La Nation Bénin...
Suite aux décisions qu’ils ont prises lors de leur assemblée générale du 31 août dernier sur l’organisation du concours de recrutement des auditeurs de justice, les magistrats ont mis à exécution leur menace d’aller en grève à compter du mardi 8 septembre, dans tous les tribunaux du Bénin. Au Tribunal de première instance de première classe de Cotonou, les activités ont été suspendues à la grande déception des usagers.
Les salles d’audience vides, les portes des bureaux des juges closes, les usagers consternés par le blocage de leurs dossiers. Voilà quelques constats faits hier mardi 8 septembre au tribunal de première instance de première classe de Cotonou. La grève est effective. «Des rapports que j’ai reçus venant de tous les tribunaux du Bénin, la grève est massivement observée. Vous ne verrez aucun magistrat à son poste», a déclaré Mario Mètonou, secrétaire administratif adjoint de l’Union nationale des magistrats du Bénin (UNAMAB). Pour preuve, ajoute-t-il, « à titre personnel, j’avais une audience à prendre ce matin avec 60 détenus mais malheureusement, les gens concernés n’auront pas droit à la justice ». L’objectif de l’UNAMAB à travers cette grève, poursuit-il, est d’assurer la transparence dans l’organisation des concours de recrutements des auditeurs de justice afin de permettre à tous les citoyens d’avoir les mêmes chances de réussite. Aussi, rejette-t-il vivement et fortement le nouvel arrêté interministériel de 2015 qui vient, en ses différents points, remettre en cause celui de 2004. Un arrêté, qui selon les membres de l’union, est le seul outil de transparence dans l’organisation dudit concours sous la supervision d’une commission. Cette commission est composée de sept membres dont deux magistrats du ministère de la Justice, un magistrat de l’UNAMAB, deux représentants du ministère de l’Enseignement supérieur et deux représentants du ministère de la Fonction publique. « Les travaux de cette commission lors des éditions précédentes ont permis de faire du concours de recrutement des auditeurs de justice, le seul concours réellement transparent dans le pays », a expliqué Mario Mètonou.
Cette grève passera de trois à cinq jours par semaine, si le gouvernement ne répond pas favorablement à leurs revendications, menacent les magistrats.
L’intérimaire du greffier en chef, Marcel Ountin, a pour sa part, indiqué que la grève ne concerne que les magistrats, les autres activités judiciaires évoluant normalement. Quant à l’usager Stanislas Zossou, venu retirer des pièces entre temps déposées, il constate impuissant son incapacité d’entrer en leur possession. « Ils m’ont demandé de repasser le vendredi prochain chercher mes pièces car pour l’heure, ils sont en grève », a-t-il confié. C’est ce que remarque aussi l’usager Jérémie Akouesson. «Les magistrats sont en grève. J’ai, en effet, vu des détenus se présenter ce matin sous la garde des forces de l’ordre pour des audiences. Ces derniers ont été retournés. Mais j’ai pu légaliser des pièces», fera-t-il constater. Vivement que le gouvernement et les magistrats puissent s’entendre au grand bonheur des citoyens béninois.
Par Arias ADIKPONSI, Charnok GBAGUIDI et Pélagie TOUKO (stagiaires)