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Lutte contre le terrorisme et droits de l’homme: Un expert de l’Onu reconnaît les prouesses du Bénin

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Ben Saul, rapporteur spécial des Nations Unies Ben Saul, rapporteur spécial des Nations Unies

Ben Saul, rapporteur spécial des Nations Unies sur la promotion et la protection des droits de l’homme et des libertés fondamentales dans la lutte antiterroriste, a noté les progrès du Bénin en cette matière, et formulé des recommandations, au terme de sa mission de 10 jours, qui s’est déroulée du 18 au 27 novembre.

Par   Arnaud DOUMANHOUN, le 04 déc. 2024 à 00h58 Durée 3 min.
#lutte antiterroriste

De Cotonou, capitale économique située au sud du pays, à Parakou et Kandi, deux villes du nord, Ben Saul, rapporteur spécial des Nations Unies sur la promotion et la protection des droits de l’homme et des libertés fondamentales dans la lutte antiterroriste, a au terme de son séjour au Bénin, livré son regard sur les actions déployées par le gouvernement en matière de respect des droits de l’homme dans un contexte de lutte contre le terrorisme, et en respect de ses obligations internationales. Au cours de ses échanges avec les médias, mercredi 27 novembre dernier à Cotonou, il a déclaré que le “Bénin dispose d’un cadre juridique très robuste en ce qui concerne le respect des droits de l’homme” et salue une approche, dans la lutte contre le terrorisme, prenant en compte à la fois la réponse sécuritaire et l’amélioration de la gouvernance dans les zones en proie au phénomène. « Le Bénin a fait preuve d’une approche tournée vers l’avenir en alliant des mesures de sécurité avec des stratégies de développement», a déclaré Ben Saul. Il ajoute : « Les groupes terroristes exploitent souvent les griefs des communautés, tels que les inégalités persistantes et la perception de marginalisation. Les efforts visant à accélérer le développement inclusif et participatif, en particulier dans les régions du nord, sont essentiels pour renforcer la résilience à la radicalisation. » A juste titre, l’expert de l’Onu cite le déploiement des infrastructures sociocommunautaires en faveur des couches défavorisées dans les localités cibles. Il note aussi que «le Bénin a renforcé la sécurité aux frontières pour empêcher l’entrée de terroristes en augmentant la présence de la police, de l’armée et des autorités frontalières, tout en offrant l’hospitalité aux réfugiés des pays voisins du Sahel ». Ben Saul ne s’est pas empêché de constater que le Bénin a une meilleure approche en matière de prise en charge des refugiés qui sont documentés, enregistrés, bien accueillis au sein des communautés et jouissent des services sociaux de base. Pour l’expert, évoquant l’opération Mirador, les forces armées béninoises ont fortement conscience du droit humanitaire et sont formées à cet effet. Cependant il appellera à une classification du conflit pour mieux déterminer le niveau des forces à déployer. 

Des efforts à faire

Tout en saluant les efforts déployés par le Bénin pour lutter contre le terrorisme et l’extrémisme violent, en particulier dans ses régions du nord, l’expert de l’Onu a formulé plusieurs recommandations afin de permettre au pays d’améliorer son score en matière de promotion et de protection des droits de l’homme et des libertés fondamentales dans la lutte antiterroriste. Il a entre autres, appelé à une procédure judiciaire rapide dans les affaires de terrorisme, en conformité avec les standards internationaux des droits humains, après le constat d’une surpopulation carcérale à la prison civile de Missrété (3000 prisonniers contre une prévision de 1000 personnes), lieu de détention par excellence des terroristes présumés (652) et ou condamnés (10), et où de nombreuses personnes attendent toujours l’examen de leurs dossiers devant la Cour de répression des Infractions économiques et du Terrorisme (Criet). Aussi, le rapporteur spécial a invité le gouvernement du Bénin à restreindre et à préciser la définition du terrorisme et des infractions terroristes en vertu des articles 161 et suivants du Code pénal afin d’assurer que la loi n’inclue que les actes qui constituent véritablement du terrorisme et qu’elle s’aligne sur les normes internationales. Le rapporteur spécial des Nations Unies sur la promotion et la protection des droits de l’homme et des libertés fondamentales dans la lutte antiterroriste encourage aussi le gouvernement à veiller à ce que les conditions de détention soient conformes aux normes internationales.

L’éducation 

“Je reconnais les efforts du gouvernement à réduire la surpopulation carcérale à travers la construction de plusieurs centres de détention”, a-t-il toutefois souligné. L’expert Ben Saul recommande en ce qui concerne les refugiés, une amélioration de la loi pour empêcher leur renvoi par exemple dans un pays où ils n’auraient pas droit à un procès équitable, où ils pourraient subir d’autres types de violences, et le gouvernement devra aussi soutenir les communautés d’accueil de ces personnes en déplacement. En relevant les efforts du pays dans la gestion du conflit entre agriculteurs et éleveurs, à travers les dispositions du code pastoral, il souligne que dans la pratique, des discriminations sont observées ; d’où la nécessité d’une campagne de sensibilisation. Il se prononcera sur l’éducation dans les régions du nord où des enfants fréquentent exclusivement des écoles coraniques. Selon le rapporteur spécial des Nations Unies sur la promotion et la protection des droits de l’homme et des libertés fondamentales dans la lutte antiterroriste, à l’avenir, le gouvernement est appelé à agir pour faire respecter leurs droits à l’éducation. Ben Saul va insister sur la collaboration entre les forces armées et les médias et la société civile : “la confiance du public sera améliorée si le gouvernement est beaucoup plus ouvert”. Il a donc souligné le rôle des Organisations de la société civile dans la promotion des droits humains dans la lutte contre le terrorisme, y compris l’accès à la justice et la réponse aux causes profondes de la violence. Il faut noter que le rapporteur spécial présentera un rapport détaillé sur ses constats au Conseil des droits de l’homme des Nations unies en mars 2025.