Nouvelle stratégie de financement des engrais en Afrique : 300 millions de dollars à mobiliser pour servir les agriculteurs
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Par
Claude Urbain PLAGBETO, le 04 janv. 2022
à
13h17
Le Mécanisme africain de financement du développement des engrais se dote d’une nouvelle stratégie sur la période 2022-2028 pour accroître la productivité agricole sur le continent.
La stratégie 2022-2028 du Mécanisme africain de financement du développement des engrais (Mafde) vise à mobiliser 300 millions de dollars pour relever les défis tout au long de la chaîne de valeur des engrais. Approuvée en juin dernier, elle fait suite à la toute première stratégie déployée sur la période 2018-2020.
La nouvelle feuille de route met l’accent sur l’approche intégrée de la chaîne de valeur des engrais pour relever les défis liés à l’approvisionnement des agriculteurs et des distributeurs en intrants agricoles. Elle est élaborée autour de trois piliers relatifs : Renforcement du secteur des engrais par l’accès au financement, Développement de réformes politiques viables pour améliorer la production, le commerce et l’utilisation des engrais et Accès des petits agriculteurs aux intrants et à l’assistance technique.
Le nouveau mécanisme devrait bénéficier à 16 millions de petits exploitants agricoles dans quinze pays africains. Ce sera à travers des garanties de crédit, des subventions et d’autres solutions de financement mixte à l’endroit des petites et moyennes entreprises. Celles-ci faciliteront l’accès des agriculteurs à au moins 2 millions de tonnes métriques d’engrais et d’autres intrants agricoles.
Sa mise en œuvre contribuera à répondre aux besoins des petits exploitants agricoles, en réduisant les obstacles qui entravent encore l’accès au financement des engrais, confie Marie Claire Kalihangabo, coordinatrice du Mafde, dans le 7e numéro de Fostering Fertilizer Future, le bulletin d’information du Mafde d’Aaoût 2021.
Le marché international a été marqué ces derniers mois par une flambée des prix des engrais, faisant craindre une baisse de la productivité et une insécurité alimentaire sévère en Afrique de l’Ouest fortement dépendante des importations d’intrants. Les coûts de certains fertilisants ont quasiment doublé en six mois, atteignant un niveau jamais vu depuis la crise de 2008-2009 marquée par de brutales fluctuations. Cette situation est induite par les fermetures d’entreprises, des frontières et autres restrictions des transports imposées par la pandémie de Covid-19.
Les dysfonctionnements dans la chaîne d’approvisionnement des engrais ont créé une pénurie de l’offre qui ferait grimper davantage les prix d’engrais et impacterait sérieusement la campagne agricole 2021-2022. A fin août dernier, jusqu’à 50 % de la demande d’engrais n’est pas encore disponible en Afrique de l’Ouest, selon le Centre international de développement des engrais (Ifdc). Les regards sont tournés vers le Mafde qui entend mobiliser des ressources pour des solutions à court et moyen termes.
Créé par la Déclaration des États membres de l’Union africaine d’Abuja de 2006, ce mécanisme vise à améliorer la productivité agricole en fournissant le financement nécessaire pour accélérer l’approbation, la production et l’utilisation des engrais en Afrique, dans le but d’atteindre l’objectif de 50 kg de nutriments par hectare. Cette initiative est gérée par la Banque africaine de développement (Bad) pour dynamiser le développement de l’agriculture dans le cadre de sa stratégie « Nourrir l’Afrique », des objectifs de développement durable (Odd) des Nations Unies et de l’Agenda 2063 de l’Union africaine.