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Obsèques officielles du Général à Natitingou: Ferveur et enthousiasme autour d’un patriarche rassembleur

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Par   Claude Urbain PLAGBETO, le 14 déc. 2015 à 08h58

C’est dans une effervescence digne d’un grand jour de fête, marquée par une cavalcade, une interminable haie d’honneur et des ovations nourries le long des artères pavoisées, que les habitants de la cité de Kobourou ont dit adieu au général Mathieu Kérékou.

L’homme du 26 octobre 1972 avait entamé son dernier voyage vers la terre qui l’a vu naître, non pas dans la démarche élégante à pas pesants, le regard fixe et grave qu’on lui connaît mais plutôt dans son cercueil conduit. Vanité des vanités, c’est le passage obligé et la fin de tout mortel. Quoique personne n’ait clairement vu la bière qui contenait la dépouille parmi la myriade de véhicules alignés en direction pour Natitingou, l’accueil du cortège funèbre a été chaleureux et grandiose à Parakou.

Il sonnait 13h40 ce vendredi 11 décembre quand la caravane s’est immobilisée devant l’hôpital d’instruction des armées à Parakou. Là, attendaient autorités préfectorales, municipales, rectorales, membres de la Conférence administrative départementale du Borgou-Alibori et une foule immense d’anonymes. En précurseurs, les fils Moïse et Modeste Kérékou étaient descendus quelques minutes plus tôt pour les civilités habituelles. Poignées de mains, accolades et tapes amicales et autres gestes de salutation sont accompagnés des mots : courage, compassion, condoléances.
A l’arrivée du cortège, le ministre d’Etat, Alassane Soumanou, l’ancien ministre Marie-Elise Gbèdo se tapent un bain de foule et haranguent. «Kérékou ! Kérékou !...», reprennent en chœur les écoliers, élèves et autres curieux massés le long de la voie, agitant fanions, drapeaux et banderoles dédiés à l’ancien président de la République. L’on pouvait y lire: «Général Mathieu Kérékou, merci pour le précieux héritage que tu nous as laissé», «Papa Mathieu Kérékou, vas en paix et veille sur notre cher et beau pays, le Bénin», «Mathieu Kérékou, grand homme d’Etat, dors en paix», «...Un repos éternel à notre très regretté président, le général Mathieu Kérékou, «Adieu mon général», « Papa national, tu resteras à jamais gravé dans nos mémoires ».
Pendant une dizaine de minutes, le préfet Salamatou Kora Ponou, le député Rachidi Gbadamassi, le ministre Aboubacar Yaya et d’autres sont intervenus. Leurs hommages sont empreints d’éloges, de reconnaissance, de témoignages, de prières et de chants révolutionnaires. L’humilité et la vie simple de l’homme, son caractère de rassembleur, le patriotisme, la culture de la paix et l’unité nationale qu’il incarnait, sont mis en exergue.
Puis, le cortège s’est ébranlé vers le Carrefour-Hubert-Maga avec des colonnes de cavaliers. Tout au long de la voie, par milliers, hommes et femmes de tous âges, de toutes confessions religieuses et de tous bords politiques, s’enthousiasment. Certains arborent des tee-shirts, des casquettes, des chemises, des posters à l’effigie de l’illustre disparu. De la sortie sud à la sortie nord de Parakou en passant par le carrefour-Hubert Maga, le marché Arzèkè, la mairie de Parakou, la préfecture Borgou-Alibori, le carrefour de la Municipalité (carrefour trois banques), le carrefour-Alwouda, la mobilisation n’a pas faibli. Il est difficile de se frayer un chemin au passage du cortège qui aura passé une cinquantaine de minutes sur le territoire communal de Parakou. Les ruelles sont bondées de monde. Personne ne voulait se faire conter l’événement du retour à Natitingou de celui qui a battu le record de longévité au pouvoir (27 ans en tant que chef d’Etat) et dont le parcours atypique et les sacrifices consentis pour le peuple constituent tout un symbole et un modèle pour les citoyens. Les forces de sécurité déployées en grand nombre ont du mal à contenir la foule de curieux qui faisaient à peine attention au soleil ardent qui dardait de ses rayons. Nombreux sont devenus chasseurs d’images. Les cameras, smartphones et autres téléphones portables sont mis à contribution pour immortaliser ces instants afin d’en parler à ceux qui ne les ont pas vécus et certainement aux générations futures. Même mort, Kérékou rassemble les Béninois de tous les horizons. Enigmatique Kaméléon !