La Nation Bénin...
Lionel Zinsou, ancien premier ministre du Bénin, fait
partie des personnes ressources de premier rang présentes à Cotonou dans le
cadre de la sixième Mission économique de la Francophonie. Sa riche expérience
dans la haute sphère de la finance lui a permis d’évoquer diverses
préoccupations à l’occasion.
Critiquée pour son bilan, surtout économique et politique au bout d’un demi-siècle de vie, la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (Cedeao) peine à convaincre, notent nombre d’observateurs.
Ce que retient en premier l’économiste Lionel Zinsou du parcours de l’organisation communautaire après 50 ans de vie, lors de son passage à Cotonou, dans le cadre de la sixième Mission économique de la Francophonie, c’est le dynamisme qui se note au sein des ensembles régionaux sur le continent. A l’heure même où certains géants comme la Chine vont sur une croissance moins rapide, « il faut déjà lui rendre cet hommage d'être un ensemble de plus en plus compact, et un petit peu la préfiguration de la grande zone de libre-échange qu'on voudrait pour toute l'Afrique, et qui va se mettre en place », estime Lionel Zinsou. Mais, on peut faire mieux, selon lui.
« Aujourd'hui, nous avons encore des inégalités. Des pays dans la Cedeao qui ont plus de trois mille dollars de revenus par tête, il y en a qui ont moins de mille, donc nous avons encore ce problème », indique-t-il. Autres problèmes, ceux liés à la paix et à la sécurité, au djihadisme, au grand banditisme qui affectent plusieurs pays de la Cedeao. Ce qu’apporte la Cedeao du point de vue économique, selon lui, c'est d’une part la liberté des personnes de s'installer dans des pays et d'autre part, la liberté des entreprises et des flux de capitaux à l'intérieur. Cela est déjà l'élément essentiel pour avoir un marché commun. Si l'Afrique a un problème, c'est sa fragmentation, déplore Lionel Zinsou pour qui, « nous avons 1,4 milliard d'Africains comme on a 1,4 milliard d'Indiens. Mais dans l'Union indienne, il n'y a pas une fragmentation de 54 pays ». Conclusion, « le regroupement régional est fondamental, parce qu'on a besoin d'attirer les capitaux, à la fois nationaux, de la diaspora ou de l'étranger. Et pour cela, on a besoin d'être un marché de la bonne taille», préconise-t-il. Il reste donc, analyse l’économiste, un travail à faire parce que bien qu'il n'y ait aucun droit de douane à l'intérieur de la Cedeao, il y a encore beaucoup de pays protectionnistes qui ont des interdits sur un certain nombre de secteurs. Dans tous les cas, « la Cedeao est indispensable », tranche-t-il.