La Nation Bénin...

Lorsque l’on est résident béninois, lorsqu’on s’intéresse à l’actualité nationale en explorant les médias nationaux, lorsqu’on fait au quotidien le point des parutions de la presse, des débats sur les chaines radiophoniques et de télévision nationales, et qu’on prend la mesure du ton des ‘’opinions’’ sur les forums de discussions, on ne peut que s’étonner de ce que d’aucuns ont qualifié de ‘’dégringolade’’ du Bénin dans le classement cette année de Reporters sans frontières (RSF), réputé baromètre de l’expression libre. Etonnement voire effarement justifié, que le président de l’Union des professionnels des médias du Bénin (UPMB) a du reste bien exprimé aussitôt ledit rapport publié.
Du coup, il faut s’interroger, en toute objectivité, sur les barèmes et critères de notations de RSF qui, selon toute évidence, ont besoin d’être revus. Dans un pays comme le Bénin où on ne peut aujourd’hui qu’admettre le règne des fake news, de l’intoxication si palpable que c’en est indécent, ou encore la profusion des propos outrecuidants, offensants et diffamants, via les médias et surtout les médias nouveaux (réseaux sociaux et corolaires), faits du lot quotidien, il ne suffit pas de cocher des cases de formulaires (séculaires) préétablis pour juger amplement de l’état de la liberté de presse ou d’expression dans un pays, en tout cas pas au Bénin.
RSF doit donc revoir ses logiciels quand bien même il n’est pas question ici de remettre en cause son ADN de défenseur des libertés, de toutes les libertés. Et cela, même si on a la preuve désormais qu’on peut diriger RSF, à l’instar de Robert Menard, et se révéler maire apparenté Front national aux antipodes de valeurs qu’on a défendues avec véhémence des années durant. Des convictions et des classements, il y a donc matière à discuter. Il faut le dire, soit-on journaliste, même la mort dans l’âme !
Liberté rime avec responsabilité
Au regard de tout ce qui précède, et du reste, le Bénin, comme d’autres pays, aurait pu davantage ‘’chuter’’ dans ce classement si toute force avait été consacrée à la loi, notamment opposée aux détracteurs (qui ne doivent pas se confondre aux contradicteurs) du pouvoir actuel, qui brillent par leur outrecuidance, c’est un factuel constant, et par leur propension à proférer des contre-vérités voire des propos tendant à remettre en cause l’ordre national….Ajouté à cela, des journalistes militants, qui, Albert Londres doit se retourner dans sa tombe !, oublient de rendre leurs cartes de presse, avant de se donner le malin plaisir de « taper » sur qui ils veulent, en partisans plus qu’en journalistes, pour le plaisir de leurs maîtres et bailleurs au profit de qui ils « communiquent » sous la couverture journalistique!
Liberté doit rimer avec responsabilité et, d’évidence non pas avec diffamation, injures et calomnies…Le lot quotidien au Bénin hélas, sur les forums des médias nouveaux, y compris d’une (certaine) presse alimentaire vivant d’expédients et réputée maître chanteur dont les procédés sont à proprement parler pendables !
Mesures idoines
RSF doit tenir compte de tous ces paramètres pour ne pas prêter flanc aux critiques comme c’est le cas aujourd’hui au Bénin, d’autant plus qu’admet l’organisation elle-même, « Cet outil de mesure et de plaidoyer est désormais l’un des critères les plus utilisés pour l’allocation des aides au développement, notamment par…la Banque mondiale et le Millennium Challenge Corporation ». Ecorcher par légèreté l’image d’un pays qui se priverait de ces aides ne serait pas responsable.
Aussi, RSF ferait, au vu du traitement de l’information (qui n’est plus le fait des seuls journalistes) aujourd’hui et des formes que prend l’expression des opinions du faits des Tics, de largement déployer (et plus largement en Afrique et partout ailleurs qu’en Europe), le “Journalism Trust Initiative (JTI)”, son dispositif innovant contre la désinformation et pour le respect des règles déontologiques des médias visant la fiabilité de l’information, et à favoriser le respect des processus de production journalistique...
“Dans le nouveau système de l’espace public, les informations fausses circulent plus vite que les vraies : la défense du journalisme suppose de renverser la logique en donnant un avantage réel à tous ceux qui produisent des informations de manière fiable, quel que soit leur statut”, a récemment déclaré à cet effet Christophe Deloire, secrétaire général de RSF. Et, tel que RSF le préconise, il parait plus qu’indispensable d’instaurer ces « normes destinées à devenir une référence en matière d'autorégulation des médias et de bonnes pratiques pour tous ceux qui produisent des contenus journalistiques, qu'il s'agisse de blogueurs ou de groupes de médias internationaux »…Du coup, RSF doit-il revoir ou non ses logiciels ? Il semble lui-même militer en cette faveur…Vivement donc !