La Nation Bénin...
Suite à un itinéraire qui a permis aux populations des grandes villes du pays de lui rendre aussi hommage, la dépouille du général Mathieu Kérékou a fait une entrée solennelle dans sa ville natale, vendredi 11 décembre dernier.
A l’entrée de la ville de Natitingou, non loin de la stèle de Kaba, un monde des plus impatients s’est massé tout au long de la route inter-Etats menant au cœur de la ville. Depuis 16h, cet axe grouille d’un beau monde bigarré. Aux curieux et badauds se mêlent peu à peu des groupes organisés et diverses troupes de ballets. Une foule qui a fini par compter en son sein des personnalités parmi lesquelles des ministres du gouvernement, des députés, maires et élus locaux, des personnalités politiques et pas des moindres. Plus les minutes s’égrènent, plus les fausses alertes de l’arrivée du cortège de la dépouille du général Mathieu Kérékou se multiplient et viennent briser le brouhaha qui s’observe autour de ce rassemblement peu ordinaire.
Sur les lieux, les forces de sécurité ont fort à faire, mais leur sérénité et calme ramollissent plus les ardeurs du public et le dissuade de toute velléité à perturber la circulation maintenue en l’état. Poste radio ou téléphone collé à l’oreille, nombre de personnes suivent en direct l’itinéraire de la dépouille de l’illustre disparu. Tantôt il est annoncé à Djougou, tantôt à Copargo ou à Perma. L’attente est grande mais le public ne démord point, déterminé qu’il est à voir l’ancien chef d’Etat regagner la ville qui l’a vu naître.
Aux environs de 17 heures, la Jeep militaire décapotable immatriculée E 13 14 493, décorée aux couleurs nationales et cerclée de couronnes éclatantes quitte majestueusement le périmètre où se confondent désormais spectateurs et personnalités. Elle s’ébranle en direction de Perma où annonce-t-on la dépouille. Un transfèrement devrait s’y faire pour permettre cette fois-ci au public d’identifier ce cercueil rutilant où gît l’homme du 26 octobre 1972 et l’accueillir dignement sur sa terre natale. Peu à peu, les enfants Frédéric Kérékou alias Gouverneur So-kpin, Modeste Kérékou, Moïse Kérékou et d’autres arrivés sur les lieux font leurs civilités aux autorités et aux populations venues en masse les soutenir. Le cortège tant attendu ne tardera pas à faire son entrée triomphale à Natitingou.
A 18 heures précises. Il s’ébranle tout lentement d’abord, le temps de permettre aux officiels de se concerter et aux femmes de souhaiter la bienvenue au disparu chez lui, en répandant l’eau au-devant du véhicule militaire. Et puis à une vitesse bien modérée pour permettre à tous de le dévisager le long des trottoirs. Face à la foule débordante, et pour la contenir, les agents de sécurité sont obligés malgré eux de faire la haie tout au long de la chaussée. Lequel monde ne cesse de s’épaissir au fur et à mesure que le cortège roule vers le domicile du défunt au quartier Wenkè. Le cortège marque son premier arrêt à la lisière du Village SOS d’enfants, sur insistance des vieux, sages et notables de la ville.
Des litanies et autres prières sont récitées dans un laps de temps et puis la cavalcade se poursuit à une cadence digne des grands jours. Une chevauchée triomphale à laquelle ne résistent ni élèves, ni commerçantes ni ménagères et autres travailleurs sortis des services pour vivre ces moments qui ne se laissent guère conter. C’est une course-poursuite désormais que les forces de sécurité peinent à contenir tant l’engouement est immesuré. Irrésistible, ce spectacle à la fois féérique et émouvant s’achève bientôt au domicile du défunt. La dépouille sera accueillie par la famille devant les membres du gouvernement avec à sa tête le Premier ministre Lionel Zinsou ¦