L'éditorial de Paul AMOUSSOU: Soyons Agojié
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Par
Paul AMOUSSOU, le 03 oct. 2022
à
08h56
«Nous ne sommes pas là pour faire la cuisine...», tranche avec détermination la générale des Amazones, Viola Davis alias Nanisca, dans une séquence culte du film The woman king qui vient de sortir. C’est emblématique des stéréotypes liés au genre, la conception phallocratique qui renvoie la fille à la cuisine et à ses poupées et le garçon aux occupations et passe-temps jugés les plus valorisants. Là réside toute la problématique du genre ayant mal inspiré ce député français de triste mémoire qui interrompt l’immortelle Simone Veil à la tribune du parlement alors qu’elle défendait la loi portant sur l’interruption volontaire de la grossesse. Et ce député de se laisser aller à croire avec un sérieux déconcertant que c’était une «erreur d’avoir permis l’instruction des femmes...». Misogynie primaire.
Qu’il s’agisse des Amazones de la mythologie grecque ou des fameuses Agojié du Danxomè, elles ont su apporter la contradiction à tous les machos du monde qui aiment à réduire la gent féminine aux seconds rôles. Et, à la suite de Black panther ou elles sont mises en relief, The woman king vient parachever ce qu’on peut se permettre de qualifier de restauration de l’image de la femme, forte, dynamique, courageuse, et au leadership assumé.
Est encore présent dans The woman king cet esprit de perfection qui anime les femmes à devoir se montrer irréprochables, à se surpasser, comme pour faire leurs preuves face à la gent masculine hyper dominante dans nos sociétés aux normes patriarcales. Femmes ordinaires devenues combattantes, les Agojié ont de l’art de la guerre une maîtrise à perfection, tranchent les têtes avec sublimation en guerrières redoutables à qui le film de Gina Prince-Bythewood rend hommage.
«Un très beau film… qui conforte les choix faits pour le branding du Bénin. On ne peut qu’être fier et motivé», s’enthousiasme l’ancien ministre Luc Gnacadja dont l’ardeur s’émousse toutefois en raison de «Quelques attentes inassouvies au sujet par exemple de la musique et des danses du film où j’ai espéré de vrais emprunts aux riches répertoires du Danxomè…», confie-t-il. Voilà qui résume à merveille cette production hollywoodienne qui, tout en faisant quelques arrangements avec l’Histoire, reste un vibrant hommage à ces remarquables femmes. Béninois, on ne saurait qu’en tirer fierté...