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Premier Conseil des ministres du gouvernement Talon: La suspension des concours agite les pensées

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Par   zounars, le 15 avr. 2016 à 08h10

Le premier Conseil des ministres du gouvernement Patrice Talon, tenu dans la journée du mercredi 13 avril dernier, a pris un certain nombre de décisions qui contredisent celles prises par le régime précédent. Au nombre de ces décisions figure la suspension de tous les concours à polémique organisés depuis le 1er janvier 2015 dans tous les corps de l’Etat notamment : Douane, Impôts, Trésor, Justice, Enseignement, Jeunesse et Sports. Reçue avec allégresse dans le camp de certains Béninois, cette décision est source de désarroi chez d’autres.

Rock Hounkpè, un des lauréats des concours au corps de conducteurs de véhicules administratifs (CVA)

«Il ressort du Conseil des ministres que les concours sont suspendus. Nous saluons cette décision, puisque les concours ne sont pas encore annulés. Mais nous voudrions vivement que le président et ses ministres prennent toutes les dispositions pour redonner de la crédibilité à notre concours et ne l’annulent pas. Il y en a comme moi qui n’ont été aidés par personne. Mais nos collègues ne nous aiment pas dans les services, ils nous prennent pour des voleurs. Or, c’est grâce à mes compétences et à Dieu que je suis admis au corps de conducteurs de véhicules administratifs. Je demande au président Patrice Talon de bien examiner le dossier car tout le monde n’a pas péché».

Théodore Kpodohounhouè, un des lauréats du concours au corps de l’administration de l’économie et des finances

«Nous ne sommes pas d’accord avec la suspension des concours puisque cette décision finira par chuter sur leur annulation. La plupart des admis à ces concours viennent des familles pauvres, contrairement à ce qui se chante sur tous les toits. L’annulation de ce concours nous enverrait en agonie. Nous souhaitons que les dispositions légales soient appliquées».
Christophe Béni, agent en administration des assurances
«Depuis un bon moment, certains concours font l’objet de critiques tous azimuts. C’est à croire qu’au Bénin, il n'y a plus d'intelligents, des gens capables de réussir à un quelconque concours. C’est dommage que les autorités ne demandent qu’une pure et simple annulation des concours. Je voudrais demander au président de la République de gérer cette affaire avec beaucoup de patience, de sagesse et de savoir qu’il y a des gens qui ont vraiment travaillé pour réussir et donc annuler ces concours ne serait qu’un tort fait aux vrais lauréats. Sur six personnes dans le corps des économètres, deux sont admis. Même chose dans le rang des administrateurs des assurances dont je fais partie et là, peut-on dire qu’il y a eu fraude ?»

Dè Sodji Abéo, Animateur de la vie politique au Bénin

«Sans esprit de polémique, il faut remonter à la source qui a conduit à cette décision, C’est-à-dire à la confusion dans laquelle l’ancien président Boni Yayi lui-même a entouré ces problèmes de recrutement. Le pouvoir politique a bien fait de prendre cette décision le plus tôt. Parmi les déclarés admis, se trouvent ceux-là qui n’ont pas composé et qui n’ont même pas déposé de dossiers parce qu’ils appartiennent à une aire géographique. Où va le pays? Que les épreuves de ce concours soient réorganisées pour qu’on sache que nous appartenons à une même carte et nous chantons le même hymne national. Je souhaite bon vent à notre nouveau gouvernement et du courage au nouveau président pour faire tourner dans le bon sens, la grande roue de l’espérance qui était grippée sous son prédécesseur».

Bienvenu CAPO : Citoyen

«Les syndicalistes avaient décrié ce concours mais le gouvernement d’alors ne leur avait pas prêté oreilles. Nous sommes dans un pays de droit. Nous ne pouvons donc admettre que des personnes qui ne savent écrire leur nom, soient admises à un concours national alors que d’autres se battent pour exceller. Cependant, ils échouent parce qu’ils n’ont personne. Il faut réorganiser ou carrément remonter aux copies pour reprendre la correction afin que certains ne se sentent pas lésés dans cette affaire».

Brice Tabé, un des candidats malheureux aux concours de la Douane

«Il y a des candidats compétents, ayant de bons niveaux, qui ont échoué. Dans le même temps, d’autres n’ont pas composé, ils n’ont même pas déposé de dossiers mais qui sont admis pour le concours de la Douane. Dans ce pays, les choses vont de mal en pis. Si tes parents ne font pas la politique ou s’ils ne font pas partie des richissimes de ce pays, tu ne peux pas réussir à un concours. Je veux que les concours soient simplement annulés et qu’on reprenne les épreuves. Ainsi, chacun démontrera sa force sur sa copie et là ceux qui étaient réellement admis, se retrouveront de nouveau à leur place respective».

Par Charnok GBAGUIDI & Pélagie TOUKO (stagiaires)