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Menace d’inondations à Abomey-Calavi : les revers de l’occupation des exutoires

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Par   Fulbert Adjimehossou, le 20 avr. 2022 à 10h05
Bien que située, en partie, sur un plateau, Abomey-Calavi fait face de plus en plus à la menace des eaux en saison pluvieuse. C’est encore le cas après les pluies du week-end dernier. Mardi 19 avril 2022. Temps ensoleillé à Abomey-Calavi. Dans la cité La Victoire, aux encablures de la bibliothèque, les eaux se retirent, mais les dégâts après les pluies du week-end sont toujours perceptibles. Occupé à exposer aux rayons du soleil son matelas mouillé, Célestin Loukou peine à trouver les mots pour décrire son calvaire. Cet étudiant s’empresse de chercher son smartphone sauvé de justesse et avec lequel il a pu filmer le désastre dans la nuit profonde, entre samedi et dimanche. « Comme vous le voyez, c’est tard dans la nuit vers 2 heures du matin, que nous avons été surpris par les eaux de ruissellement. En plus de coloniser la maison, elles sont rentrées dans nos chambres. Nous étions obligés de rester sur les tables en espérant que la pluie cesse. Puis, quand la pluie a cessé, avec des bassines, nous avons évacué l’eau de la chambre », se désole-t-i, insistant sur le fait qu’il est resté piégé dans la maison pendant plus de 24 heures sans pouvoir sortir. Son voisin renchérit: « On en a marre ! ». A 200 mètres de là, dans la rue adjacente, les pieds dans des bottes, deux étudiantes regagnent délicatement leur chambre. En les suivant dans cette mare circonstancielle, on apprécie l’ampleur de ce qu’elles disent avoir vécu le week-end et qu’elles ont pris le soin aussi de filmer. «Le samedi, autour de 6 heures du matin, l’eau a envahi notre chambre. C’est ma grande sœur qui m’a sauvée», confie Gwladys Magnindé, étudiante. Ses effets, documents, vivres et vêtements sont exposés au soleil. Il n’en faudra pas plus pour qu’elle décide de déménager. «En louant la chambre il y a trois mois, on ne pouvait pas imaginer vivre un pareil scénario. Nous allons devoir quitter », ajoute-t-elle. Une menace devenue cyclique En effet, ce week-end, la partie méridionale du pays a connu plusieurs évènements pluvieux orageux. A Cotonou, les hauteurs d’eau mesurées ces dernières 72 heures avoisinent 110 mm. Déjà, beaucoup de rues sont colonisées. Pourtant, la saison pluvieuse n’est qu’à son début. Pour une ville qui s’ouvre dans sa partie Nord sur un plateau et sur des sols ferralitiques ou terre de barre, avec des possibilités d’évacuations vers le Lac Nokoué, cela devient préoccupant. « Quand il pleut à Calavi, il est difficile de circuler parce que la terre glisse. Elle contient assez d’argile qui ne facilite pas l’infiltration. Ensuite, il y a l’installation anarchique des populations qui bouchent les exutoires de l’eau. Quand on combine ces facteurs, ajoutés aux déchets qui sont jetés dans les caniveaux, on ne peut qu’assister à ce scénario », analyse Dr Théodore Adjakpa, spécialiste des risques et catastrophes. Il y a deux ans, quelques jours après sa prise de fonction, le maire Angelo Ahouandjinou a été très vite confronté à la réalité. Il indexait l’occupation des exutoires. «A certains endroits, certains habitants ont mal construit. Ils ont empêché la circulation de l’eau. Nous aurons à interpeller ces derniers », disait-il en juin 2020. Les appels au secours à l’endroit de la mairie d’Abomey-Calavi ne font que se multiplier. Maxime Adido, chef quartier de la Cité La Victoire, rassure ses administrés. « C’est une situation qu’on a toujours vécue ces dernières années. Mais actuellement, les dispositions sont prises pour réaliser un grand caniveau qui prendra en compte plusieurs rues dans le quartier et qui doit déboucher sur le grand caniveau au petit portail de l’université. Une première équipe est déjà passée. Nous avons fait le tour pour informer les riverains du démarrage imminent des travaux et des perturbations que cela va engendrer dans leur mobilité. Tout est fin prêt», déclare l’élu local. Du côté de la mairie, les dispositions sont également en train d’être prises, assure-t-on, face à la situation.