La Nation Bénin...
Il y a de ces idées reçues et langages qui
décrédibilisent le vodun, et le Bénin engage la déconstruction de ces éléments
négatifs et repoussants. Cela est d’autant plus important dans la mesure où le
pays est en train de bâtir un tourisme religieux digne qui lui apportera des
devises comme c’est le cas en Arabie saoudite avec les lieux saints de l’Islam
ou dans d’autres pays du monde.
Le vodun est très souvent assimilé à la magie
noire, la sorcellerie et autres. Ces idées et langages péjoratifs viennent
ainsi ternir l’image de la religion. Le Bénin, berceau du vodun, ne souhaite
plus que cela continue, et s’est lancé dans la déconstruction de ces clichés,
croyances, stéréotypes ou encore préjugés qui limitent la découverte et la
compréhension du vodun. C’est d’ailleurs l’une des raisons qui ont amené le
chef de l’Etat Patrice Talon à mettre en place par décret, le comité des rites
vodun présidé par le député et ancien ministre, professeur Mahougnon Kakpo. La
première édition des Vodun days institués pour réinventer la fête du vodun à
Ouidah, est l’occasion pour le gouvernement béninois qui œuvre pour un tourisme
religieux porteur de richesse au pays, de phagocyter les stéréotypes tout en
attirant les publics du monde entier au pied du vodun, notamment le 10 janvier.
Comme stéréotype par exemple, les autorités
béninoises ne souhaitent plus lire ou entendre parler ‘‘d’adeptes du vodun’’
pour désigner les praticiens du vodun, car « le vodun est une religion comme
toutes les autres », a rappelé professeur Mahougnon Kakpo. En tant que tel, on
parlera désormais dans les discours et écrits, de ‘‘fidèles du vodun’’. « Si
vous ne voulez pas dire ‘‘fidèles du vodun’’, dites ‘‘vodunsi’’ », a-t-il
martelé, à la faveur d’une séance d'échanges entre les organisateurs des Vodun
days et la presse nationale et internationale, lundi dernier à Ouidah.
Plus donc de propos péjoratifs autour du vodun
ou de discours qui annihilent la religion. « Nous sommes actuellement dans la
réinscription de nos cultures dans la rationalité scientifique mais également
dans l’espace culturel mondial pour que ceux qui ne connaissaient pas le vodun
mais qui en avaient entendu parler d’une façon ou d’une autre, puissent venir
le voir et s’honorer du vodun… », a fait savoir le président du comité des
rites. «Vous aurez le temps de découvrir, ajoute Mahougnon Kakpo, que le vodun
est la totalité de l’Art. Je parle des arts de la scène, de la représentation,
de l’art plastique, des arts de la rue, de la musique d’intervention, de la
musique de la rue, de la mode, de la chorégraphie, de la littérature, de la
poésie, ... ».
Vaudou, vodoun, vodu ou vodun ?
L’autre point sur lequel le gouvernement
béninois insiste est l’écriture de vodun. Il est revenu que dans les documents
et sur internet, il y a plusieurs orthographes. A compter de maintenant,
l’orthographe labélisé par le Bénin est « v-o-d-u-n ». C’est ainsi « parce que
cela a un sens pour nous. Et ce sens s’origine du Fâ… », a expliqué l’ancien
ministre qui souligne qu’au pluriel, vodun ne s’accorde pas.
La première édition des Vodun days à Ouidah
porte non seulement ces corrections mais aussi matérialise la vision du
gouvernement béninois qui espère que la présence des publics venus de tous les
continents permettra d’avoir un autre regard, un regard positif sur le vodun
pour que l’on puisse continuer d’en parler sous de beaux jours et pour
toujours.
Un autre rôle que joue le comité des rites est
la préservation du caractère sacré du vodun. Sur les Vodun days, le comité
veille, par exemple, pour que le vodun ne soit pas désacralisé. « Le comité des
rites Vodun est comme le bras technique dans les projets liés au vodun. En tant
que religion, le vodun nous inscrit dans le sacré. Lorsqu’on a l’intention de
bâtir une entreprise touristique autour du sacré, il faut faire très attention.
C’est pour cela que le comité des rites est composé de personnes qui connaissent
et qui pratiquent le vodun dans toutes ses déclinaisons et qui peuvent dire au
gouvernement : ceci que vous voulez montrer ne peut pas être montré dans tel ou
tel aspect», a fait savoir Mahougnon Kakpo. Autrement dit, il revient au comité
des rites de labéliser les éléments du vodun qui doivent être montrés au
public.
Avoir un regard positif sur le vodoun