la rue, de la mode, de la chorégraphie, de la littérature, de la poésie, ... ».

Vaudou, vodoun, vodu ou vodun ?

L’autre point sur lequel le gouvernement béninois insiste est l’écriture de vodun. Il est revenu que dans les documents et sur internet, il y a plusieurs orthographes. A compter de maintenant, l’orthographe labélisé par le Bénin est « v-o-d-u-n ». C’est ainsi « parce que cela a un sens pour nous. Et ce sens s’origine du Fâ… », a expliqué l’ancien ministre qui souligne qu’au pluriel, vodun ne s’accorde pas.

La première édition des Vodun days à Ouidah porte non seulement ces corrections mais aussi matérialise la vision du gouvernement béninois qui espère que la présence des publics venus de tous les continents permettra d’avoir un autre regard, un regard positif sur le vodun pour que l’on puisse continuer d’en parler sous de beaux jours et pour toujours.

Un autre rôle que joue le comité des rites est la préservation du caractère sacré du vodun. Sur les Vodun days, le comité veille, par exemple, pour que le vodun ne soit pas désacralisé. « Le comité des rites Vodun est comme le bras technique dans les projets liés au vodun. En tant que religion, le vodun nous inscrit dans le sacré. Lorsqu’on a l’intention de bâtir une entreprise touristique autour du sacré, il faut faire très attention. C’est pour cela que le comité des rites est composé de personnes qui connaissent et qui pratiquent le vodun dans toutes ses déclinaisons et qui peuvent dire au gouvernement : ceci que vous voulez montrer ne peut pas être montré dans tel ou tel aspect», a fait savoir Mahougnon Kakpo. Autrement dit, il revient au comité des rites de labéliser les éléments du vodun qui doivent être montrés au public.