La Nation Bénin...
A la levée d’une grande partie des
sanctions contre le Niger décidée par les chefs d’Etat de la Cedeao lors de
leur Sommet extraordinaire, samedi 24 février dernier à Abuja, au Nigeria, la
joie des populations riveraines, des commerçants et autres transporteurs, aussi
bien béninois que nigériens, n’aura finalement été que de courte durée. Plus de
96 heures après la décision, ils ne peuvent toujours pas franchir le poste de
contrôle juxtaposé de Malanville. Du moins du côté nigérien où la frontière
reste encore fermée.
Malgré la levée, avec effet immédiat, d’une
grande partie des sanctions contre le Niger décidée par les chefs d’Etat de la
Cedeao, lors de leur Sommet extraordinaire, samedi 24 février dernier à Abuja,
au Nigeria, il n’est pas encore possible de passer le poste de contrôle
juxtaposé de Malanville. Placée sous haute surveillance militaire avec des
garde-fous disposés un peu partout, la frontière est toujours fermée du côté
nigérien. C’est le constat effectué, ce mardi 27 février, sur les lieux.
En effet, les chefs d’Etat de la Cedeao
avaient, au cours de leur rencontre, annoncé la réouverture des frontières
terrestres et de l’espace aérien nigérien. Pour des raisons humanitaires, ils
avaient également autorisé les transactions financières entre les pays de la
communauté et le Niger, puis fait dégeler les avoirs de l’Etat nigérien.
Dès son annonce, c’est dans l’allégresse que
les populations des localités frontalières entre le Bénin et le Niger, ainsi
que les commerçants et autres transporteurs des deux pays ont accueilli la
nouvelle. Mais, quel n’aura pas été leur désenchantement, en constatant que le
Niger, contrairement au Bénin, a continué à garder sa frontière fermée. Le
dispositif d’interdiction de passage des personnes et de leurs biens est encore
en place.
Le Niger traîne le pas
La frontière du côté du Niger, a confirmé le
maire de Malanville, Gado Guidami, est toujours fermée. « Le Niger ne l’a pas
encore ouverte, contrairement au Bénin qui, depuis le 5 septembre dernier et
bien avant cette décision de la Cedeao, avait déjà tout libéré», informe
l’autorité communale. «Du côté du Niger, c’est toujours fermé hermétiquement.
Malgré la décision de la Cedeao, et jusqu’à l’heure actuelle, ce n’est pas
encore ouvert pour permettre aux populations de la traverser, pour se rendre
d’un pays à l’autre », soutient-il. Ce qui, selon lui, ne facilite pas la
circulation. N’empêche que de façon informelle, les populations essayent de
s’en sortir grâce au transport fluvial sur le Niger et ses affluents. « A
partir des embarcadères construits de part et d’autre, empruntant des pirogues,
des barques ou des radeaux de fortune, puis prenant des risques de se noyer à
tout instant, elles trouvent les moyens d’aller et de venir avec leurs
marchandises, que ce soit du côté du Niger que de celui du Bénin », a confié le
maire. Des propos que confirme Ambroise Fontéclounon, un commerçant béninois. «
La fermeture des frontières avec le Niger, depuis le putsch du 26 juillet, ne
m’a jamais empêché de continuer à écouler mes ananas dans les marchés de
Niamey. Ce sont seulement les charges qui ont augmenté, sans oublier les
avaries à déplorer avec le transport fluvial et le déplacement qui prend
également beaucoup de jours», fait-il observer. « A l’annonce de la levée des
sanctions, je croyais avoir trouvé un soulagement », lâche-t-il, déçu de
constater que le Niger ne s’est pas décidé à ouvrir sa frontière.
Grande reste également l’amertume du Nigérien
Moussa Azizou. Habitué à écouler ses oignons à Malanville, il a dû se résigner
à prendre un peu de repos, depuis qu’une importante partie de sa marchandise
s’est retrouvée au fond du fleuve Niger. Après plus de trois mois de
stationnement à Malanville où, son camion était quand les événements ont
commencé, c’est finalement par Lomé qu’il l’a fait rentrer au Niger.
«Malheureusement, je ne peux plus m’approvisionner en céréales et en tubercules
pour aller les revendre à Niamey », regrette-t-il.
En attendant que les militaires au pouvoir à
Niamey reviennent en de meilleurs sentiments et sachent raison garder, sur le
terrain, les supputations vont bon train.
Cette situation n'arrrange pas les deux pays
dont les populations, le long de cette frontière ont appris à vivre ensemble.
Pendant combien de temps, vont-elles continuer à subir son contrecoup ? A cela
s’ajoutent les difficultés au niveau des échanges commerciaux, surtout pour le
Niger qui en tournant dos au Port autonome de Cotonou pour celui de Lomé, se
voit condamné à parcourir des distances supplémentaires.
Il y a également le projet de pipeline reliant
le Sud-Est du Niger à la côte béninoise. Quel sort faudra-t-il réserver aux
infrastructures mises en place et qui vont permettre la commercialisation du
pétrole brut nigérien sur le marché international. Le Niger n’en attend-il pas
une augmentation de ses recettes pétrolières et le Bénin, la perception des
droits de transit.