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Personnes victimes en missions commandées : une loi pour un appui structurant du gouvernement

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Par   Joel TOKPONOU, le 27 mai 2022 à 08h27
Les proches des personnes victimes lors des missions commandées obtiendront désormais une prise en charge sous diverses formes de l’Etat. Le gouvernement a introduit au Parlement un projet de loi à cette fin. En dehors de la douleur de la séparation, la désolation et la souffrance des parents des agents des forces de l’ordre et de défense décédés ou victimes en missions commandées relèvent désormais du passé. Du moins, il en sera ainsi juste le temps pour les députés d’étudier et d’adopter le projet de loi que leur a transmis le gouvernement pour la prise en charge des personnes victimes en missions commandées. Dans leur détresse, l’Etat n’abandonnera plus ces personnes qui ont donné leurs vies pour la patrie. Ou plutôt, il ne se limitera plus à la symbolique somme servant de frais d’obsèques. Mercredi 25 mai 2022, sur la place d’arme de l’État-Major Général de l’Armée béninoise, ont été exposées les photos des cinq soldats tués par des terroristes. Il s’agit du maréchal des logis Santoma Ghislain Tchat, des brigadiers Dessoh Kossi et Roland Beldice Djagba, du sapeur de première classe Gbènoukpo Albert Houessoubo et de son collègue Soldat de première classe Alassane Barassounon. Près de leurs dépouilles mortelles, leurs épouses et enfants en pleurs. Plongés dans la tristesse, ces veuves et orphelins se projettent dans un avenir incertain. La gestion du quotidien, les frais de scolarité, les soins de santé en cas de maladie et toutes les autres charges qui incombaient aux défunts de leur vivant. Comme ces veuves, de nombreuses familles ayant perdu des proches lors de missions commandées trainent encore les douleurs de la séparation. Dans certains cas, les enfants sont abandonnés à leur sort après les obsèques. D’ailleurs, beaucoup de militaires et policiers constatent déjà une meilleure prise en considération de leurs préoccupations et une plus grande sollicitude à l’endroit de leurs frères d’armes blessés ou des proches de leurs camarades morts en missions commandées.   Soutien structurel C’est une bonne nouvelle pour les forces de défense et de sécurité ainsi que les civils. Leur engagement pour la patrie, parfois au prix de leurs vies, sera davantage mieux reconnu par l’Etat. C’est le symbole que représentent les nouvelles décisions prises en conseil des ministres du mercredi dernier et qui devront se matérialiser par le vote d’une loi sur le régime de prise en charge et de protection des personnes victimes en missions commandées. A travers cette décision qui entrera en vigueur dès que le processus législatif sera achevé, l’Etat démontre son attachement aux forces de défense et de sécurité ainsi qu’aux civils qui mettent leur vie en jeu dans les missions. Jusque-là, la législation en vigueur ne prévoit que l’octroi d’une somme symbolique en guise de frais d’obsèques des victimes ayant perdu la vie dans les missions de sécurisation et de défense de la nation. En conseil des ministres ce mercredi 25 mai, le gouvernement a amorcé le processus pour faire évoluer cette situation. Selon les grandes lignes de cette initiative gouvernementale, les ayants droit des personnes victimes, qu’elles soient des militaires, des policiers républicains ou des civils, impliquées dans des missions commandées, bénéficieront d’une importante prise en charge de l’Etat. Ce soutien se matérialisera par le paiement d’un capital décès aux ayants droit et une prise en charge des orphelins mineurs jusqu’à l’âge de 21 ans. Il s’agira d’un appui matériel, financier et moral de l’Etat sous forme de subventions d’entretien, d’études et d’une assurance médicale gratuite ou prise en charge par l’Etat. Cette initiative constitue une manifestation du « hautement social » annoncé par le chef de l’Etat comme socle de son second quinquennat.   Respect de la parole donnée Lors des échanges de vœux avec le Haut commandement militaire en janvier dernier, le chef de l’Etat annonçait déjà son ambition de valoriser davantage les forces de défense et de sécurité, même si plusieurs réalisations ont été faites à leur profit depuis six ans qu’il a accédé à la magistrature suprême. « Mon gouvernement et moi-même considérons que les efforts engagés pour garantir des conditions de vie et de travail adéquates à nos forces de défense, de sécurité et assimilées, doivent être intensifiés », déclarait Patrice Talon. Mais dans la mise en œuvre, le gouvernement est allé au-delà de cette promesse dont la réalisation était très attendue par les policiers et militaires. Pour preuve, l’approche innovante de la prise en charge ne se limite pas aux hommes en uniforme. En effet, les cibles de cette loi en gestation, ce sont les personnels civils impliqués dans les missions de sécurisation et de défense de la nation et y ayant perdu la vie, les personnels militaires des Forces armées béninoises blessés, décédés ou portés disparus à l’occasion des opérations visées ou leurs ayants droit, les personnels des Forces de sécurité publique et assimilées blessés, décédés ou portés disparus dans les mêmes types d’opérations ou leurs ayants droit, les civils blessés, décédés ou disparus impliqués ou associés par les Forces armées béninoises auxdites opérations ou leurs ayants droit, les ayants droit des victimes enregistrées au cours des missions extérieures dans le cadre des accords bilatéraux ou multilatéraux lorsque lesdits accords ne prévoient pas une mesure de prise en charge.