La Nation Bénin...
En
Conseil des ministres, ce mercredi, le gouvernement a adopté un projet de
décret visant à transmettre à l’Assemblée nationale un projet de loi portant
prévention, prise en charge et élimination des infections au Vih et au Sida en
République du Bénin. Ce texte ambitieux marque un tournant législatif majeur
dans une bataille sanitaire entamée il y a plus de trois décennies.
Un
nouveau projet de loi sur la prévention, prise en charge et élimination des
infections au Vih et au Sida est élaboré et adopté, en Conseil des ministres ce
mercredi 15 octobre, pour être transmis à la Représentation nationale en vue de
son vote. Dans le fond, ce texte légal s’inscrit dans un contexte global de
révision des dispositifs juridiques face à une pandémie qui, si elle n’est plus
aussi mortelle qu’à ses débuts grâce aux progrès médicaux, continue néanmoins
de poser de nombreux défis, notamment en matière de prévention, de traitement,
de stigmatisation et de protection des droits humains.
En
Afrique, et particulièrement au Bénin, les dynamiques épidémiologiques ont
évolué. Les traitements antirétroviraux sont devenus plus accessibles, la
sensibilisation s’est renforcée, mais les lois encadrant la réponse au Vih
datent souvent d’une époque où la peur et la répression prenaient le pas sur la
science et l’empathie.
Le nouveau texte qui sera étudié et voté par les députés vise ainsi à adapter la législation nationale aux réalités locales actuelles tout en respectant les engagements internationaux du Bénin, notamment en matière de droits de l’homme, de santé publique et de lutte contre les discriminations.
Nouveautés
L’un
des points forts du projet de loi réside dans sa volonté explicite de lutter
contre la stigmatisation et les discriminations subies par les personnes vivant
avec le Vih. Malgré des campagnes de sensibilisation continues, de nombreux
Béninois séropositifs rapportent encore des cas de rejet, d’humiliation, voire
de privation d’accès aux soins ou à l’emploi.
Le
futur texte entend réaffirmer que la confidentialité, le consentement éclairé
et la non-discrimination sont des droits fondamentaux des patients. Il vise à
encadrer strictement l’usage des données médicales, à protéger les personnes
contre les tests imposés sans leur accord, et à garantir un traitement
équitable dans toutes les sphères de la vie sociale.
En
clair, il s’agit d’un changement de paradigme : passer d’une approche centrée
sur la gestion de la maladie à une approche centrée sur la dignité des
personnes.
Au-delà
des principes, le texte prévoit également un renforcement de la réponse
sanitaire, en favorisant une prise en charge globale et intégrée du Vih. Cela
implique une meilleure coordination entre les services de santé, mais aussi une
articulation plus étroite avec les politiques d’éducation, de genre, de
protection sociale et de jeunesse.
L’objectif
est de permettre à chaque personne, quels que soient son âge, son sexe ou sa situation
géographique, d’accéder à un paquet complet de services comprenant le dépistage
volontaire, l’accompagnement psychosocial, les traitements antirétroviraux, la
prévention de la transmission mère-enfant, et les soins associés.
Le
gouvernement souhaite aussi renforcer les capacités des structures sanitaires
et former davantage de professionnels pour répondre efficacement aux besoins
diversifiés des patients.
Le
projet de loi vise aussi à réduire les inégalités d’accès aux soins. Car, des
disparités existent entre les zones urbaines et rurales, entre les hommes et
les femmes, ou encore entre les personnes aisées et les plus vulnérables.
Le
texte prévoit donc de garantir un accès équitable aux traitements et services
de soutien sur tout le territoire national, y compris pour les groupes les plus
marginalisés comme les travailleurs du sexe, les personnes détenues, etc.
Cette ambition s’aligne sur les objectifs du Programme commun des Nations unies sur le Vih/sida qui appelle à éliminer les inégalités pour vaincre le Sida d’ici 2030.
Cohérent
Le
Bénin réaffirme, par ce projet de loi, sa volonté de se conformer aux
engagements internationaux pris en matière de lutte contre le Vih. Cela inclut
notamment la Déclaration politique sur le Vih et le sida adoptée par l’Onu, les
principes de l’Onusida, et les recommandations de l’Organisation mondiale de la
santé (Oms).
Cette
harmonisation est d’autant plus importante qu’un cadre législatif inadapté ou
répressif peut constituer un frein majeur aux efforts de dépistage, de
prévention et de traitement. En supprimant les obstacles juridiques qui
dissuadent certaines populations de se faire dépister ou de suivre un
traitement, le Bénin entend renforcer l’efficacité de sa riposte.
De nouvelles dispositions pour mettre le porteur de Vih en confiance dans les centres de santé