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Lutte contre le Vih/Sida au Bénin: Un nouveau projet de loi pour une riposte plus efficace

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De nouvelles dispositions pour mettre le porteur de Vih en confiance dans les centres de santé De nouvelles dispositions pour mettre le porteur de Vih en confiance dans les centres de santé

En Conseil des ministres, ce mercredi, le gouvernement a adopté un projet de décret visant à transmettre à l’Assemblée nationale un projet de loi portant prévention, prise en charge et élimination des infections au Vih et au Sida en République du Bénin. Ce texte ambitieux marque un tournant législatif majeur dans une bataille sanitaire entamée il y a plus de trois décennies.

Par   Joël C. TOKPONOU, le 16 oct. 2025 à 05h37 Durée 3 min.
#Lutte contre le Vih/Sida

Un nouveau projet de loi sur la prévention, prise en charge et élimination des infections au Vih et au Sida est élaboré et adopté, en Conseil des ministres ce mercredi 15 octobre, pour être transmis à la Représentation nationale en vue de son vote. Dans le fond, ce texte légal s’inscrit dans un contexte global de révision des dispositifs juridiques face à une pandémie qui, si elle n’est plus aussi mortelle qu’à ses débuts grâce aux progrès médicaux, continue néanmoins de poser de nombreux défis, notamment en matière de prévention, de traitement, de stigmatisation et de protection des droits humains.

En Afrique, et particulièrement au Bénin, les dynamiques épidémiologiques ont évolué. Les traitements antirétroviraux sont devenus plus accessibles, la sensibilisation s’est renforcée, mais les lois encadrant la réponse au Vih datent souvent d’une époque où la peur et la répression prenaient le pas sur la science et l’empathie.

Le nouveau texte qui sera étudié et voté par les députés vise ainsi à adapter la législation nationale aux réalités locales actuelles tout en respectant les engagements internationaux du Bénin, notamment en matière de droits de l’homme, de santé publique et de lutte contre les discriminations.

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L’un des points forts du projet de loi réside dans sa volonté explicite de lutter contre la stigmatisation et les discriminations subies par les personnes vivant avec le Vih. Malgré des campagnes de sensibilisation continues, de nombreux Béninois séropositifs rapportent encore des cas de rejet, d’humiliation, voire de privation d’accès aux soins ou à l’emploi.

Le futur texte entend réaffirmer que la confidentialité, le consentement éclairé et la non-discrimination sont des droits fondamentaux des patients. Il vise à encadrer strictement l’usage des données médicales, à protéger les personnes contre les tests imposés sans leur accord, et à garantir un traitement équitable dans toutes les sphères de la vie sociale.

En clair, il s’agit d’un changement de paradigme : passer d’une approche centrée sur la gestion de la maladie à une approche centrée sur la dignité des personnes.

Au-delà des principes, le texte prévoit également un renforcement de la réponse sanitaire, en favorisant une prise en charge globale et intégrée du Vih. Cela implique une meilleure coordination entre les services de santé, mais aussi une articulation plus étroite avec les politiques d’éducation, de genre, de protection sociale et de jeunesse.

L’objectif est de permettre à chaque personne, quels que soient son âge, son sexe ou sa situation géographique, d’accéder à un paquet complet de services comprenant le dépistage volontaire, l’accompagnement psychosocial, les traitements antirétroviraux, la prévention de la transmission mère-enfant, et les soins associés.

Le gouvernement souhaite aussi renforcer les capacités des structures sanitaires et former davantage de professionnels pour répondre efficacement aux besoins diversifiés des patients.

Le projet de loi vise aussi à réduire les inégalités d’accès aux soins. Car, des disparités existent entre les zones urbaines et rurales, entre les hommes et les femmes, ou encore entre les personnes aisées et les plus vulnérables.

Le texte prévoit donc de garantir un accès équitable aux traitements et services de soutien sur tout le territoire national, y compris pour les groupes les plus marginalisés comme les travailleurs du sexe, les personnes détenues, etc.

Cette ambition s’aligne sur les objectifs du Programme commun des Nations unies sur le Vih/sida qui appelle à éliminer les inégalités pour vaincre le Sida d’ici 2030.

Cohérent

Le Bénin réaffirme, par ce projet de loi, sa volonté de se conformer aux engagements internationaux pris en matière de lutte contre le Vih. Cela inclut notamment la Déclaration politique sur le Vih et le sida adoptée par l’Onu, les principes de l’Onusida, et les recommandations de l’Organisation mondiale de la santé (Oms).

Cette harmonisation est d’autant plus importante qu’un cadre législatif inadapté ou répressif peut constituer un frein majeur aux efforts de dépistage, de prévention et de traitement. En supprimant les obstacles juridiques qui dissuadent certaines populations de se faire dépister ou de suivre un traitement, le Bénin entend renforcer l’efficacité de sa riposte.

Le projet de loi, une fois voté par l’Assemblée nationale, devrait marquer une étape décisive dans la stratégie nationale de lutte contre le Vih/Sida. Il pourrait servir de modèle dans la sous-région, en mettant l’accent sur l’approche droits humains, la justice sociale, et l’inclusion comme piliers de la réponse■