La Nation Bénin...
Très peu de personnes ont reconnu le cortège funèbre de feu général Mathieu Kérékou lors de son passage dans la ville de Porto-Novo pour Natitingou où il a été inhumé samedi dernier dans l’intimité familiale. La délégation qui accompagnait la dépouille de l’illustre disparu est passée incognito et sans ralentir comme annoncé.
Il sonnait environ 6h15 quand le cortège funèbre de l’ancien président de la République qui s’est ébranlé du stade de l’Amitié de Kouhounou à Cotonou baptisé désormais de son nom, a traversé comme un éclair la ville capitale du Bénin. Il est passé très vite alors qu’il était prévu un ralentissement à l’entrée de Porto-Novo plus précisément au niveau du pont de la ville. La grande foule qui attendait avec impatience la dépouille mortelle de l’homme qui a dirigé ce pays pendant plus de 27 ans, n’a plus rien compris. Elle était éberluée car il est prévu qu’à l’entrée de la ville, la délégation funèbre allait ralentir pour permettre aux populations du département de l’Ouémé-Plateau de rendre un dernier hommage au promoteur de la Conférence nationale au Bénin et en Afrique dans les années 90. Mais à l’arrivée, les populations n’ont vu que du vent. Pas de ralentissement du cortège et par conséquent, pas d’hommage. Parmi cette foule mobilisée, vendredi dernier au pied du pont de Porto-Novo, il y avait le préfet de l’Ouémé-Plateau, Moukaram Badarou, des membres de la Conférence administrative départementale, plusieurs maires des communes des deux départements, des autorités morales et religieuses de la ville, des têtes couronnées, des élèves sans oublier des organisations de jeunes et de femmes. Certains avaient porté le pagne des obsèques de feu général Mathieu Kérékou.Ils ont tous bravé l’harmattan de cette matinée du vendredi 11 décembre dernier, déterminés à dire leurs adieux à l’illustre disparu regretté. Mais ils n’ont plus rien vu sinon un cortège de véhicules qui a traversé la ville en trombe. Il n’y avait aucun signe qui annonçait que c’était le cortège funèbre de l’ancien chef de l’Etat. Seuls quelques personnes plus renseignées le savaient. Pour beaucoup, le cortège qui venait de les dépasser était tout sauf celui de feu général Mathieu Kérékou.
Le cortège déjà passé
Le cortège funèbre serait toujours derrière, selon eux. Mais jusqu'à 7h voire 8h30, les plus sceptiques avaient leurs yeux fixés vers l’axe Porto-Novo-Cotonou espérant toujours la dépouille de l’homme du 26 octobre 1972. Mais ils ne verront plus rien avant de se rendre à l’évidence que le cortège était effectivement passé. Plusieurs personnes se sont finalement demandé ce pourquoi ils ont été mobilisés tôt cette matinée du vendredi 11 décembre à l’entrée de la ville. Les commentaires allaient dans tous les sens surtout en défaveur du Comité d’organisation qui aurait fait preuve de mépris à l'endroit de la ville capitale du Bénin. Approché, le préfet Moukaram Badarou qui a mobilisé les populations pour présenter les adieux du département au feu général, était aussi désemparé. Il ne comprenait plus rien de la situation. « Le dossier a été mal piloté. A défaut d’un arrêt, on a promis à Porto-Novo un ralentissement. Et ce ralentissement, la ville ne l’a même pas obtenu », apprécie le préfet des départements de l’Ouémé-Plateau. Il impute la faute aux organisateurs. Car, selon le préfet, le général Mathieu Kérékou a été un grand homme d’Etat. C’est donc dans cette ambiance confuse que le cortège funèbre de l’ancien président de la République a traversé Porto-Novo vers l’intérieur du Bénin avant d’échouer à Natitingou où Mathieu Kérékou repose depuis samedi dernier dans sa dernière demeure.