La Nation Bénin...
Au cours d’une audience, hier jeudi 12 octobre au Conseil
économique et social (Ces), Aurelie Adam Soulé Zoumarou, ministre du Numérique
et de la Digitalisation, a échangé avec les conseillers de l’institution sur
l’état des lieux et les perspectives de la cyber-criminalité au Bénin. Après la
communication d’Ismene Déguénonvo, analyste cybersécurité à l’Agence des
systèmes d'information et du Numérique (Asin), les conseillers, satisfaits des
réponses du ministre à leurs préoccupations, ont salué les efforts du
gouvernement pour lutter contre ce phénomène.
« Cybercriminalité au Bénin : état des lieux et
perspectives ». C’est autour de ce thème que Aurélie Adam Soulé Zoumarou,
ministre du Numérique et de la Digitalisation, s’est entretenue, hier jeudi 12
octobre, avec les conseillers du Conseil économique et social (Ces). S’étant
autosaisi de cette problématique, Augustin Tabé Gbian, président du Ces, s’est
réjoui de la présence de la ministre et de son équipe à cette rencontre. Il se
désole que les technologies de l’information et de la communication, enjeu
majeur pour le développement des sociétés, soient devenues des moyens de
réalisation d'activités criminelles dont l’internet constitue un vecteur
privilégié de propagation. « L’internet n’est plus le réseau libre et
ouvert tourné vers le partage du savoir mais il est devenu un canal
d’expression d’une nouvelle forme de criminalité », a-t-il déclaré. A l’en croire, le phénomène a pris de
l’ampleur ces dernières années avec une grande partie de la couche juvénile de
notre pays, toutes catégories socio-professionnelles confondues, à la recherche
du gain facile, qui s’adonne à cette pratique, faisant ainsi de nombreuses
victimes. Face à cette situation, le président du Conseil économique et
social pense qu’il est important d’échanger sur ce phénomène afin de faire des
propositions pour atténuer le mal. C’est le lieu pour Aurélie Adam Soulé
Zoumarou, ministre du Numérique et de la Digitalisation, de se réjouir de
l’intérêt du Conseil économique et social pour ce sujet. Pour elle, c’est la
preuve que ce sujet préoccupe les institutions au plus haut niveau de la
République. Elle se dit heureuse de cette séance qui apparaît comme une
occasion pour mettre en lumière tous les efforts du gouvernement en matière de
lutte contre la cybercriminalité. « Nous ne sommes pas restés sans rien
faire. Des actions ont été approuvées par le Conseil des ministres »,
a-t-elle déclaré invitant Ismene Déguénonvo, analyste cybersécurité à l’Agence
des systèmes d'information et du numérique (Asin) pour sa communication.
Des efforts significatifs
Face aux conseillers du Ces, l’analyste cybersécurité a
présenté de bout en bout les grandes actions du gouvernement en matière de
sécurisation du cyberespace béninois. « Il s'agit, par ailleurs,
d'apporter une réponse appropriée au phénomène de cybercriminalité qui
constitue de nos jours un fléau au cœur de la révolution numérique en cours
dans les pays africains », a-t-elle indiqué. Au plan opérationnel, on peut
citer entre autres : le renforcement des capacités du bjCsirt, le
renforcement des capacités du Lin (Laboratoire d'investigations numériques), le
renforcement des capacités des acteurs intervenant dans la lutte contre la
cybercriminalité, l’organisation de diverses campagnes de sensibilisation, la
mise en place d'un programme d'information et d'incitation pour les banques,
les sites marchands, l'e-administration, les datacenters, etc. sur les
certifications en vigueur (Iso27001, Pci/Dss, Gdpr, etc.), le renforcement et
la maintenance des capacités de confiance numérique au travers de la Pki
nationale et l’accompagnement à la création de Csirt sectoriels. Selon elle,
afin de renforcer continuellement la confiance numérique, des mesures
législatives, réglementaires et opérationnelles sont prises par le
gouvernement. C’est ainsi qu’un cadre juridique solide est mis en place pour
renforcer la cybersécurité et lutter notamment contre la cybercriminalité,
selon Ismene Déguénonvo. Ce dispositif juridique comprend entre autres, la loi
n°2018-16 du 28 décembre 2018 portant code pénal en République du Bénin, la loi
n°2017-20 du 20 avril 2018 portant code du numérique en République du Bénin
telle que modifiée par la loi 2020-35 du 06 janvier 2021 qui a consacré son
sixième livre à la question de la cybercriminalité et de la cybersécurité, la
loi n°2018-13 du 02 juillet 2018 relative à la Cour de répression des
infractions économiques et du terrorisme pour poursuivre la lutte contre la
corruption au Bénin, le décret n°2013-213 du 03 mai 2013 portant création,
attributions, organisation et fonctionnement de l'Office central de répression
de la cybercriminalité (Ocrc), le décret n°2020-485 du 07 octobre 2020 portant
attributions, organisation et fonctionnement de l'Organe de contrôle des
prestataires de services de confiance numérique en République du Bénin.
En plus de ces textes, il y a l'adoption de divers instruments
ou outils comme la Politique de Sécurité des Systèmes d'Information de l'Etat
(Pssie), la Politique de Protection des Infrastructures d'Information Critiques
(Ppiic), le Référentiel de qualification des Fournisseurs de Services de
Sécurité Numérique (Fssn) et le Référentiel de sécurité des services en ligne.
Des perspectives
En dépit de la diversité des méthodes des cybercriminels notamment l’arnaque aux faux prêts bancaires, l'arnaque aux fausses ventes immobilières, en passant par l’arnaque au faux transfert d'argent (MoMo), l’arnaque aux fausses bourses universitaires, la sextorsion et l'anarque au colis, le gouvernement n’entend pas baisser les bras. C’est pourquoi, il s’engage, selon la conférencière à la mise en place d'une plateforme centralisée de gestion des plaintes et des réquisitions judiciaires alimentée en temps réel par les différents commissariats, la réduction légale (décret, arrêté, décision Arcep) du délai de réponse aux réquisitions (actuellement de 3 mois à 1 semaine) des opérateurs de téléphonie mobile, la promotion des dénonciations aboutissant à l'arrestation des grands réseaux par un système de guy-bounty, au renforcement de la sensibilisation de la population, à la coopération directe entre l'Asin, la Criet, l’Orcrc, la Bef, et la Centif, etc. et au renforcement du cadre réglementaire de lutte contre le fléau de la cybercriminalité. Séduit par ces diverses actions, Augustin Tabé Gbian se dit prêt à jouer sa partition aux côtés du gouvernement. « Le Ces jouera sa partition aux côtés du gouvernement pour enrayer ce phénomène », a-t-il promis à la ministre Aurélie Adam Soulé Zoumarou.